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19/07/2014

POUR NE PAS COMMENT PARCE CAR SI ENCORE PARFAITEMENT QUE TU T'EN AÏE !

Dans les années 70, Guy Bedos a popularisé une expression rigolote, qui s'est révélé très utile quand la bise (du stress au travail) fut venue : "Je craque".

L'a-t-il inventée ou l'a-t-il simplement entendue au Quartier Latin ? Je penche pour la deuxième hypothèse car un de mes amis, en 1972, l'utilisait avant lui... Peu importe, c'est rafraîchissant, inventif, allusif, et la métaphore est très parlante (on reparlera des métaphores dans un prochain billet).

Pour la première fois en 1993 ou 1994, j'ai entendu un professeur de Grande École dire "pour ne pas que vous vous trompiez de sujet...". Alors là, c'est affreux, c'est lourd, ça écorche les oreilles et la syntaxe et ce n'est pas drôle du tout. [Pour être honnête, je dois dire que j'ai lu cette construction de phrase dans un roman de Giono des années cinquante...].

Est-ce plus rapide à prononcer que la phrase correcte "pour que vous ne vous trompiez pas de sujet..." ? Même pas ! Neuf mots dans les deux cas. On peut gagner un mot en disant "pour pas que vous vous trompiez de sujet..." mais c'est maigre. Et d'ailleurs idiot puisque, dans l'expression "ne... pas", c'est le "ne" qui marque la négation, le "pas" n'étant là que pour appuyer (voir aussi les "mie", "guère", etc. qui sont souvent accolés à "ne").

Non, cette formulation se répand parce qu'elle semble facile, étant décalquée de la formulation correcte avec un infinitif : "pour ne pas tomber, je regarde où je mets les pieds". Comme l'évolution de la langue semble aller dans le sens de l'uniformisation, de la perte de diversité, de la platitude, eh bien, on se limite à quelques formes syntaxiques standardisées, de même que l'on se limite à quelques centaines de mots.

Et pour une fois, l'anglais n'y est pour rien !

Innovons, oui, mais pas n'importe comment.

18/07/2014

Tout, tout, tout est fini entre nous

À celle qui n'est plus là

Un courriel reçu il y a quelque temps me donne l'occasion, après une petite recherche de ma part (car je dois cette rigueur à mes lecteurs !), d'attirer votre attention sur l'une des nombreuses facéties du français, qui fait tout son charme auprès des lettrés, qui fait toute sa difficulté pour les apprenants et sa fragilité vis-à-vis des démagogues (du style : abandonnez le français, utiliser le franglais, l'anglais ou le jargon des banlieues ou même le jargon "mél." des cadres in, et vous n'aurez plus de problème de français !).


Il s'agit du mot "tout", qui dans une expression fort usitée, est en fait un adverbe, invariable... sauf quand il est variable.


Voici l'objet du problème :

Mon interlocuteur écrit : "Je vais partir en vacances dans les tous prochains jours".

Non ! : il fallait écrire dans les tout prochains jours (car "tout" est ici un adverbe, invariable)

Ces toutes dernières années (exact : l'adjectif au féminin commençant par une consonne, "tout" doit s'accorder, uniquement par souci d'euphonie) et encore plus ces tous derniers mois (non ! l'adjectif est au masculin, "tout" est invariable : écrire "ces tout derniers mois") , je me suis employé à terminer mes affaires en cours et à laisser des dossiers bouclés. Etc., etc.

En résumé, ne surtout pas confondre "tout" et "tous".

Ils sont tous tout fous...

17/07/2014

Couette et café

Je signale ci-dessous deux textes très intéressants, et un bonus, en lien avec notre objet, bien que déjà anciens. C'est dans le billet d'Alain Juppé que vous trouverez l'explication de mon titre mystérieux.

Chronique d'Élie BARNAVI dans Marianne (n°689 du 3 juillet 2010) 

É. Barnavi signale la création par un Anglais amoureux de sa langue "good, correct, proper english" de la Queen's English Society (rem. mes lecteurs assidus ne sont pas surpris de voir English avec un E majuscule...), sur le modèle de l'Académie française (rem. de même, mes lecteurs, etc.). Et cela pour réagir contre le "globish" qui dénature l'anglais partout dans le monde, rançon du succès. Sans la moindre chance de succès...

Il souligne en passant, et c'est un point fondamental, que la disparition progressive du français comme langue de la diplomatie internationale, nuit à la précision des traités et que c'est grâce à l'emploi de l'anglais, langue moins précise, que certaines résolutions des Nations unies ont pu être votées.

Enfin, il rappelle que, du temps de sa splendeur (du XVIIème siècle à la Première Guerre mondiale), le français n'était parlé que par les élites, alors que, depuis sa conquête du monde (Deuxième guerre mondiale), l'anglais est parlé par les masses... Différence !

La carpette anglaise

Le prix de la carpette anglaise avait été attribué en 2009 à Richerd Descoing, directeur de l’Institut d’études politiques de Paris, pour imposer des enseignements uniquement en langue anglaise dans certaines filières proposées et pour correspondre en anglais avec le lycée français de Madrid....

Blogue d'Alain Juppé (8 août 2010)

A. Juppé réagit à une tribune de Frédéric Martel (auteur de "Mainstream") dans le Point et prend vigoureusement la défense de la francophonie et même du multilinguisme, ce qui est généralement la position défendue par les linguistes (car comment réclamer une place pour le français, tout en négligeant l'intérêt des autres langues ?).

Son point de vue sur la question est proche du mien, à ceci près que moi, je réclame effectivement la possibilité d'un internet vraiment international, c'est-à-dire avec nos caractères diacritiques. La technique est là, il faut simplement (!) faire plier les Américains.

A. Juppé voit comme principale raison du franglais généralisé, le snobisme et la mauvaise connaissance de l'anglais.

La mondialisation à souhaiter, c'est la diversité linguistique et non pas l'omniprésence du globish.

En 2010, il évoquait la "décroissance" du français... comme je l'ai déjà indiqué, ce point est aujourd'hui contesté.

Au total, un excellent billet par quelqu'un qui a pu apprécier la combativité linguistique des Québécois.

Ah oui ! l'adresse : http://www.al1jup.com/?p=777