04/12/2017
Le Goncourt 2017 et les souvenirs d'une ambassade
Il y a peu (le 29 novembre 2017), m’interrogeant sur la désaffection qui a frappé mon blogue depuis le 23 octobre, je faisais remarquer, à la suite de Marianne, que deux prix littéraires avaient couronné des ouvrages traitant du nazisme et que donc il était peu probable que la cause de cette désaffection subite soit le sujet que je traitais pendant cette période, à savoir les « Souvenirs d’une ambassade à Berlin » d’André François-Poncet, parus en 1946, juste après la guerre.
Quoiqu’il en soit, une fois de plus, la coïncidence est troublante… car voici ce qui est écrit dans l’article consacré au Goncourt 2017 dans LE FIGARO HISTOIRE par Jean-Louis Thiériot le 1 décembre 2017 :
« De « Seul dans Berlin » de Hans Fallada (1947) aux « Bienveillantes » de Jonathan Littell (2006), en passant par l'extraordinaire littérature de l'enfer concentrationnaire dont « Si c'est un homme » de Primo Levi (1947) est le plus impressionnant témoignage, le nazisme est une source inépuisable d'inspiration littéraire. (…)
Au vrai, L'Ordre du jour n'est pas un roman. C'est un récit, détaillé, minutieux, presque un compte rendu articulé autour de deux épisodes de la montée en puissance du IIIe Reich, d'importance d'ailleurs très inégale : le premier est la réunion de vingt-quatre hommes d'affaires allemands de premier plan, le 20 février 1933, chez le président du Reichstag pour organiser le financement de la campagne électorale du parti nazi pour les élections du 5 mars 1933 ; le second est la description presque heure par heure de l'Anschluss, c'est-à-dire de l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne le 12 mars 1938.
L'œuvre a d'incontestables qualités littéraires (…) Le problème est qu'il s'agit d'un récit historique dont les personnages bien réels sont appelés par leur nom, assignés au rôle qu'ils sont censés avoir effectivement joué dans les événements. Et que l'Histoire y est singulièrement malmenée.
Les préjugés de l'auteur, habités de la doxa marxiste, donnent de l'histoire une vision biaisée, en tout cas partielle et partiale, très éloignée de la complexité tragique de ces années décisives.
L'auteur fait en effet le choix de réduire les hommes politiques d'alors au rôle de simples marionnettes d'intérêts financiers. Le marionnettiste tout-puissant serait, à l'en croire, les puissances d'argent et les préjugés de classe réunis en un unique mauvais génie. Cela peut paraître tout de même un peu simplet ».
Mes lecteurs ont compris – ou au moins ont commencé à comprendre – que la présentation des événements de la même époque est tout sauf simpliste ou manichéenne dans le livre de François-Poncet.
Comme quoi…
07:30 Publié dans Actualité et langue française, Histoire et langue française | Lien permanent | Commentaires (0)
03/12/2017
Fréquentation en berne
Comme déjà indiqué, la fréquentation du blogue « Le bien écrire » a été calamiteuse en novembre 2017 : 152 visiteurs uniques seulement, du jamais vu depuis trois ans, avec un pic à 11 et un plancher-record de 1 !
L’Amérique du Nord tire son épingle du jeu avec 7,7 %, devant l’Afrique en baisse sensible à 5,5 %.
Comme toute série chronologique, son analyse dépend du moment où on la fait : si en septembre 2017, je me réjouissais d’une remontée (minimum local) par rapport à l’été, aujourd’hui je constate que ce n’était qu’un feu de paille et que, malgré des foyers secondaires, la tendance est à la baisse – lente mais qui semble inexorable – depuis janvier 2017.
C’est une métaphore de la vie…
06:47 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)
30/11/2017
"Souvenirs d'une ambassade à Berlin" (André François-Poncet) : critique IV
L’a-t-on vu venir ? Savait-on les idées qu’il mettrait en pratique une fois au pouvoir ?
Dans son chapitre III, intitulé « L’idéologie hitlérienne », André François-Poncet répond clairement oui à ces deux questions, qui ont pourtant été souvent rebattues depuis lors. Voici ce qu’il écrit :
« Lorsque Hitler accède au pouvoir, seuls, peut-être, ses familiers connaissent la nature profonde, le caractère véritable de cet homme énigmatique, qui est en perpétuelle représentation et que les foules ne voient que sur des estrades ou à la tête d’immenses cortèges, entouré de ses cohortes de chemises brunes ou debout, le bras tendu, à l’avant d’une automobile, dans le fracas des musiques ou le claquement des drapeaux. Mais personne n’ignore ses idées, sa doctrine. Il les a exposées dans un livre, Mein Kampf, que tout le monde a lu et qui, est, pour ses adeptes, un livre saint, une Bible, un Coran. Lui-même et ses lieutenants, ses propagandistes, ses orateurs, ses écrivains, les ont, depuis treize ans, répandues, commentées, développées par la parole, en d’innombrables réunions publiques, et par la plume, dans une infinité de tracts, de manuels, d’affiches, d’ouvrages, de brochures et d’articles de toutes sortes.
Hitler ne se borne pas, en effet, à critiquer – et avec quelle verve féroce ! – le « système » et les gouvernements d’après guerre ; il ne se borne pas à promettre un remède aux maux présents du pays, le chômage, la misère, l’humiliation et le désespoir. Il apporte, en même temps, une conception du monde, une « Weltanschauung » qui doit, selon lui, rénover la face de l’Allemagne et de la terre, la marquer, pour mille ans, de son empreinte, et qui sera, sans doute, pour le monde moderne ce qu’a été, pour le monde antique, l’apparition du christianisme. C’est en ce sens qu’il se déclare révolutionnaire et qu’il peut proclamer que son arrivée à la Chancellerie du Reich est le signe d’une révolution, l’aurore d’une nouvelle ère, l’ère du IIIème Reich. Car, pour le reste, il ne s’est pas saisi du gouvernement par un acte de violence, il a été désigné pour l’exercer par le chef de l’État dans des conditions strictement légales, en sa qualité de chef de la fraction politique la plus importante au Parlement et dans le pays » (page 71).
On ne peut pas être plus clair !
Il faut donc se persuader que les candidats au pouvoir, quels qu’ils soient, appliquent leurs idées et leur programme une fois qu’ils l’ont conquis (sauf peut-être quand il s’agit des variantes d’un même néo-libéralisme mou, auquel peuvent se référer aussi bien des partis de centre gauche que des partis de centre droite, composantes siamoises de ce que Monsieur Macron appelle aujourd’hui l’ancien monde…). Et, finalement, rien que de très normal. C’est aux électeurs d’être vigilants.
Ceux qui ont des oreilles entendront…
12:01 Publié dans François-Poncet André, Histoire et langue française, Littérature, Livre, Récit | Lien permanent | Commentaires (0)


