26/04/2015
TAFTA=TTIP=PTCI
L'autre jour, je vous parlais du TAFTA, voulant parler du projet d'accord transatlantique, négocié depuis pas mal de temps entre la Commission européenne et les États-Unis, dans la plus grand secret.
Mais que veut dire l'acronyme TAFTA ?
J'avais donc utilisé un acronyme sans savoir exactement sa déclinaison… Aujourd'hui, je découvre que c'est un acronyme américano-bruxellois et qu'il aurait mieux valu utiliser TTIP qui doit être plus "franco-belge", une sorte de traduction.
Mauvaise pioche : il n'y a pas un mais deux acronymes américains !
Voici ce qu'en dit le site "La quadrature du net" :
Négocié depuis le mois de juillet 2013, TAFTA, l'accord commercial trans-atlantique ou Trans-Atlantic Free Trade Agreement (aussi connu sous le nom de TTIP, Transatlantic Trade and Investment Partnership ou Partenariat Transatlantique de Commerce et d'Investissement) est un projet d'accord commercial entre l'Union européenne et les États-Unis. Il concerne des domaines aussi variés que l'accès aux médicaments, la sécurité alimentaire ou le règlement des différents privés-publics. Les négociations, menées par un petit groupe de fonctionnaires non élus, sont censées durer au moins jusqu'à fin 2014.
Malgré le rejet de l'accord commercial ACTA en 2012 et les mises en garde de la société civile, les membres du Parlement européen se sont exprimés en faveur du renforcement de la protection des droits d'auteur, des brevets et des marques dans le mandat autorisant la Commission européenne à négocier TAFTA. En outre, ils ne se sont pas opposés à la tenue de ces négociations dans l'opacité, et n'ont pas exigé leur suspension en réaction à l'espionnage par la NSA des négociateurs européens.
Tous ces éléments laissent craindre que les négociateurs pourraient profiter de TAFTA pour tenter une nouvelle fois d'imposer des mesures répressives au nom de la protection des intérêts de l'industrie du divertissement, ou d'autres mesures attaquant nos libertés sur Internet. Dès maintenant et jusqu'à la fin des négociations, il est donc essentiel que les citoyens fassent entendre leur voix et se mobilisent pour éviter que ce nouvel accord commercial puisse porter atteinte à nos libertés fondamentales et à un Internet libre.
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25/04/2015
Et ça continue encore et encore ! (II)
Le syndicat FO a déclaré : "C'est la réforme du renoncement à l'instruction, à la transmission des connaissances, à la culture, à l'égalité".
Il est vrai que réformer est très difficile, surtout dans le domaine de l'éducation et des programmes scolaires. Chacun croit savoir ce qu'il faut faire et a ses idées bien arrêtées sur ce qu'est "le socle commun des connaissances indispensables" et sur ce qu'est la culture. Quant à l'égalité… laisser certains élèves étudier le latin, est-ce sacrifier l'égalité ?
L'arrivée des EPI "Enseignements pratiques interdisciplinaires", avec lesquels la ministre veut remédier à l'ennui des élèves (sic), avec des thèmes comme le développement durable et la citoyenneté, a fait réagir les professionnels de l'éducation.
Le Figaro du 17 avril 2015 cite quelques-unes des perles de la novlangue pédagogiste :
- "Se déplacer… dans un milieu aquatique profond standardisé" pour parler d'une piscine.
- "Créer de la vitesse" et "traverser l'eau en équilibre horizontal par immersion prolongée de la tête" pour dire "courir" et "nager".
- "Produire des messages à l'oral et à l'écrit" pour "répondre à son professeur d'histoire-géographique".
- "Aller de soi et de l'ici vers l'autre et l'ailleurs", objectif du programme "Langues étrangères et régionales".
- "L'étayage entre pairs" pour qualifier le débat.
- "L'oral scriptural" pour désigner un oral formel.
- "L'éducation aux médias est mise en œuvre, et organisée de façon spiralaire"… No comment.
Sont-ils fous ?
Combattre le jargon amputé et prétentieux des pédagogistes, c'est une tâche que je n'avais pas assignée à ce blogue, tout obnubilé que j'étais par l'invasion du franglais. Mais le jeu en vaut la chandelle. D'autant que les pédagogistes ne sont pas les seuls à jargonner. On trouve sans nul doute cette même dérive dans tous les métiers et tous les domaines d'activité. C'est aussi ce que dit Michel Lussault, président du Conseil supérieur des programmes (CSP).
Tout n'est pas perdu puisqu'on a échappé à certains délires du CSP qui avait suggéré le thème "La France, terre d'immigration depuis la nuit des temps" en histoire, pour que les élèves étudient les phénomènes migratoires ; et également d'avoir recours à la "langue première" à l'école élémentaire pour représenter la diversité de la société française...
Pierre Jacolino, professeur de français, déclare : "On assiste au retour d'une grammaire moderniste… Elle est très jargonnante, techniciste et plus complexe que la grammaire traditionnelle… On réintroduit des notions inutiles comme la situation d'énonciation". Il parle de "nettoyage par le vide" à propos de l'introduction au forceps des "projets" à la place des disciplines.
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24/04/2015
Et ça continue encore et encore ! (I)
Le projet de réforme de Mme Belkacem ne passe décidément pas.
J'ai parlé hier de l'inquiétude sur la disparition programmée de l'enseignement de l'allemand. Je voudrais aujourd'hui revenir sur les langues anciennes, qui pourraient être victimes de la même charrette.
Le 26 mars 2015, Caroline Beyer et Marie-Estelle Pech écrivaient dans le Figaro "La réforme du collège ne convainc pas".
Le 27 mars, c'était Joseph Macé-Scaron dans Marianne : "L'aversion latine" (voir mon billet http://lebienecrire.hautetfort.com/archive/2015/03/29/anatheme-latin-5592893.html)
Le 6 avril, dans le Figaro, Marie-Noëlle Tranchant signait une chronique intitulée "Le latin contre les nuls".
Et le 17 avril dernier, toujours dans le Figaro, c'était "Vent de colère contre la réforme du collège".
Bien sûr, on peut soupçonner ce quotidien de ne pas laisser passer cette occasion rêvée de tacler le gouvernement et cette jeune ministre fringante qu'il ne porte pas dans son cœur. Et c'est vrai que c'est l'organe d'une certaine France bien pensante et conservatrice.
Mais voyons quand même les arguments avancés.
Premier élément : la ministre veut remplacer une partie des "disciplines" (français, mathématiques, etc.) par des "thèmes" ou des "projets" (l'Union européenne, etc.) qui incluront chacun des bribes de discipline. La réforme veut suivre l'exemple de la Finlande, qui est bien classée dans le classement PISA. Ainsi le thème "Union européenne" mêlerait des éléments d'économie, d'histoire, de langues étrangères et de géographie. C'est un peu l'application à l'Éducation nationale (mais du côté des élèves) de la gestion par projets, transversale, chère aux entreprises et orthogonale aux "Services" souvent considérés comme des "silos" qui ne décloisonnent pas assez.
Avis personnel : c'est un peu comme vouloir improviser sur un morceau de musique sans connaître les gammes ni les accords… mission impossible ! Ça me fait penser aussi aux "maths modernes" que l'on nous a balancées un jour (il y a longtemps) : quand cela venait après l'apprentissage des bases de mathématiques classiques, c'était un régal par la puissance de généralisation et d'abstraction que cela véhiculait ; mais quand cela s'abattait sur des enfants qui ne savaient pas calculer l'aire d'un rectangle, c'était désastreux. Ne fait-on pas le même genre d'erreur ?
Deuxième élément : la chasse à l'élitisme… La ministre veut fermer les filières spécifiques qui s'étaient installées dans les collèges, au risque, disent certains, de faire fuir les meilleurs élèves dans l'enseignement privé. On retrouve là notre allemand et aussi notre latin, qui serait intégré aux "enseignements pratiques interdisciplinaires", à savoir le thème "Langues et cultures de l'Antiquité".
Avis personnel : regardez le cursus de Mme Belkacem dans Wikipedia… on n'y voit ni grec ni latin ni allemand ni classes préparatoires. Ce n'est pas honteux mais ces disciplines ne doivent pas être sa préoccupation première.
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