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05/03/2020

Irritations linguistiques LXIV

Au nombre des irritations linguistiques (quotidiennes en l’occurrence), il y a bien sûr – comment n’y ai-je pas pensé plus tôt – l’horrible « un espèce de rideau », au lieu de « une espèce de rideau ». On peut d’ailleurs se demander comment, dans cette société que d’aucuns qualifient de « féminisée », dans un sens péjoratif, tandis que d’autres réclament à corps et à cris, surtout à cris, la transformation de l’orthographe et de la syntaxe pour mettre le féminin en avant, le mot « espèce » a bien pu perdre le « e » absolument déterminant de son genre.

Tiens, à propos des demandes hystériques de féminisation, citons cette brève de Marianne (6 décembre 2019) qui, sous le titre « Olympe de Gourdes » raille Rebecca Amsellem qui a lancé une pétition pour dénoncer le logo soi-disant « hypersexualisé » des JO 2024 à Paris. Ne pensent-elles qu’à ça ?

Sophie Marceau (Elle).jpg

Les mêmes ou d’autres ont lancé une plateforme numérique pour suggérer des noms féminins pour les futures stations de métro du Grand Paris. Les noms en question devraient être ceux de « femmes inspirantes ». Pourquoi pas, en effet ?

Complètement différent est le cas de « pas de souci » : ici pas d’incorrection mais simplement un « tic verbal » qui, à force d’être rabâché et entendu ad nauseam, est vraiment horripilant, d’autant que, sur le fond, cette expression semble manifester une bonne humeur et une disponibilité totale qui ne peuvent pas être constamment sincères…

Je terminerai ce billet par le sempiternel « celles et ceux », qui n’est malheureusement pas l’apanage de l’actuel Président de la République française, qui en use et abuse, il est vrai, mais que chaque homme politique semble considérer comme une expression incontournable propre à montrer son engagement dans la quête de l’égalité entre les hommes et les femmes.

09/01/2020

Irritations linguistiques LXII

La fréquentation du personnel politique, des commentateurs et aussi des Français « d’en bas » via les médias, en augmentation pour beaucoup d’entre nous, depuis plus d’un an, à cause des manifestations de colère et de ras-le-bol (Gilets jaunes d’abord, opposition à la réforme du système de retraite ensuite…) est l’occasion d’irritations fréquentes au sujet de la langue, irritations naturellement bénignes au regard de la gravité de la situation générale mais irritations tout de même.

Ce sont surtout les hommes et femmes politiques qui remportent la palme, eux qui sont devenus des communicants 24/7 comme ils disent, à savoir 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 !

J’ai noté récemment trois exemples, l’un de complication inutile du discours, l’autre de formule creuse (pour gagner du temps sans doute), le dernier de soumission à la mode de l’anglais.

D’abord cette formule répétée à l’envi (Marlène Schiappa en ce moment mais aussi Benoît Hamon lors de la Présidentielle…) : « C’est la raison pour laquelle…), au lieu de « pour la raison que… » ou tout simplement « parce que… ».

Ensuite le célèbre « Pardon de le dire » de Pierre Moscovici (mais je l’ai entendu, sauf erreur, dans la bouche de Yann Arthus-Bertrand, le gars qui vient de découvrir, grâce à Greta, que l’avion pollue – l’hélicoptère aussi d’ailleurs…).

Enfin l’horrible « Ce projet adresse une question qui touche tous les Français », un avatar de plus de cette manie (ce snobisme sans doute, pour faire américain, donc moderne et branché) qui consiste à rendre nos verbes transitifs : perquisitionner (« perquisitionner dans un appartement » dit le Larousse en deux volumes, 1923), pénétrer, abuser, etc. À ne pas confondre avec l’effet inverse qui consiste à rendre intransitif le verbe transitif « pallier » (« Ce dispositif pallie un manque de maintenance »).

Dans une autre catégorie, celle des « faux amis » de nos années de lycée, on peut aussi déplorer l’emploi du mot « opportunité » dans le sens de « occasion » ou « possibilité » – par attirance de l’anglais opportunity– alors qu’il signifie « la qualité de ce qui est opportun » (Larousse en deux volumes, 1923).

06/01/2020

Écriture intrusive

De façon désordonnée, ultra-minoritaire mais néanmoins inquiétante, des médias adoptent subrepticement l’écriture dite inclusive – l’accord de proximité, les mots épicènes ou englobants, et le nec plus ultra, le point médian – et cela sans qu’aucune instance officielle ne l’ait accepté, recommandé ni même toléré (c’est plutôt l’inverse quant aux Services de l’État).

Marianne a ainsi signalé que le site Slate avait d’autorité opté pour ces gadgets bienpensants, sans jamais demander l’avis de ses lecteurs ; ses rédacteurs corrigent d’eux-mêmes les articles de leurs contributeurs, afin de les mettre « à la mode ». Certains d’entre eux prennent maintenant les devants et contournent la récriture autoritaire en ajustant leur texte en amont. « La correction autrefois était une aide, on cherche désormais à la contourner pour continuer à écrire comme on l’entend ». Dire que certains ont prétendu dans le passé que la langue française était fasciste… on croit rêver !

Questions à ces rédacteurs démagogues prompts à adopter les règles les plus saugrenues :

  • Sont-ils également les adeptes de la revendication « J’ai le droit » ? Si oui, que font-ils du droit de leurs contributeurs à écrire, non comme bon leur semble, mais comme ils l’ont appris à l’école et conformément aux règles établies ?
  • Ont-ils été de ceux qui ont immédiatement adopté la réforme de l’orthographe de 1991, dite Réforme Rocard, approuvée du bout des lèvres mais approuvée par l’Académie française ? Sinon, comment peuvent-ils justifier d’avoir ignoré une démarche nationale largement débattue et de se précipiter dans les bras d’une démarche féministe ultra, quasi individuelle (et soutenue par qui, au fait ?) ?