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31/12/2016

Devinette XVIIb : auteurs français du XVIème siècle

Quand on arrive au XVIème siècle, la recherche devient plus facile car on a en tête ces monuments à la fois de la littérature et de la francophonie que sont Ronsard et Du Bellay, les poètes de la Pléiade.

« Ci reposent les os de toi, belle Marie,

Qui me fis pour Anjou quitter mon Vendômois,

Qui m’échauffas le sang au plus vert de mes mois,

Qui fus toute mon cœur, mon bien et mon envie »

Épitaphe de Marie

« Je plante en ta faveur cette arbre de Cybèle,

Ce pin, où tes honneurs se liront tous les jours ;

J’ai gravé sur le tronc nos noms et nos amours,

Qui croîtront à l’envi de l’écorce nouvelle ».

Sonnets pour Hélène

« France, mère des arts, des armes et des lois,

Tu m’as nourri longtemps du lait de ta mamelle ;

Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle,

Je remplis de ton nom les antres et les bois »

Les regrets

Vendôme 2.jpg

Mais ce siècle béni (au point de vue littéraire, j’entends, car il a connu les Guerres de Religion entre Catholiques et Protestants) est aussi celui de MarotRabelais (« Pantagruel », Gargantua ») et de Montaigne (« Les Essais »)

29/12/2016

Au Québec, on promeut l'utilisation du français dans les PME

Le site LEFIGARO.fr/langue française est une mine d’informations, je pourrais faire vivre ce blogue rien qu’en citant ou commentant les très nombreux articles qui y sont publiés. 

Voici par exemple une information intéressante concernant le français au Québec (Alice Develey, 16 décembre 2016).

« Le gouvernement québécois a dévoilé son plan d'action pour valoriser et promouvoir le français dans les petites et moyennes entreprises (…), qui s'inscrit dans une volonté de rétablir l'idiome comme langue officielle sur les lieux de travail.

Le français doit être la langue d'usage, a affirmé Kathleen Weil, ministre de la Diversité et de l'Inclusion, aux côtés de Luc Fortin, ministre de la Culture, responsable de la Protection et de la Promotion de la langue française.

Déjà, entre 2008 et 2016, le plan du grand Montréal se proposait de stimuler la langue française dans la région (…) En témoigne le nombre d'articles traitant de la difficulté de travailler ou d'échanger en français dans des établissements publics et privés. 

Le nouveau projet, intitulé « Stratégie partenariale de promotion et de valorisation de la langue française 2016-2021 », s'inscrit à une échelle plus large, celle du Québec, et s'adresse à un public plus important mais il touche à la fois les employés sur leur lieu de travail et les domaines de la vie publique, incluant de fait les milieux sociaux, culturels et institutionnels. 

Le plan passera par des soutiens financiers allant à des organismes promouvant la langue de Voltaire, afin de convaincre les entreprises de l'importance d'offrir un service en français et implicitement d'encourager les citoyens à converser autrement qu'en anglais (NDLR : ce qui montre que la réalité dans les entreprises québécoises est différente de celle que nous avons idéalisée : le pays est bien « assiégé » par des forces pacifiques mais puissantes, et y parler français n’a rien d’évident). 

La maîtrise de la langue est incontournable pour assurer la pleine participation de tous les citoyens à la société québécoise, notamment celle des nouveaux arrivants a indiqué la ministre.

Une approche positive selon le ministre de la Culture, qui devrait participer au changement véritable des comportements au sein des entreprises de moins de 50 employés, qui n'étaient jusque-là pas soumises à la Charte de la langue française (ou loi 101 définissant les droits linguistiques des citoyens au Québec) ». 

Le ministre n’est pas naïf. On demeure dans un environnement linguistique particulier et il faudra toujours demeurer vigilant. Un nouveau plan est d’ores et déjà envisagé en 2021.

Château Frontenac 2.jpg

Ne pourrions-nous pas en prendre de la graine, ici en France métropolitaine et ultramarine ? Et en premier lieu, interdire l’usage de termes anglais et de mots à la graphie déformée dans les enseignes des magasins et dans les panneaux publicitaires de nos villes !

26/12/2016

Des vessies et des lanternes

La littérature n’échappe pas aux travers de la société de consommation : il faut vendre et pour vendre il faut encenser. Dans ce secteur, les moyens employés sont quand même plus feutrés et plus élégants que dans la grande distribution ou dans l’automobile ; pas de films publicitaires débiles, pas de femme dénudée ou enjôleuse, pas de mensonge éhonté ; ce n’est pas aux éditeurs, encore moins aux auteurs que revient la mission de convaincre les acheteurs (de « vendre le produit »), c’est aux journalistes et plus précisément à ceux qui tiennent la rubrique « culture » des journaux ou qui officient dans les émissions littéraires qui, depuis Apostrophes, confortent notre « exception culturelle » ou qui président aux fameux « prix littéraires » annuels. Ne soyons pas injuste, ne caricaturons pas : ce mode de promotion est quand même de haute tenue et, même si les éditeurs sont « derrière », même si les enthousiasmes de tel ou tel critique littéraire sont téléguidés et encouragés par des liens bien concrets et des espèces sonnantes et trébuchantes, le système dans son ensemble est acceptable. On se doute bien que, des centaines de livres paraissant à chaque « rentrée littéraire », il faut trouver un moyen d’en distinguer certains, d’en faire parler, voire de déclencher à leur endroit des modes et des mouvements de foule…

Cela étant dit, on nous fait souvent prendre des vessies pour des lanternes !

Pour une Anne Sinclair déclarant son admiration sans borne pour « Belle du Seigneur » dans les années 90 et qui nous fait découvrir cet auteur et lire ce monument qui restera gravé dans notre Panthéon, pour un Jean D’Ormesson qui loue « L’ami retrouvé » (j’en ai parlé dans un billet), combien d’apologies trompeuses, de « coups de cœur » forcés, d’enthousiasmes fallacieux, de panégyriques sans cause ?

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Combien de « Attention, chef d’œuvre » n’a-t-on pas entendu ? 

Ainsi de « Suite française » d’Irène Némirovsky, inédit posthume d’une écrivain d’origine ukrainienne arrivée en France en 1919 et qui a connu le succès dans les années 30 avec « David Golder », « Le bal », « Les mouches d’automne » et « La proie ». Son livre, opportunément retrouvé et édité en 2004, a obtenu le prix Renaudot, a été traduit en 31 langues et a été vendu à 600000 exemplaires en France (chiffres de 2007).

Il n’en fallait pas plus pour que les intellectuels s’enthousiasment, comme Dominique Fernandez qui a signé un article dithyrambique dans le Nouvel Observateur du 13 septembre 2007, à l’occasion de la sortie d’une biographie. Jugez vous-même : « Un des plus grands écrivains français de l’entre-deux-guerres, dans une époque où ils ne manquaient pas, un moraliste à mettre au rang d’un Mauriac, d’un Morand, au-dessus d’un Montherlant (…), un auteur sûr de sa langue, varié dans ses sujets, réussissant aussi bien dans le roman de mœurs que dans la chronique historique ».

« Toute l’œuvre de Némirovsky est traversée d’une intense compassion pour la malédiction de ce peuple (juif) forcé de se montrer dur, orgueilleux, serré parfois jusqu’à l’avarice, par simple instinct de survie, pour échapper à l’anéantissement ».

Mais quel est le rôle, dans cet enthousiasme, de la fascination et de l’émotion liées au destin épouvantable de cette femme émigrée ? N’ayant jamais pu obtenir la nationalité française, Irène Némirovsky sera déportée et mourra à Auschwitz en 1942, comme son mari, mais ses deux filles auront la vie sauve. L’histoire s’achève comme dans les films : « Avant de partir, il confia à ses filles, dont l’aînée avait deux ans, une valise, en leur recommandant de ne jamais s’en séparer. La valise contenait le manuscrit de Suite française, texte d’une beauté fulgurante parce qu’exempt de toute caricature et empreint au contraire d’une pitié étonnée, presque tendre, pour un peuple (le nôtre) aussi profondément déshonoré, chronique écrite à chaud pendant les deux premières années de l’Occupation, et d’une valeur d’autant plus rare qu’aucun écrivain français, jamais, n’a eu ce courage de fouiller dans l’ignominie de la nation ». 

Et donc on lit ce livre encensé… et on découvre une aimable pérégrination à travers la France occupée. On n’y trouve rien que l’on ne connaisse déjà… Peut-être parce qu’il arrive bien tard ?

Ainsi de « Laissez-moi » de Marcelle Sauvageot (1930), sursaut d’une jeune femme malade qui reçoit la lettre de rupture de son amant… Naturellement le thème du récit comme la vie de son auteur sont émouvant, de même que le destin du livre lui-même, œuvre unique écrite quelques mois avant la mort de son auteur à Davos, longtemps introuvable et réédité en 2004. Bien sûr que les hommages des plus grands, Paul Valéry, Paul Claudel, incitent à modérer ses critiques. Jérôme Garcin dans le Nouvel Observateur de mars 2004 rend compte du succès auprès du public (d’abord tiré à 7000 exemplaires, il s’en vend 67000 en deux semaines) et croit en deviner la cause : « Car non seulement il place l’amour à une hauteur dont notre époque paresseuse et complaisante a le regret mais il donne aussi à entendre le souffle brûlant des malades qui refusent d’abdiquer ». On en a même fait une pièce, avec Elsa Zylberstein. Mais de là à parler de chef d’œuvre… 

Ainsi de « Manuscrit trouvé à Saragosse » de Jan Potocki, illustration du genre ancien du conte plus ou moins philosophique que reprendra avec encore plus de succès, encore plus de laudateurs et encore moins de raison, Paulo Coelho avec « L’alchimiste ».

Ainsi de « Femmes » de Philippe Sollers et de « La route des Flandres » de Claude Simon, bavardages sans une seule virgule, illisibles. 

Pourquoi ces dithyrambes ? Je pense que c’est comme pour l’actualité ; le journaliste retient le sensationnel, la performance, ce qui lui semble extraordinaire : « pensez donc, pas une virgule » ; « incroyable, elle va mourir, après avoir fui la Grande Guerre, et elle répond à son amant sans pleurnicher », « comment, une femme qui traverse la France de 1940 après la débâcle ? », etc.

Il est vrai qu’on a bien attribué le Nobel à Le Clézio, à Modiano et même à Dylan.

Au lieu de cela, pourquoi ne pas encenser ces romanciers modestes, discrets, ces orfèvres, que sont Pierre Magnan, double de Giono, et Jacques Chauviré, peintre des douleurs de la France provinciale de l’après-guerre ?

V.2 du 26 décembre 2016