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24/12/2016

Devinette XVIIa : auteurs français du Moyen-Âge

Personne n'a répondu à cette dix-septième devinette...

Mes lecteurs sont-ils donc si occupés ? Ou trouvent-ils cet exercice trop scolaire ou ennuyeux ?

Eh bien je vais donner quelques réponses, en commençant par le Moyen-Âge.

Sans remonter à la Chanson de Roland ni à Tristan et Iseut (pièce en trois actes et dix tableaux, de Joseph Bédier et Louis Artus, représentée pour la première fois à Nice en janvier 1929…), on peut citer Chrétien de Troyes, et plus tard, Charles d'Orléans et François Villon.

François Villon.jpg

Au sujet de ce dernier on peut se rappeler qu'il inspira Brassens et qu'il fut l'objet, en 2006, d'un livre terrible de Jean Teulé, "Je, François Villon".

Dites-moi où, n'en quel pays
Est Flora la belle Romaine,
Archipiades, né Thaïs
Qui fut sa cousine germaine,
Écho parlant quand bruit on mène
Dessus rivière ou sur étang
Qui beauté eu trop plus qu'humaine.
Mais où sont les neiges d'antan ?
Qui beauté eu trop plus qu'humaine.
Mais où sont les neiges d'antan ?

Où est la très sage Hélloïs,
Pour qui châtré fut et puis moine
Pierre Esbaillart à Saint-Denis?
Pour son amour eu cette essoine.
Semblablement, où est la reine
Qui commanda que buridan
Fut jeté en un sac en Seine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?
Fut jeté en un sac en Seine ? 

Mais où sont les neiges d'antan ?

La reine blanche comme lis
Qui chantait à voix de sirène,
Berte au grand pied, Bietrix, Aliz
Harembourgis qui tient le Maine,
Et Jeanne la bonne Lorraine
Qu'Anglais brûlèrent à Rouen ;
Où sont-ils Vierge souveraine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?
Où sont-ils Vierge souveraine ?
Mais où sont les neiges d'antan ?

Prince, n'enquérez de semaine
Où elles sont, né de cet an,
Que ce refrain ne vous semaine :
Mais où sont les neiges d'antan ?
Que ce refrain en vous semaine ;
Mais où sont les neiges d'antan ?


Clément Marot, lui, est à la frontière de l'époque suivante (le XVIème siècle), dont nous parlerons la semaine prochaine.

Joyeuses fêtes de Noël à tous.

 

22/12/2016

Babel

Les trois langues de travail de l’Union européenne étant l’allemand, le français et l’anglais, les participants à des projets européens de recherche pouvaient théoriquement choisir l’une de ces trois langues pour leurs échanges et leurs travaux… En pratique, pendant les quelques années au cours desquelles j’ai œuvré dans des projets des programmes BRITE ou ESPRIT, jamais au grand jamais je n’ai vu la moindre initiative tendant à mettre sur la table la question de la langue de travail. Commencés en anglais, les débats se poursuivaient et s’achevaient en anglais. Ou plutôt en globish quand le locuteur n’était pas un Danois ou un Scandinave, à tel point que certains anglophones (dont un charmant Écossais francophile et cyclotouriste des bords de Loire que j’avais interrogé à ce sujet) ne se considéraient pas comme tellement privilégiés dans ces cénacles – je suppose que c’était à cause du charabia de nombre d’entre nous !

En tout état de cause, les chercheurs européens des années 80 avaient oublié Babel et étaient au-dessus de toute revendication linguistique et nationaliste. Dans ces années-là, on partageait majoritairement le défi européen, un défi fou quand on y songe, faire se hisser au niveau des États-Uniens (et bientôt des Chinois) une quinzaine de pays parlant autant de langues différentes… Il était plus facile de leur faire partager une monnaie commune qu’une langue commune !

Tour de Babel 2.jpg

A contrario Babel ne fait pas peur à l’Assemblée de Corse où des discours sont prononcés en langue corse et même envisagés quand y vient le Premier Ministre de la République française (à qui un conseiller avait suggéré, le cas échéant, de répondre en catalan). Chassez l’entropie, elle revient au galop ! 

Il y a des précédents historiques ! Guy Konopnicki raconte dans le Marianne du 2 décembre 2016 que les députés des États composant l’Empire austro-hongrois avaient manifesté contre l’obligation de mener les débats en allemand en rejouant la Tour de Babel : « (…) Les représentants de toutes les nationalités décident de parler chacun dans sa langue. Il y a là le Tchèque Thomas Masaryk, le député italien du Trentin Alcide de Gaspari, plus de cent Hongrois, quatre-vingt-cinq Polonais, on entend toutes les langues, le roumain, le croate et même le yiddish, parlé par un député du Bund de Pologne ».

19/12/2016

Bons mots

On connaît, bien sûr, « Les mots » de Jean-Paul Sartre. Paru en 1964, ce livre raconte l’enfance de l’écrivain-philosophe et l’importance de la littérature.

On connaît aussi, sans doute, « Les mots pour le dire » de Marie Cardinal, récit impudique de son mal-être et de sa psychanalyse, paru en 1975 (quant à moi, j’avais lu d’elle « La clé sur la porte », en 1978, dans lequel elle racontait son expérience de « maison ouverte » et d’éducation très libre donnée à ses enfants).

On se souvient évidemment du film « Ridicule », reflet étincelant d’une époque (les XVIIème et XVIIIème siècle) où un bon mot vous rendait célèbre (dans un petit cercle il est vrai) et où manquer de répartie vous condamnait au ridicule.

Dans cette série dont vous lisez le premier billet, je voudrais rendre hommage aux mots et à ceux qui en maîtrisent la magie. 

Et je vais commencer par deux auteurs de chanson. 

D’abord, Alain Souchon, qui, comme d’habitude, réussit à trouver un angle d’attaque original : non pas les mots eux-mêmes mais ce qu’il y a derrière, ce qu’ils font comprendre ou imaginer. 

Entendez-vous dans les mélodies

Derrière les mots, derrière nos voix

Les sentiments, les pleurs, les eaux vives

Qu’on ne peut pas dire ? 

Non, non,

Non, entendez-vous l'amour caché là

Derrière les mots, derrière les voix

Et puis après quand l'amour s'en va

« Derrière les mots »

 

Et ensuite Renaud Séchan dans « Les mots »

Les poèmes d'un  Léautaud

Ceux d'un Brassens, d'un Nougaro

La plume d'un Victor Hugo

Éclairent ma vie comme un flambeau

  

Alors, gloire à ces héros

Qui par la magie d'un stylo

Et parce qu'ils font vivre les mots

Emmènent mon esprit vers le haut

Emmènent mon esprit vers le haut