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21/11/2014

Patriii…ck !

Hier matin, 20 novembre 2014, France Inter recevait dans la Matinale le député Yann Galut au sujet des détournements fiscaux opérés par le Luxembourg depuis vingt ans et qui font l’actualité depuis que le G20 avance sur la question et que… le Premier ministre luxembourgeois de l’époque est président de la Commission européenne. (Vous remarquerez que je mets une majuscule à C, pour distinguer l’institution du mot générique « commission », mais pas à « européen », puisqu’il s’agit d’un adjectif et que nous ne pratiquons pas comme les Anglais).

 

Merci d’abord aux électeurs du Cher qui élisent et réélisent M. Galut qui, au lieu d’entretenir des villas aux Antilles ou au Maghreb, essaye de moraliser la vie des affaires et de faire rendre gorge aux fraudeurs du fisc.

 

Merci ensuite à l’excellent journaliste Patrick Cohen qui, au moment de faire expliquer le mécanisme de détournement au moyen des tax rulings, s’est soucié des allergiques à l’anglais, à 4 min 25 du début de l’entretien et a donc signalé que ce mécanisme avait un nom français, en vérité fort ancien : le rescrit fiscal. Ce qui, par effet d’entraînement, a encouragé le journaliste de France 3, Édouard Perrin, à préciser que cela pouvait aussi s’appeler « accord fiscal anticipé »…

 

Et alors là, stupeur qui ne surprendra pas mes fidèles lecteurs : les termes français, surtout le second, sont immédiatement compréhensibles par la concierge de Boris Vian, le négociant-voyageur du Cézallier et le schlitteur des ballons des Vosges !

Mais oui, c’est tout simple : on se met d’accord, préalablement, avec l’administration fiscale du pays d’accueil souhaité, sur un taux d’imposition. Une fois qu’elle a accepté la proposition, roule ma poule et ni vu ni connu, on prive le fisc français de milliards d’euros de recettes (Yann Galut parle de 100 Md€ par an !).

 

Donc, utiliser les mots français quand on est Français et qu’on parle à des Français, sur une radio de langue française qui s’appelle France Inter, non seulement ça ne fait de mal à personne mais ça rend les choses simples. C’est un peu comme le carry back (report de charges sociales), dont j’avais parlé dans un de mes premiers billets.

 

Seul inconvénient : l’expert perd un peu de gloriole (surtout dans sa tête à lui d’ailleurs) quand il se met à parler comme tout le monde.

 

En fait, il y en a un autre, d’inconvénient : quand on abandonne ce vocabulaire anglais, on abandonne par la même occasion la novlangue (voir mon billet sur la QRL) ; et alors, un chat s’appelle un chat : si quelqu’un ne paye pas tout de suite ses charges sociales, c’est un autre qui doit payer pour lui, et idem pour les impôts. Le fraudeur est démasqué et la faute en pleine lumière.

Merci, Patriii…ck !

Bibliographie :

trois livres très instructifs sur le sujet (la fraude fiscale généralisée) :

Yann Galut "Le pillage de l'État - un député sur la piste des évadés fiscaux" Flammarion, 2013

Nicolas Dupont-Aignan "Les voleurs de la République - enquête sur les parasites fiscaux", Fayard, 2013

Gabriel Zucman "La richesse cachée des nations - enquête sur les paradis fiscaux", Seuil, 2013

 

20/11/2014

La littérature est-elle la solution ? (II)

Antoine Compagnon, dont je vous ai parlé le 14 novembre dernier, dans un billet concernant le rôle de la littérature, est un personnage étonnant.

De formation scientifique, et de la plus prestigieuse, il vire littéraire sitôt son diplôme en poche et devient professeur de littérature, en France et aux États-Unis, jusqu’à la consécration en 2006, quand il est coopté au Collège de France, à la chaire de « Littérature française moderne et contemporaine : Histoire, critique, théorie ».

Seul échec pour l’instant dans ce parcours parsemé de commissions, de présidences et de titres honorifiques, sa candidature à l’Académie française en 2013, est rejetée au profit de celle de Xavier Darcos ; je conçois que cela doit être particulièrement dur à encaisser. Autrefois, pour y être élu sans être un écrivain de renom ou un puits de culture, il fallait avoir été président de la république… aujourd’hui, il suffit d’avoir été ministre. Triste époque.

Antoine Compagnon excelle dans la vulgarisation, c’est un touche-à-tout, certainement boulimique. C’est peut-être ça que les Académiciens n’ont pas aimé. Il a animé sur France-Inter des séries de chroniques sur Baudelaire et Proust, sa spécialité.

Bref, voici la biographie d’Antoine Compagnon, telle que publiée sur le site du Collège de France.

 

Né le 20 juillet 1950 à Bruxelles, Belgique

DIPLÔMES

Ancien élève de l'École polytechnique

Ingénieur des Ponts et Chaussées

Docteur d'État ès lettres

PARCOURS

Pensionnaire de la Fondation Thiers, Attaché de recherche au CNRS, Linguistique et littérature françaises, 1975-1978.

Maître de conférences, École polytechnique, Département Humanités et Sciences sociales, 1978-1985.

Professeur, Institut français du Royaume-Uni, Londres, 1980-1981.

Maître-assistant, puis maître de conférences, Université de Haute-Normandie, Rouen, 1981-1985.

Professor of French, Columbia University, New York, 1985-.

Visiting Professor, University of Pennsylvania, Philadelphia, 1986.

Fellow, John Simon Guggenheim Memorial Foundation, 1988.

Professeur, Université du Maine, Le Mans, 1989-1990.

Visiting Professor, University of Pennsylvania, Philadelphia, 1990.

Blanche W. Knopf Professor of French and Comparative Literature, Columbia University, New York, 1991-.

Visiting Fellow, All Souls College, Oxford, 1994.

Professeur, Université de Paris-Sorbonne, 1994-2006.

 

Mais revenons à notre sujet : la littérature, à quoi ça sert ?

À suivre.

19/11/2014

États Dame (V)

Pour une ardoise « Heures joyeuses » aperçue dans un café de Levallois, combien d’agressions linguistiques chaque jour ?

C’est une affiche dans la même ville qui vante le « Shiny Burger » et traduit cela par « doré » en tout petits caractères.

Cinq minutes plus tard, une camionnette me double, louée chez Europcar ; c’est un panneau publicitaire sur quatre roues qui proclame « Moving your way » (je ne sais pas ce que cela veut dire mais sans doute les Français le savent-ils…).

 

En tous cas les journalistes des mêmes Français ont vraiment un problème avec la prononciation et les consonances : il y a vingt ans, ils avaient inventé « Yeltsine » pour dire Eltsine, maire de Moscou. Aujourd’hui, ils se gargarisent avec « Rodgeur Fédérère », alors que ce brave renvoyeur de balles jaunes est Suisse et francophone.

Pourquoi tant de snobisme et de bling-bling ?

 

Tiens, il paraît que les magazines féminins de la rentrée 2014 s’en donnaient à cœur joie (source : Marianne du 12 septembre 2014) :

Le sportswear se faufile dans le daywear (Cosmo)

It-girl, it-shoes, it-bag, it-dressing, wanted, must have

Amish-chic (Glamour)

Le homeless-chic, c’est le nouveau street-cool (Madame Figaro ?)

Les carreaux cool se portent avec une touche de cute (Grazia)

 

Le franglais, nouvelle frontière du féminisme ?

Je regrette quant à moi la concierge de Boris Vian…

 

Les Français ont inventé le franglais, à défaut de savoir apprendre l’anglais. Même les journalistes les plus « parisiens » prononcent Rb&b « air-bi-inde-bi » (d’ailleurs le moteur Google indique : « Résultats, y compris pour airbnb.
Essayez avec l'orthographe rbnb uniquement ») et DJ, ils prononcent cela : « dii-djii ».

Et pourquoi donc utiliser short list ?

Irritant. On en viendrait presque à s'étonner que GPA et PMA ne soient pas des acronymes américains… Oui, et d'ailleurs pourquoi ne viennent-ils pas d'outre-Atlantique ?

Tiens voici une pub :

Pub Schweppes Marianne.jpg

La légende en anglais, est-ce utile ?

Vous savez que la loi exige sa traduction en français… vous la voyez, vous ? Elle y est, en caractères « blanc gris sur blanc », verticalement, sur le côté gauche… On se moque de qui ? Pourquoi les associations (personnes âgées ? déficients visuels ? autres ? tout le monde ?) ne portent-elles par plainte pour détournement de l’esprit de la loi ?

 

Pourquoi toutes ces newsletters, alors que nous avons lettre, gazette, circulaire, bulletin, voire feuille de chou, ce qu’elles sont souvent ?

 

Pourquoi accepte-t-on tout cela ?

 

Voilà donc pourquoi ce blogue existe et continue.

Modestement.