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13/07/2015

Natacha et moi (I) : sa vie, son œuvre

Vous connaissez bien sûr Natacha Polony (sinon, reportez-vous aux billets de juin 2015)...

J'ai donc attaqué son pavé "Ce pays qu'on abat" (Plon, 2014), clin d'œil à celui de Malraux ("Ces chênes qu'on abat") et compilation des billets de son blogue et de ses chroniques dans le Figaro, entre 2009 et 2012.

Arrivé à la moitié (les billets de son blogue), je suis abasourdi : comment une si jeune femme peut-elle écrire - et si bien - des analyses aussi pertinentes sur les sujets d'actualité (l'éducation, le féminisme, les humanités, l'intégration, les pratiques religieuses, la télévision et les nouvelles technologies...), en bâtissant des textes d'une architecture irréprochable (contexte, bibliographie d'abord, thèse et arguments ensuite, conclusion souvent brillante et bien tournée) et à la langue claire et balancée.

On me dira qu'elle est agrégée de lettres, qu'elle est journaliste, etc. et que c'est bien le moins qu'elle sache écrire... Certes mais c'est un peu court !

Comme elle traite de l'actualité, elle touche forcément à la politique, sans toutefois être un commentateur politique. Je ne sais pas si elle cautionnerait le positionnement que je lui attribue, à savoir moralement plutôt à droite et économiquement plutôt à gauche. C'est dire qu'elle n'a pas peur d'apprécier l'ordre, les valeurs morales, le respect des traditions, le patriotisme... et qu'elle ne craint pas non plus de se dire anti-libérale, anti-mondialisation effrénée, anti-désindustrialisation délocalisante...

Ça me va bien !

Elle a des dadas moraux et intellectuels : les Lumières, la République, la transmission (des savoirs et des valeurs), la laïcité. On en redemande, de ceux-là.

Comme je l'ai déjà dit, un tel brio dans le blogage pourrait décourager les arpètes comme moi : on se sent maladroit et sans talent. Mais je ne voudrais pas vous priver de quelques bons morceaux (littéraires...) de Natacha Polony ; dans les billets suivants de cette série, je vous proposerai donc une balade dans son bouquin.

Natacha plony juillet 2015.jpg

 

 

Il faudrait qu'il y ait en France des milliers de Natacha !

Mais alors, problème pour nous autres : on ne saurait plus où regarder...

 

12/07/2015

Et le gagnant est : Homère !

Les classements en matière de littérature sont vains s'ils concernent les préférences de chacun ; en effet les goûts et les couleurs ne se contestent pas, même si les raisons que chacun donne de ses préférences peuvent être intéressantes et instructives. Savoir que Victor Hugo est l'auteur (ancien) préféré des Français nous apporte peu de choses, d'autant qu'on doute que ces Français interrogés le lisent ou même l'aient lu... Simple consolation, un peu comme le résultat des primaires, on est content de préférer aussi le gagnant, si tel est le cas. Peu de gens aiment avoir raison contre tout le monde, sauf à la Bourse et au Tiercé - et dans ce cas de figure, ça paye, effectivement.

La question de Cécile Ladjali pose à ses étudiants de lettres modernes à la Sorbonne, est bien différente. Elle leur demande : "Quels sont d'après vous les dix grands livres au commencement du verbe de tous les autres ?".

Arbre des livres.jpg

 

En d'autres termes, plus poétiques : "Quels sont les dix classiques qui demeurent les racines d'un arbre dont les branches crèvent le ciel des lettres et ne sont rien d'autre que les copies en pleine lumière de ces branches à l'envers, enfouies sous la poussière du temps et de la mémoire des hommes ?".

Le résultat de ce mini-sondage est étonnant, même s'il émane de spécialistes ou plutôt de futurs spécialistes de la littérature.

Le voici :

 

  1. L'Iliade et l'Odysée (Homère)
  2. Les métamorphoses (Ovide)
  3. La divine comédie (Dante)
  4. Don Quichotte (Cervantès)
  5. Le prince (Machiavel)
  6. Hamlet (Shakespeare)
  7. Dom Juan (Molière)
  8. Faust (Goethe)
  9. Moby Dick (Melville)
  10. Eugène Onéguine (Tolstoï)

Sont aussi cités : Guerre et paix (Tolstoï), Le château (Kafka), À la recherche du temps perdu (Proust), Les frères Karamazov (Dostoïevski), et les romans de Nabokov, Faulkner, Woolf, Borgès, Céline.

Qui donc parmi mes lecteurs a lu les dix premiers, les fondations de la littérature occidentale ?

Ou même les cinq premiers ?

Pas moi en tous cas...

À vos classiques !

PS. et on voudrait exclure de l'Europe, la Grèce (n°1), et pourquoi pas, ensuite, l'Italie, l'Espagne, tandis que la Grande Bretagne (n°6) s'exclurait d'elle-même ?

No pasaran !

 

 

11/07/2015

Pour la Grèce

Cavafy.jpgTu dis :

« J’irai vers d’autres pays, vers d’autres rivages. Je finirai bien par trouver une autre ville, meilleure que celle-ci, où chacune de mes tentatives est condamnée d’avance, où mon cœur est enseveli comme un mort. Jusqu’à quand mon esprit résistera-t-il dans ce marasme ? Où que je me tourne, où que je regarde, je vois ici les ruines de ma vie, cette vie que j’ai gâchée et gaspillée pendant tant d’années.
Tu ne trouveras pas de nouveaux pays, tu ne découvriras pas de nouveaux rivages. La ville te suivra. Tu traîneras dans les mêmes rues, tu vieilliras dans les mêmes quartiers, et tes cheveux blanchiront dans les mêmes maisons. Où que tu ailles, tu débarqueras dans cette même ville. Il n’existe pour toi ni bateau ni route qui puisse te conduire ailleurs. N’espère rien. Tu as gâché ta vie dans le monde entier, tout comme tu l’as gâchée dans ce petit coin de terre".

 

 

La ville (1910)

de Constantin Cavafy (1863-1933)

poète grec né à Alexandrie (Égypte)

Traduction du grec de Marguerite Yourcenar et Constantin Dimaras,

Éditions Gallimard/Poésie, 1994, ISBN : 2070321754, page 9