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30/11/2014

Irritations VII : Saint Nicolas

Bon an mal an, en écoutant la radio, on trouve chaque jour à s’échauffer la bile…

Ainsi, sur France Inter, dans la Matinale du 28 novembre 2014, a-t-on pu entendre une journaliste parler trois ou quatre fois de performance à propos d’une représentation théâtrale…

Mais, surprise, une autre a prononcé le mot sweat shirt : souète cheurte, c’est-à-dire à l’américaine, alors qu’on entend généralement : souite cheurte, c’est-à-dire sweet shirt… Il est vrai que c’était une interprète qui traduisait un Américain de Ferguson, et le propre de l’interprète, c’est de connaître les deux langues qu’elle met en correspondance. Et ce n’est pas le cas de beaucoup de nos compatriotes, qui sont à l’aise avec le franglais mais ne connaissent ni l’anglais ni le français.

Ces derniers jours, on ne nous a pas parlé du Sommet de la Francophonie (voir mon billet d’hier).

En revanche, on nous a bassinés avec Thanksgiving, jour du grand pardon outre-Atlantique. Et ça, ce ne serait rien !

On croyait Halloween rangé par les sorcières ces dernières années mais non, il est revenu en force ; alors Thanksgiving en plus ou en moins…

Halloween.jpg

Non, ce ne serait rien si les puissants du commerce international n’en avaient profité pour nous fourguer le Black Friday (avec les majuscules s’il vous plaît), qui s’ajoutent aux soldes permanents d’une société de consommation en panne. Car le lendemain de Thanksgiving, c’est cadeaux !

Claude Hagège dit que l’anglais, c’est la pensée unique… ceux qui ont des oreilles finiront pas entendre.

 

Saint Nicolas.jpgLe 6 décembre, on ne nous parlera pas non plus de Saint Nicolas… coincé qu’il est entre les citrouilles et le Père Noël…

 

Saint Nicolas ne venant plus à moi, comme il le faisait au temps de mon enfance dans les Hautes Vosges, j’ai décidé d’aller au devant de lui.

 

Cap à l’Est, U.S. go home !


 

29/11/2014

Franco-cacophonie ?

La grand-messe annuelle de la francophonie, c’est maintenant. On en sait peu de choses finalement : il y a un ministre ou un secrétaire d’État selon les gouvernements, on rassemble beaucoup de chefs d’État étrangers, surtout africains, le plus célèbre d’entre eux était Léopold Sédar Senghor, cofondateur du mouvement et par ailleurs académicien, et il y a des discours que la Presse relaye très peu.

Il s’agit d’une organisation internationale, dont le site internet : http://www.francophonie.org est très intéressant. Cette organisation dénombre tous les quatre ans les Francophones : 250 millions actuellement, 760 prévus en 2060 à rythme de scolarisation constant (rem. : il y a une ambiguïté sur ces chiffres, que note Claude Hagège. Selon lui, ils sont sur-estimés parce que, dans les pays concernés, seuls les gens éduqués parlent le français ; les autres parlent une langue locale).

L’organisation réalise un

Vade-mecum relatif à l'usage de la langue française dans les organisations internationales

dont je vous rendrai compte dans un billet ultérieur car le quatrième document d’avancement compte 78 pages…

Le quinzième sommet de l’lOIF a lieu à Dakar les 29 et 30 novembre 2014.

layer-sommet.jpg

 

Il semble que ce « mouvement » de la francophonie ait eu tendance, ces dernières années, à agréger le plus possible de pays, pour des raisons géopolitiques ou économiques, sans être trop regardant sur l’implication réelle de ces pays dans l’utilisation du français.

Début 2013, l’écrivain Calixthe Beyala s’était élevée contre la présence du Qatar. Pour elle, c’est une logique financière qui a prévalu : le Qatar achète tranquillement notre patrimoine et finance nos banlieues et des écoles coraniques en Afrique mais ne se distingue pas par son respect des droits de l’homme ; il est riche, c’est tout. Et ne partage avec nous ni la langue ni la culture ni l’histoire ni la démocratie, alors que tout cela est le socle de la francophonie. Le riche aurait-il tous les droits ? et cette intégration ne cache-t-elle pas une profonde transformation du mouvement lui-même ? (source : Marianne du 5 janvier 2013).

28/11/2014

Le français, la nation et l'identité

Il y a de nombreux débats que l’on peut entretenir autour du français ; par exemple ceux-ci : le franglais est-il dangereux ? le français est-il la France ? ou l’inverse ? faut-il l’accrocher au grec et au latin pour le défendre contre l’anglais ? l’extension du français, grâce à la démographie africaine, rompt-il définitivement ses liens avec la nation (française), avec ses langues-mères (grec et latin) ? le français, langue d’une nation férue de culture et d’histoire, et aussi langue internationale, est-elle « unique » ? l’anglais, par exemple, ne peut-il pas prétendre aux mêmes caractéristiques et se croire, lui aussi, unique ?

Philippe de Saint-Robert, ancien délégué à la langue française, si je ne me trompe pas, qui rendait compte du livre de Jacqueline de Romilly dans le Figaro, le 3 mai 2007 (voir mon billet du 27 novembre 2014), en a profité pour rappeler que « ce qui définit le mieux l’identité de la France, c’est la langue ». « Dissocier l’être de l’expression relève d’une débilité philosophique ».

Et pour lui, l’évolution de la langue n’a rien de naturel ; au contraire « ses évolutions sont instrumentalisées par des états de tension, par des rapports de force ». Et il ajoute : « Peut-être veut-on nous couper des textes antérieurs de notre littérature en torturant la langue contemporaine afin de mieux manipuler notre pensée, en réduisant son expression à la vulgarité du temps ? ». On n’est plus très loin de la Lingua Quintae Respublicae (voir mon billet à ce sujet).

Francis Ponge, de son côté, dans son « Pour un Malherbe », écrivait : « Nous pratiquons la langue française. Celle-ci n’est pas seulement pour nous notre instrument naturel de communication ; c’est aussi notre moyen de vivre (…). Notre façon d’être est de pratiquer la langue française ».

Dans un autre registre, et sans méconnaître la connotation politique et partisane du propos, on a Nicolas Sarkozy, ancien Président de la République (2007-2012) qui proclame : « Ici, on est en France ; on parle français ! » (discours de Nîmes, 27 novembre 2014).