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14/08/2015

Écrivain... cri vain ?

Quelques amis et lecteurs de ce blogue m'ont gentiment incité à prendre la plume vraiment, c'est-à-dire à écrire vraiment : une histoire, des nouvelles, des mémoires ? Que sais-je...

Je n'ai jamais, une seconde, imaginé d'obtempérer, terrassé d'avance par la difficulté d'écrire encore quelque chose d'intéressant ou sous une forme originale, de nos jours, bloqué par le peu d'intérêt potentiel de ce que j'aurais éventuellement à coucher sur le papier, paralysé par le nombre de livres sans lecteur qui paraissent chaque année à chaque rentrée (en septembre et en janvier) et qui terminent au pilon - tout ça pour ça -, obnubilé que je suis par le temps qu'il me faudrait déjà pour lire tout ce que je voudrais lire avant de m'y coller... bref pas du tout convaincu.

Le genre de la chronique, du billet d'humeur, de l'article écrit d'un seul élan, me convient mieux, je pense. C'est sans doute une solution de facilité ; avant d'accoucher d'un roman, il faudrait le concevoir, puis assurer sa gestation... trop prenant, trop exigeant, trop long. Il y a encore tellement d'auteurs confirmés à découvrir.

Il me reste le geste intime et patriarcal des "souvenirs d'enfance".. beaucoup l'ont fait et le font encore, avec à la clé, la possibilité nouvelle de le mettre en ligne sur un site X ou Y (quand je parle de "site X", je ne pense pas aux films à la même initiale...). Mon père l'a fait. Nous avons de ce fait des anecdotes sur ses grands-parents à lui, ce qui nous plonge dans la période d'avant-guerre (la seconde) ; c'est bon pour la transmission et pour le concept de lignée.

Arrivé à ce stade de mes réflexions, je suis tombé sur un article de Thomas Rabino dans le Marianne du 18 juillet 2014, intitulé "Le blues des écrivains".

Connaissez-vous Marie Sellier, Arnaud Friedmann, Marianne-Maury Kaufmann, Bernard Pascuito, Morgan Sportès, Virginie Ollagnier, Yves Le Pestipon, Pierre Joude ?

Non ? Ce sont pourtant des écrivains qui ont eu l'honneur d'être interrogés par l'hebdomadaire et qui ont donc déjà pignon sur rue, ayant chacun écrit au moins une demi-douzaines d'ouvrages, voire une vingtaine pour certains !

Écrivain.jpg

Et ils sont loin des Guillaume Musso et des Marc Lévy qui accompagnent chaque été le bronzage de ces dames et dont les livres reviennent couverts de sable, quand ils reviennent des plages...

Qui eux-mêmes sont peu de chose devant des J.-M.-G. Le Clézio et autres P. Modiano, Nobel s'il vous plaît !

Et ces derniers, c'est du menu fretin à côté de Hugo, Dumas, Chateaubriand, Zola...

Bon, alors que disent de leur métier ces auteurs contemporains inconnus qui rament dans les salons du livre de province et d'ailleurs, pour placer leurs bouquins (j'ai vu à l'œuvre dans cet exercice André L'Héritier et Jean Anglade dans un minuscule village d'Auvergne...) et qui néanmoins noircissent des pages et sont publiés ?

Que d'abord, ce n'est pas un métier ! Car tous ont un gagne-pain à côté, plus ou moins lié à l'écriture.

Qu'ensuite leur violon d'Ingrès est très mal connu ; que loin d'être des nababs, ils doivent faire une partie du boulot des éditeurs ("... sans une mise en place efficace et un suivi médiatique, c'est un peu comme si on les mettait directement à la poubelle"),  tout en touchant un très faible pourcentage sur leurs ventes.

Qu'il est difficile de se faire une place quand il y a 600 nouveautés en septembre chaque année et autant en janvier (300 dans les années 80), alors que le nombre d'attachés de presse et le volume de la presse littéraire ont baissé... Que la durée de vie (de visibilité) des ouvrages n'a jamais été aussi courte...

Que la "condition sociale" des auteurs est précaire : "On est dans un monde ultralibéral. es travailleurs isolés, pas de droit au chômage, pas de congés payés, une protection sociale très faible, et pas le moyen d'action qu'est la grève". "... Il importe de soutenir les écrivains pour contrebalancer les lois du marché, qui ne doivent pas régner seules dans la culture".

Écrivaine (Jane Austen).jpg

Que personne, malheureusement, ne lit plus de littérature... Y. Le Pestipon en a fait l'expérience, comme nous tous, lors d'un voyage en TGV. Les voyageurs sortent des magazines, leur ordinateur, leur lecteur mp3, leur mobile... mais pas de roman.

La littérature est concurrencée d'une part par la musique (Deezer et autres) et d'autre part par les images (télévision, cinéma, vidéo, voire bandes dessinées).

L'article cite trois essais sur ce sujet (de Y. Le Pestipon, Tzvetan Todorov et Pierre Ménard), dont je vous parlerai... quand je les aurai lus !

13/08/2015

Irritations XXI et étonnements

Lu sur un paquet de frites prêtes à cuire : "Just au Four"... Je connaissais le justaucorps...

Lu sur un placard de AIR LIQUIDE annonçant ses résultats semestriels 2015 : "Creative Oxygen" (c'est leur slogan)... et aussi : "Nos idées créent de la valeur sur le long terme" (et alors, elles en détruisent à court terme ?)... Que l'on songe que AIR LIQUIDE a été fondée par un ancien élève de l'École de physique et de chimie de Paris, Georges Claude ; elle est donc on ne peut plus française, et pourtant...

AIR LIQUIDE.png

 

Lu dans les pages roses du Figaro du 6 avril 2015, cette forte phrase du fondateur de PowerFoule.fr : "Les gens veulent consommer malin et dégager ainsi du pouvoir d'achat pour les achats plaisir". Et s'ils voulaient acheter pingre et consommer joyeux, où irait la syntaxe ?

Au recto de cet article sur les achats groupés d'électricité, "l'histoire du jour" du Figaro, ce jour-là, relatait une décision "à la Najat" de plusieurs États américains (Texas, Géorgie, Washington) : les étudiants pourront choisir en option un langage informatique, plutôt que le français, l'espagnol, l'allemand ou le japonais... Raison invoquée : cela leur sera plus utile dans le boulot !

Ça me rappelle que, quand j'avais visité le MIT (il y a longtemps), une étudiante m'avait demandé d'où je venais... Quand je lui avais répondu "From France !", elle avait eu un regard de profonde ignorance (de où ça se situait).

Un entrefilet du Figaro du 1er avril 2015 parlait de l'association "Lire pour en sortir"  qui développe des programmes de lecture permettant à des condamnés de bénéficier de réduction de peine.

 

 

12/08/2015

Sacré Charlemagne (VI) : propositions pour arrêter la chute

Dans son dossier "Sauvons l'école", le journal Marianne propose des solutions pour arrêter la chute : faire l'inverse de ce qui a détruit l'école, revenir aux fondamentaux, à savoir...

  • restaurer les horaires nécessaires de français et de calcul ;
  • réinstaurer les bonnes méthodes (abandonner les recettes pédagogistes qui ont fait tant de mal) ;
  • retrouver les conditions normales d'enseignement : calme, discipline (l'école doit redevenir un lieu protégé, où les comportements diffèrent de ceux qui s'imposent en société).

Une enquête du ministère révèle que, parmi les 2297 lycées généraux et technologiques français, les 36 établissements qui manifestent la plus forte capacité à amener au bac des enfants qui avaient peu de chances d'y arriver, appliquent des méthodes et des règles qui rappellent celles de l'école "à l'ancienne" : autorité, discipline, révisions le soir, attention aux difficultés individuelles.

"Leurs enseignants n'ont donc pas pour objectif principal et parfois unique de tenir leur classe : ils peuvent enseigner...

Ces lycées qui font réussir sont les conservatoires de l'enseignement public d'avant le désastre...

Les premiers pays dans les classements internationaux (Chine, Corée du Sud, Singapour, Vietnam) pratiquent les méthodes d'enseignement en vigueur en France il y a quarante ans...

La rigueur de la sélection scolaire bénéficie paradoxalement aux élèves issus de milieux modestes".

Pour Paul Langevin, grand scientifique, l'objectif de l'école républicaine en 1945, c'est "la promotion de tous et la sélection des meilleurs".

Dans le même numéro, Jacques Julliard va plus loin dans l'analyse de ce qu'il faut faire :

  1. remplacer le ministère et ses pédagogistes par un haut commissaire à l'éducation, nommé pour cinq ans et rattaché au Premier Ministre ;
  2. faire un bilan (un audit externe) ;
  3. ramener le primaire à ses missions fondamentales : apprendre à lire, écrire et compter (exit le code la route, l'antiracisme, la lutte contre le sexisme, la protection de l'environnement...) ;
  4. réhabiliter la mémoire (vive le "par cœur") ;
  5. lutter contre le consumérisme scolaire (le professeur n'est pas un commerçant, les parents d'élèves ne sont pas des clients) ;
  6. recruter de grands chefs d'établissement et leur donner de l'autonomie (mais préserver l'unité des programmes entre tous les élèves de la nation) ;
  7. supprimer le bac ;
  8. réformer le premier cycle de l'enseignement supérieur (mais garder les classes prépa.) ;
  9. abolir la condition étudiante, imbriquer l'enseignement dans la vie active ;
  10. faire ratifier par référendum le nouveau pacte éducatif.

 

Remonter la pente.jpg