07/01/2021
La marque de l'État : quelques bonnes pratiques rédactionnelles II
1.10 Négations
En français, les négations se construisent avec l’adverbe « ne pas ». N’utilisez pas de demi-négation (« Le salarié ne peut refuser sa formation... ») et ne multipliez pas les négations (« L’adoption n’est pas possible pour les couples non mariés »).
Par ailleurs, quand c’est possible, exprimez les négations par la forme affirmative : préférez « Il est encore temps pour... » à « Il n’est pas trop tard pour... ».
1.11 Nombres
En communication écrite, écrivez les chiffres (de un à neuf) en toutes lettres et les nombres avec des chiffres (18 ans, 20 000 participants).
Toutefois, « millions » et « milliards » s’écrivent en toutes lettres : « 66,9 millions de Français», « 70 milliards d’euros ».
1.12 Ponctuation
À utiliser sans réserve : le point. Plus vous l’utilisez, plus vos phrases sont courtes.
À utiliser raisonnablement : la virgule. Évitez les phrases trop longues, en apposition ou les constructions complexes.
À utiliser rarement : les points de suspension et le point d’exclamation. Ces signes apportent une emphase ou un suspense qui sont rarement utiles ou souhaitables.
À ne pas utiliser : le point-virgule. Son usage est de moins en moins courant et peut avoir une connotation pompeuse.
1.13 Sigles et acronymes
Les sigles sont des ensembles de lettres initiales prononcées une à une pour former un mot (FMI, LGBT, TGV, TVA). Les acronymes sont des sigles particuliers qui se prononcent comme des mots (ASSEDIC, DOM-TOM, HADOPI, MEDEF, INSEE, URSSAF, ZEP).
Quand le sigle est évidemment connu du citoyen (TGV, TF1, TVA, URSSAF), il n’est pas nécessaire d’énoncer les mots qui se cachent derrière chaque initiale.
Dans le cas contraire, précisez les mots qui composent le sigle ou l’acronyme entre parenthèses : « Le FMI (Fond Monétaire International) ». Dans la suite du texte, contentez-vous du sigle ou de l’acronyme.
En cas de doute, partez du principe que le citoyen ne connaît pas la signification du sigle.
1.14 Sources
Pour garantir une information fiable et objective aux citoyens, il est indispensable de toujours citer la source d’une information. Celle-ci sera indiquée entre parenthèses : (Source : XX)
Je n’ai jamais dit – ni écrit – autre chose depuis des dizaines d’années !
Une seule exception : je ne bannis pas le point-virgule et je ne vois en quoi il peut avoir une connotation pompeuse.
Bonne année à tous !
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04/01/2021
La marque de l'État : quelques bonnes pratiques rédactionnelles I
On trouve sur le site internet du Gouvernement ces bonnes pratiques dignes d’être mémorisées et appliquées. Qu’on se le dise !
1.1 Abréviations
Sauf exception, les abréviations sont interdites. Écrivez en toutes lettres article, avenue, baccalauréat, boulevard, exemple, Journal Officiel, Madame, Maître, Monsieur, premier, procès-verbal, rendez-vous, sans domicile fixe, Saint / Sainte, s’il vous plaît.
Exceptions répertoriées : cf., etc., HT, NB, n°, les unités de mesure, de longueur et de temps (20 kg, 200 km, 20h).
En cas de doute, préférez toujours la version non-abrégée.
1.2 Anglicismes
Les anglicismes sont interdits quand un équivalent existe en français courant.
Par exemple :
ANGLICISME À ÉVITER |
ÉQUIVALENT EN FRANÇAIS COURANT À PRIVILÉGIER |
|
courriel |
challenger |
mettre au défi |
data |
données |
feedback |
commentaires |
forwarder |
transférer |
implémenter |
mettre en place |
manager |
responsable |
meeting |
réunion |
process |
procédure ou processus |
Certains anglicismes sont autorisés (Internet), certains autres sont tolérés mais à éviter (parking).
1.3 Citations
Toute citation doit être écrite entre guillemets à la française « » et précédée ou suivie de sa source. Les éventuelles ellipses dans le discours sont indiquées par des points de suspension entre parenthèses (...) et les éventuelles adaptations par des crochets [XX].
Selon le Premier ministre, « La réunion interministérielle s’est très bien passée (...), nous pouvons nous réjouir de nombreuses avancées ».
« Le Premier ministre a trouvé que « la réunion interministérielle [s’était] très bien passée ».
1.4 Conjonctions de coordination
Mais, ou, et, donc, or, ni, car : limitez autant que possible leur utilisation à une seule conjonction de coordination par phrase.
1.5 Dates et horaires
Pour les dates, utilisez les chiffres, à part pour les mois qu’il faut écrire en toutes lettres et sans majuscule : 28 novembre 2019.
Pour les horaires, utilisez seulement les chiffres et abrégez « heures » en « h » : 20h00.
1.6 Figures de style
Évitez le recours abusif aux figures de style (en particulier, les métaphores) qui nuisent à la fluidité et la lisibilité de l’information.
1.7 Français ou français ?
En général, les noms de peuples ou d’habitants prennent toujours une majuscule : les Français, les Parisiens, les Bretons.
Dans tous les autres cas, on écrit « français » sans majuscule.
« Les Français parlent le français. »
1.8 Italique
En communication écrite, n’utilisez l’italique que dans trois cas :
- pour souligner un mot,
- mettre une phrase ou une citation en exergue,
- lorsqu’un mot est issu d’une langue étrangère.
Dans ce troisième cas, indiquez si besoin de quelle langue le mot provient et sa traduction littérale en français entre guillemets.
1.9 Majuscules, fonctions et ministères
- Les institutions prennent une majuscule : le Gouvernement, le Ministère des Armées, le Sénat, l’Assemblée nationale.
- Les fonctions et titres sont toujours en minuscules.
« Le préfet de Police de Paris a fait une déclaration à la presse »
Exception : on écrit « le Préfet » avec une majuscule quand on ne mentionne pas « de Police de Paris » (dans le cas d’un texte où il est cité plusieurs fois, pour éviter de trop lourdes répétitions).
« Le Préfet est venu hier à la réunion des partenaires. »
Le terme caractérisant la fonction ou le titre prend toujours une majuscule et son terme épithète éventuel est en minuscule.
« Le président de la République a reçu le Premier ministre et le ministre de l’Éducation nationale. »
Pour le reste, les règles grammaticales usuelles s’appliquent, les majuscules n’apparaissent que dans trois cas :
- pour les débuts de phrase,
- pour les noms propres,
- pour les sigles.
Les majuscules portent accent et cédille comme les minuscules : écrivez « l’État français » et non pas « l’Etat français ».
Sauf exception, n’écrivez jamais un texte tout en majuscules. Pour mettre en valeur un titre ou un paragraphe par rapport au reste d’un texte, augmentez la taille de la police et/ou graissez la typographie. Dans certains cas seulement, vous pouvez souligner.
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24/12/2020
Il y a un après à Saint Germain des Prés...
Rien à voir avec la magie de Noël, avec nos souvenirs d’enfance, ni avec ce Noël de la COVID-19 et son réveillon sans couvre-feu !
Ce billet est seulement un coup de projecteur sur quelques articles que j’avais gardés « sous le coude » (comme on dit)…
D’abord le « Prenons-les au mot » de Samuel Piquet dans le Marianne du 6 novembre 2020. Il y remarque, force tueries à l’appui, que le mot « neutraliser » remplace maintenant dans les médias le terrible mot « tuer », quand il s’agit de terroristes, qui « rejoignent ainsi la grande famille des morts par euphémisme, constituée par tous ceux qui ont disparu ou se sont éteints ». Étymologiquement, le mot signifiait « rester neutre » ; il a pris le sens de « annuler », « empêcher d’agir » ou « rendre inoffensif » au XVIIIème siècle. Or, de nos jours, on ne « neutralise » un assassin qu’après qu’il a commis un crime… « On le rend inoffensif, certes, mais un peu tard ». Comme d’habitude avec Samuel Piquet, l’humour et la virtuosité littéraire ne sont jamais loin ; il conclut en effet : « Faut-il en conclure qu’une société impuissante à enrayer le terrorisme islamiste cherche à compenser cet échec par les mots ? (…) Ce qui est certain, en revanche, c’est que l’emploi de neutraliser est tout sauf neutre ».
Le même Samuel Piquet a signalé dans le même Marianne – mais celui du 26 juin 2020 – que l’écrivain J.-K. Rowling, que l’on ne présente plus, a subi une campagne d’intimidation sur les réseaux sociaux pour avoir déclaré que seules les femmes ont leurs règles… Devinez donc qui était censé être victime de discrimination ; réponse en bas de ce billet. Toujours est-il que, dans la foulée, un groupe d’employés de Hachette en Grande-Bretagne, a exprimé son refus de travailler dorénavant sur ses romans ! Sanctionnée pour avoir écrit des banalités !
Un malheur n’arrivant jamais seul, la réaction de l’éditeur, en apparence ferme et sensée, apporte quand même sa pierre à l’édifice de la bienpensance généralisée : « La liberté d’expression est la pierre angulaire de l’édition. Nous croyons fondamentalement que chacun a le droit d’exprimer ses propres pensées et croyances (…) Nous ne ferons jamais travailler nos employés sur un livre dont ils trouvent le contenu bouleversant pour des raisons personnelles mais nous faisons une distinction entre cela et le refus de travailler sur un livre parce qu’ils sont en désaccord avec le point de vue d’un auteur » ! Il y avait déjà ces relecteurs que les Américains ont inventés sous le nom de sensitivity readers et qui sont chargés de repérer dans les œuvres les contenus potentiellement offensants ; faudra-t-il que les écrivains s’entourent de relecteurs de leurs déclarations sur les réseaux sociaux ? Comme dit Samuel Piquet : « On n’arrête pas le progrès ».
Et ce progrès-là arrivera un jour ou l’autre en France, malheureusement, n’en doutons pas… De même que les États-Unis nous ont déjà exporté une version à peine adaptée de leur « Black Lives Matter », avec ce mouvement réclamant de déboulonner des statues et de débaptiser des rues (alors que nous avons déjà nombre de boulevards Nelson Mandela et autres grandes figures universelles). Il est vrai que de ce côté-ci de l’Atlantique, ils sont bien aidés dans leur exportation ! Voir la chronique de Benoît Duteurtre dans le même numéro de Marianne.
Toujours dans le registre du soft power états-unien qui continue à nous américaniser (souvent pour le pire), 75 ans après le débarquement en Normandie, il y a cet autre billet de Benoît Duteurtre, à propos de la réédition bienvenue, par sa fille, des chansons de Guy Béart. Dans un disque d’hommage, Emmanuelle n’a rien trouvé de mieux à faire que de transformer les paroles célèbres de son paternel : « Qu’on est bien dans les bras d’une personne du sexe opposé » et de chanter celle-ci avec Thomas Dutronc – autre fils à papa, si j’ose dire – : « Qu’on est bien dans les bras d’une personne qui nous va » ! Quelle trahison et quelle lâcheté et quelle bienpensance ! Ou alors quel sens de la mercatique (ne pas braquer quelques acheteurs potentiels) !
Oublions ces niaiseries et réécoutons Béart chanter « Vive la rose », « Les grands principes » « L’eau vive » et « Il n’y a plus d’après à Saint Germain des Prés ».
Ah, j’allais oublier… La réponse est : les transgenres.
Bon Noël à tous !
16:50 Publié dans Actualité et langue française, Béart Guy, Chanson, Franglais et incorrections diverses | Lien permanent | Commentaires (0)