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15/06/2017

Jacques Brel et son double : Arnaud Askoy

Jacques Brel.jpgBenoît Duteurtre – à qui je consacre quelques billets à propos de son livre « Pourquoi je préfère rester chez moi » (trois sont en ligne à ce jour) – collabore épisodiquement au journal Marianne. Dans le numéro du 28 avril 2017, sous le titre « Rousseau contre Rameau », il dissertait sur les difficultés supposées du français (comparées par exemple à l’italien) quand on l’utilise dans le chant, difficultés dont Rousseau faisait ses choux gras. Et voici ce qu’écrivait notre critique musical : « Dépourvue d’accent tonique, la langue française pose en effet des problèmes musicaux spécifiques qui resurgiront tout au long de son histoire, jusqu’à la chanson à texte d’un Georges Brassens qui tire merveilleusement parti de l’intonation monocorde ».

Et Brel, il tirait aussi parti de l’intonation monocorde ?

Balivernes que tout cela !

Eh bien, moi, je ne suis pas resté chez moi ; et je suis allé écouter un interprète époustouflant de Brel, justement : Arnaud Askoy

Arnaud Askoy.jpgCet homme décontracté aux allures de jeune premier se métamorphose dès qu’il entonne « Mathilde », « Les vieux » ou « Amsterdam ». Il « vit » ces chansons mythiques et tout à coup, c’est comme si le Grand Jacques – mort il y a quarante ans – était de nouveau là, devant nous. 

Et c’est l’occasion de redécouvrir encore et encore la puissance évocatrice, la pertinence, la richesse poétique, la langue merveilleuse des chansons du plus célèbre des Belges.

Allez écouter Arnaud Askoy, qui vient de mettre au point un spectacle avec sept musiciens qui tournera en Île-de-France à partir de mars 2018 !

12/06/2017

Au revoir, AZERTY détesté !

Ce n’est pas le dernier cadeau d’Audrey Azoulay, éphémère ministre de la Culture de la Présidence Hollande (un peu plus d’un an…), demeurée largement inconnue, aux amoureux de la langue française et aux défenseurs du Bien écrire ; c’est celui de Fleur Pellerin, qui l’a précédée comme titulaire de ce portefeuille à peu près unique au monde, et alors là, merci, mille fois merci ! 

AZERTY.pngSource : Le clavier AZERTY des Français va-t-il changer? Par LEXPRESS.fr avec AFP, publié le 07/06/2017 à 21:25 

L'AFNOR a été chargée en 2015 par le ministère de la Culture de réfléchir à un dépoussiérage du clavier AZERTY, permettant notamment de taper plus facilement les caractères spéciaux courants. L'AFNOR a associé à sa réflexion les fabricants d'ordinateurs, les éditeurs de logiciels, l'Imprimerie nationale, des linguistes et des spécialistes des affections de la main. 

Elle a lancé cette semaine et jusqu'au 9 juillet, une enquête publique. Objectif : recueillir des commentaires à son projet d'amélioration du clavier français azerty, proposant une version améliorée et une option "bépo" plus iconoclaste.  

Le but était "de répondre aux besoins dactylographiques de notre temps en augmentant les possibilités d'écriture, pour permettre à chacun d'écrire selon ses préférences et selon les règles qu'il s'impose", a-t-elle expliqué dans un communiqué. 

La première option est un clavier "AZERTY" amélioré, dans lequel les lettres et les chiffres ne changent pas de place, contrairement à d'autres signes tels que certaines voyelles accentuées, l'arobe (@) ou les accolades. Les majuscules accentuées sont aussi rendues possibles et les guillemets français moins difficiles à trouver, tandis que le point devient accessible sans passer par la touche majuscule. 

L'autre possibilité est un clavier "bépo" dans lequel l'arrangement des touches est basé sur une étude statistique de la langue française. Les lettres les plus fréquentes sont placées au milieu, ainsi que la virgule, afin de limiter les efforts et donc la fatigue musculaire. 

La consultation est accessible à l'adresse

enquête AFNOR sur le clavier français

mais il faut s'identifier, y compris pour consulter les documents. 

« Tout le monde ou presque utilise un clavier aujourd'hui, donc nous nous attendons à recevoir beaucoup de commentaires, comme en témoignent les échanges sur Twitter autour du mot-dièse #clavierfrançais », a commenté Philippe Magnabosco, le chef du projet à l'AFNOR. 

Amis lecteurs, connectez-vous à cette adresse et donnez votre avis, en l’occurrence l’urgente nécessité que les Français et les francophones ne soient plus handicapés par des outils d’usage quotidien totalement inadaptés à leur langue ! Cela passe par le clavier mais cela devra aussi concerner un jour ces adresses sur internet et dans les réseaux sociaux dans lesquelles nos signes diacritiques (é, à, ç, œ, etc.) n’ont pas droit de cité (et ne parlons pas d’accentuer les majuscules) ! 

Cela fait des années que je mène ce combat – dans ce blogue et bien avant lui – ; aujourd’hui une lueur apparaît, ne la laissons pas s’éteindre !

Sur la forme, bien sûr plusieurs solutions pour ce clavier, dont la plus simple me paraît être des touches « à bascule » : é/É, à/À, ç/Ç (ce qui est déjà le cas sur l’iMac, soit dit en passant), que l’on pourrait étendre à œ/Œ, l’accent circonflexe s’ajoutant grâce à une touche spécifique, que ce soit en minuscule ou en majuscule. Il faudrait par ailleurs que tous les claviers soient identiques, les lettres étant toujours aux mêmes places.

08/06/2017

Irritations linguistiques XLIX : Sa Majesté

Il arrive que nos amis américains annexent un mot latin… On avait eu le cas avec le fac simile, abrégé en fax, que la plupart des Français à l’époque (à l’époque où l’appareil concerné trônait dans tous les bureaux) avaient préféré au mot « télécopie » – copie à distance.

Aucune surprise de ce côté-ci de l’Atlantique puisque l’on se rue sur les néologismes de l’Oncle Sam, surtout quand ils sonnent « anglo-saxon » mais aussi quand ils trahissent leur origine « classique ».

Élisabeth II.jpgDernier avatar : les alumni ! Pendant très, très longtemps, les diplômés des Grandes Écoles françaises devenaient après leurs études des « Anciens Élèves », qu’ils adhèrent ou non à l’association éponyme. La plupart se présentaient même simplement comme « diplômé de… » ou « ingénieur de… » (suivi du nom de l’École). Seuls, pratiquement, les diplômés de l’École Polytechnique se baptisaient « Ancien élève de l’École Polytechnique ». Bon, tout cela fonctionnait tranquillement et ne dérangeait personne, d’autant que le vocable « Ancien élève » disait parfaitement ce qu’il voulait dire.

Subitement, et comme une traînée de poudre, les Associations en question – se sont-elles donné le mot ? – ont trouvé urgent et fondamental de rebaptiser leurs diplômés « alumni ». Je situe le basculement vers 2015 – sans en être sûr – et par ailleurs je n’ai aucune idée de la raison de ce changement.

Alumnus en latin, cela signifie « disciple, élève », voire « nourrisson, enfant », et donc non spécialement « ancien élève » ni « ancien enfant »…

Mais bon, les Américains en ont décidé ainsi, tout le monde suit. Très peu des suiveurs sans doute savent que « alumni » est un pluriel et que donc personne ne peut se dire « alumni » !

Il est particulièrement savoureux (et désespérant) que cette conversion à notre langue-matrice se produise au moment où Mme Belkacem – ex-Ministre et donc ex-alumna de M. Hollande – a pratiquement supprimé l’étude du latin au collège (et donc au lycée), pour la remplacer par ses fumeuses études pluridisciplinaires (restons modéré ! Mme Belkacem n’est ni pour ni contre le latin ; elle n’avait sans doute pas d’avis sur la question ; mais elle a officialisé les avis de ses conseillers et de son Administration). 

Reine d'Angleterre.jpgLe 7 juin 2017, vers 6 h 45, j’ai eu une autre occasion de m’esclaffer en écoutant M. Antony Bellanger dans le 5-7 de France Inter. Ce monsieur nous narrait le sombre destin d’un bateau coulé quelque part dans les mers du Sud et dont les parties métalliques sont systématiquement désossées par des ferrailleurs des mers (à but très lucratif). Son reportage a commencé bizarrement par « Elle repose par 36 m de fond… » et tout de suite il a cru bon d’expliquer « car vous le savez sûrement, les navires sont du genre féminin en anglais » ! Oui, vous avez bien lu, M. Bellanger, journaliste, a découvert le genre des mots anglais ! Ne serait-ce pas ça la théorie du genre ?

Mais, en fait, il a raison ! Voici ce qu'en dit Wikipedia : Le féminin (« la » Bounty) a semble-t-il été généralement utilisé en français, soit parce que Bounty signifie « Bonté », soit par simple respect de l'utilisation systématique du féminin en anglais pour les noms de navires. Et il est vrai que, quand on parle de la robe d'une fille, on dit bien : her mini-skirt !

Ça m’a fait penser au regretté John Lennon 

« Her Majesty’s a pretty nice girl

but she doesn't have a lot to say

Her Majesty's a pretty nice girl

but she changes from day to day

I want to tell her that I love her a lot

But I gotta get a bellyful of wine

Her Majesty's a pretty nice girl

Someday I'm going to make her mine, oh yeah

someday I'm going to make her mine ».

Naturellement ici « Her » a le même rôle vis-à-vis de « Majesty » que dans le nom de notre navire mais, en revanche, le « s » de « Majesty » ne désigne pas le génitif mais remplace l’auxiliaire « is ».

Version 2 du 10 juillet 2017 (avec mes excuses à Antony Bellanger...)