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20/10/2014

Point de vue d'un informaticien de haut vol (II)

B. Meyer dénonce également l’excès de purisme, qui fait proscrire certaines locutions ou tournures au nom de l’étymologie ou d’obscurs principes. Il voit là l’origine de la grande distance qui existe en français entre la langue écrite et la langue parlée.

Il s’insurge ainsi contre l’interdiction du « malgré que » (dire bien que), du « par contre » (dire a contrario ou en revanche), du « ceci » appliqué à ce qui précède (dire cela dit).

Et il est vrai que ceux de ma génération ont été éduqués avec ces règles. Et en plus, on ne devait pas dire « atmosphère » mais ambiance, ne pas confondre « apporter » et « amener »…

B. Meyer a comme référence Maurice Grévisse et son « Bon usage », pour lequel le juge de paix est l’emploi par les grands écrivains. Ainsi Littré condamnait « par contre » mais pas Stendhal, Gide, Giraudoux et France…). Donc Grévisse l’acceptait…

De même, Victor Hugo écrit-il, dans son poème « Une nuit à Bruxelles » (L'année terrible) :

Aux petits incidents il faut s'habituer.
Hier on est venu chez moi pour me tuer.
Mon tort dans ce pays c'est de croire aux asiles.
On ne sait quel ramas de pauvres imbéciles
S'est rué tout à coup la nuit sur ma maison.
Les arbres de la place en eurent le frisson,
Mais pas un habitant ne bougea. L'escalade
Fut longue, ardente, horrible, et Jeanne était malade.
Je conviens que j'avais pour elle un peu d'effroi.
Mes deux petits-enfants, quatre femmes et moi,
C'était la garnison de cette forteresse.
Rien ne vint secourir la maison en détresse.
La police fut sourde ayant affaire ailleurs.
Un dur caillou tranchant effleura Jeanne en pleurs.
Attaque de chauffeurs en pleine Forêt-Noire.
Ils criaient : Une échelle ! une poutre ! victoire !
Fracas où se perdaient nos appels sans écho.
Deux hommes apportaient du quartier Pachéco
Une poutre enlevée à quelque échafaudage.
Le jour naissant gênait la bande. L'abordage
Cessait, puis reprenait. Ils hurlaient haletants.
La poutre par bonheur n'arriva pas à temps.
" Assassin ! - C'était moi. - Nous voulons que tu meures !
Brigand ! Bandit ! " Ceci dura deux bonnes heures.
George avait calmé Jeanne en lui prenant la main.
Noir tumulte. Les voix n'avaient plus rien d'humain ;
Pensif, je rassurais les femmes en prières,
Et ma fenêtre était trouée à coups de pierres.
Il manquait là des cris de vive l'empereur !
La porte résista battue avec fureur.
Cinquante hommes armés montrèrent ce courage.
Et mon nom revenait dans des clameurs de rage :
A la lanterne ! à mort ! qu'il meure ! il nous le faut !
Par moments, méditant quelque nouvel assaut,
Tout ce tas furieux semblait reprendre haleine ;
Court répit ; un silence obscur et plein de haine
Se faisait au milieu de ce sombre viol ;
Et j'entendais au loin chanter un rossignol.

 (extrait du site http://poesie.webnet.fr que je vous recommande)

 

Donc, s’il l’on en croit Grévisse, il faudrait accepter « Ceci dit… ».

Disons en passant que je ne suis guère convaincu par cette partie de la démonstration de B. Meyer.

Dans le billet suivant, je présenterai son analyse sur les différences entre le français et l’anglais, en lien avec le lexique informatique.

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