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16/01/2017

Ah, le cher homme (Macron, Humboldt et Bock-Côté)

Il s’insurge contre la fascination « indécente » du système médiatique français pour Emmanuel Macron ; ce n’est pas pour cela que je l’aime.

Il collabore régulièrement au Figaro ; ce n’est pas pour cela non plus…

Il est sociologue et chargé de cours à HEC Montréal ; non plus.

Il est Québécois, ça pourrait être une raison mais non…

Non, je me suis exclamé « Ah, le cher homme ! » quand j’ai lu l’article de Mathieu Bock-Côté dans le Figaro de la semaine dernière, intitulé « Emmanuel Macron, ou le délire de l’anglomanie des élites françaises » (soit dit en passant, c’est un titre à la Beaumarchais…). 

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Ce monsieur, qui doit lire « Le bien écrire » depuis qu’il est tout petit, a trouvé « loufoque » que Emmanuel Macron, en conférence de campagne à la Humboldt Universität (l’université la plus prestigieuse de Berlin, celle qui a vu passer les plus grands esprits du XIXème siècle et du début du XXème, ainsi que quelques belles rebelles), s’adresse aux Allemands… en anglais ! 

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Quel snobisme, quelle soumission à l’Empire, aurais-je écrit dans mon blogue si M. Bock-Côté m’en avait laissé le temps ! Quel délire anglo-maniaque, écrit-il dans son article ! Nous sommes bien sur la même longueur d’onde. 

Il faudrait tout citer de cet article, je me contenterai de ces quelques passages :

« À notre connaissance, l’anglais n’est pas encore la langue nationale en Allemagne ».

« Derrière ce choix, il y a peut-être une mode mais surtout une malheureuse démission culturelle ».

« Cet européiste croit manifestement que c’est en anglais que se construira l’Europe ».

« Dante, Goethe, Chateaubriand appartiennent à toute l’Europe dans la mesure même où ils étaient respectivement et éminemment italien, allemand et français. Ils n’auraient pas beaucoup servi l’Europe s’ils avaient été des apatrides et s’ils avaient pensé et écrit en quelque espéranto ou volapück intégré » (Charles de Gaulle).

« Comment ne pas voir dans l’anglomanie des élites françaises une forme de dévalorisation de soi, comme si le français était la langue d’un monde déclassé ? ».

« On s’inquiète aujourd’hui avec raison pour la diversité du monde, compromise par une culture globale imposant ses codes dans toutes les capitales. N’est-ce pas justement la vocation singulière de la France d’incarner une résistance à cet impérialisme qui ne dit pas son nom ? ». 

Et il conclut : « Hélas, en renonçant à incarner la France à l’étranger, en réservant finalement la langue française aux nationaux, désormais traités comme des provinciaux inadaptés aux exigences de la mondialisation, Emmanuel Macron révèle l’idée assez pauvre qu’il se fait du pays dont il veut être le président ». 

Oui, probablement, M. Macron se fiche de toutes ces considérations. Et si son discours en anglais n’était que de la frime, uniquement destinée aux médias français, aux bobos de Paris et aux gogos d’ailleurs ? 

Je suis content que ce soit un Québécois qui l’ait dit.

Vive le Québec… !

14/01/2017

Devinette XVIId : auteurs français du XVIIIème siècle

Quand on arrive au XVIIIème, tout s’éclaire ; c’est le siècle des Lumières (exorde facile, j’en conviens). Exit le théâtre classique et le roman ; priorité au discours philosophique, politique, social. L’époque encaisse le coup de la fin du Grand Siècle (la Régence de Philippe d’Orléans) et se termine avec la Révolution française. Nous voici en compagnie de Montesquieu, Voltaire, Rousseau, Diderot.

Rappelez-vous les cours de français au lycée : « les Lettres persanes » et « De l’esprit des lois », la séparation des pouvoirs (Montesquieu), le « Traité sur la tolérance », « Candide », « Le siècle de Louis XIV » (Voltaire), « Les confessions » et « Du contrat social » (Rousseau), l’encyclopédie (Diderot). 

Il y a quand même des auteurs dramatiques : Marivaux (« Le jeu de l’amour et du hasard»), d’où le marivaudage, et Beaumarchais (« La folle journée, ou le mariage de Figaro », « Le barbier de Séville, ou la précaution inutile »), ainsi que des romanciers, plus ou moins libertins ou sulfureux : Sade et Choderlos de Laclos.

Mais les géants se profilent au tournant du siècle suivant…

12/01/2017

Irritations linguistiques XL : accords, désaccords

Je ne suis pas toujours irrité, linguistiquement parlant… !

Ainsi, l’autre jour, ai-je lu – mais sans trop y croire – un article réconfortant sur le rayonnement du français ; une étude de l’INSEAD (tiens, que vient faire ici le prestigieux établissement d’enseignement supérieur de Fontainebleau, dans lequel M. Montebourg vient de faire ses classes de dirigeant d’entreprise ?) établirait que le français serait la troisième langue la plus parlée dans le monde des affaires, après l’anglais et le mandarin (NDLR : mais la seule parlée sur les cinq continents…) et devant l’espagnol. Soit dit en passant, si l’on mentionne le mandarin et non pas le chinois, c’est que ce dernier n’existe pas. L’étude, largement reprise dans la presse (Le Figaro, Huffington Post, Le Parisien, la Dépêche, etc.), indique que le français perdrait une place au profit de l’espagnol vers 2050, ce qui n’est pas conforme aux projections de l’Organisation internationale de la francophonie, qui table au contraire sur une extension liée à la démographie de l’Afrique subsaharienne. Mais c’est peut-être à rapprocher de l’essor de l’espagnol aux États-Unis, qui tend à devenir sa deuxième langue.

Bref cette nouvelle était plutôt encourageante.

Hélas, en feuilletant des coupures de presse que je tiens en réserve pour les jours de vaches littéraires maigres, je suis tombé sur une annonce fracassante du Figaro Magazine, le 10 avril 2015 : « Le cross du Figaro devient les Running Days ». Comme un malheur n’arrive jamais seul, on apprend que la course, créée en 1961 (à l’époque du grand Michel Jazy), s’appelait déjà, en fait, « Le cross du Figaro New Balance », ce qui était déjà traumatisant et qu’elle était rebaptisée « Les Running Days du Figaro New Balance ». Alors, évidemment, on est curieux de savoir ce qui a poussé le Figaro, parangon de vertu patriotique et culturelle, à adopter cette nouvelle signature. Eh bien, c’est tout simple : « Pour répondre à la demande d’un nouveau public en attente d’événements festifs et conviviaux, tout en conservant l’héritage sportif de la course mythique ». Vous voyez le rapport ? Moi non plus. Sauf à considérer que pour être festif et convivial, il faut se vendre aux marchands et porter un nom américain…

Du même journal, je préfère nettement l’espace « Langue » de son site internet, dans lequel on dénonce régulièrement les aberrations du langage quotidien, en particulier, au bureau, où fleurissent les insupportables « ça marche », « ça l’fait » et « yes ». Insupportables d’ailleurs non pas parce qu’ils sont nouveaux ou curieux mais uniquement parce qu’ils deviennent des tics de langage et remplacent toute recherche du mot juste, de l’expression adaptée à la situation.

Dans un réseau « social » professionnel, je me suis récemment insurgé contre l’abus de franglais dans un article, par ailleurs intéressant, consacré à la disparition souhaitée de la lettre de motivation. J’avais signalé que l’utilisation systématique de termes comme « pitch », « mail » et compagnie, nuisait à la lisibilité et donc à l’attrait du discours. Cela étant ma critique sur la forme restait modérée et ne m’empêchait pas de donner mon avis sur le fond.

Et voici ce que j’ai reçu en « commentaire », non pas de l’auteur de l’article mais d’un quelconque lecteur, étudiant comble de tout à l’Université du Québec à Montréal ! « Faire éclater son anglophobie (sic !) sur un site nommé XXXX, c’est une démarche humoristique ? Sinon, je vous renvoie à la langue d’oïl (?). Vous y trouverez une co-évolution de ces deux langues avec des racines et des échanges qui ont permis de bâtir l’assise de deux grandes cultures. L’ouverture d’esprit apaise les mœurs ; en d’autres termes, mettez du miel dans vos paroles, nous ne sommes pas sur un vulgaire réseau social où règne Troll (merci la Suède) et immateurisme (je vous laisse apprécier ce mot-valise de mon cru) ».

Je vous fais grâce de l’intégralité de ma réponse car vous, lecteurs, connaissez mon argumentation et mon zèle au service du beau langage. Mais en voici la péroraison : « C’est drôle comme tous ceux à qui l’on reproche de parler franglais, montent tout de suite sur leurs grands chevaux, attaquent avec virulence, opposent les mêmes arguments historico-linguistiques (qui sont exacts mais hors-sujet) et vont jusqu’à convoquer la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen (j’exagère, vous n’avez pas osé) ».

Là dessus, qu’ouï-je ?

Que d’après un éminent professeur au Collège de France, qui vient de publier une Histoire mondiale de la France, l’édit de Villers-Cotterêts, signé par François 1er, ne serait qu’une décision de remplacer le latin par le français et ne pourrait donc pas être invoqué par la France pour refuser de signer la convention européenne reconnaissant les langues régionales… Bigre ! Jusqu’où va donc nous embarquer le traité de Maastricht ?