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21/09/2015

Découvrons Guillaume Musso

Dans le billet "Que valent les best sellers ?", il était question de Guillaume Musso, écrivain français que je n'ai pas lu mais qui vend des millions de livres à travers le monde (en 2013, à 38 ans, il en avait vendu seize millions et avait été traduit en 36 langues).

J'ai retrouvé récemment une revue d'entreprise qui l'avait interviewé en juin 2013 et cet article me l'a rendu sympathique.

Né à Antibes en 1974, ancien professeur de sciences économiques et sociales en Lorraine, enseignant à Valbonne pendant cinq ans, il explique ainsi, en toute modestie, son processus de création littéraire : "Il y a un premier niveau de lecture purement divertissant. On tourne les pages en entrant dans l'histoire comme dans un bon film. puis un deuxième niveau, où je parle de sujets qui me touchent au moment de l'écriture"… "J'ai toujours été fasciné par la douleur que les hommes étaient capables de s'infliger en étant constamment tourmentés par les regrets d'hier ou en imaginant ce que pourrait être demain. Trop souvent, on attend de se retrouver le dos au mur pour comprendre que seul le moment présent compte"… "J'accepte les choses sur lesquelles je n'ai pas de prise. Et je me bats pour celles que je peux faire évoluer".

Ses infuences : le cinéma américain, Alfred Hitchcock, Stephen King, Richard Matheson, René Barjavel, Jean-Christophe Grangé, la série "La quatrième dimension"...

"Depuis L'appel de l'ange, j'écris des romans à suspense psychologique, où un personnage ordinaire est embarqué dans la spirale de l'aventure. Mes trois derniers livres m'ont apporté de nouveaux lecteurs (NDLR : j'aurais dit "m'ont amené…"), plutôt masculins d'ailleurs, qui ne s'autorisaient pas à me lire avant, pensant que je n'écrivais que des romances, voire des bluettes ou des histoires fantastiques".

Le journaliste de la revue lui dit : "Votre écriture est très visuelle, les chapitres sont courts, l'action avance vite".

"J'aime travailler tous les jours, de 9h à 19h30, dans un lieu différent de mon appartement… J'écris dix mois de l'année sur douze. Un cycle scolaire est découpé et organisé…".

"Le seul contrat implicite que je me fixe est d'essayer d'écrire chaque fois des histoires qui vont offrir à mes lecteurs quelques heures d'évasion et de dépaysement".

Seras-tu là (G. Musso).jpgAu total, un type sûr de lui, avec des idées simples et saines, imprégné du mythe américain et donc en phase avec l'époque, plutôt "écrivain professionnel" que "écrivain maudit", qui s'estime heureux et poursuit son petit bonhomme de chemin (un roman par an), sans rien demander à personne ni se prendre pour Balzac, plutôt sympathique en somme...

Ses romans les plus connus : "Skidamarink" (le premier en 2001), "Et après…" (2004), "L'appel de l'ange", "Demain" (2013) et le dernier "L'instant présent" (2015).

 

 

 

 

20/09/2015

Comment prononcer Crédit agricole ?

Je vous avais parlé, le 18 septembre 2015, de l'interrogation de Damien Jullemier à propos de la prononciation d'une expression comme "Crédit agricole" (qui est une marque en l'occurrence).

Il est vrai que la prononciation du français est une calamité : songeons à "fils (à papa)" et "fils d'Écosse" ou à "Il est excellent" et "Ils excellent"...

Je reproduis ci-dessous les règles que Damien Jullemier a trouvées dans le "Traité de prononciation française" de Pierre Fouché.

On ne fait pas la liaison entre un substantif singulier et un adjectif :

               un enfant | intelligent

               un teint | olivâtre

               un vent | impétueux

               un bruit | affreux

               un goût | exécrable

               un coup | imprévu

               un nez | aquilin

               un rang | excellent

               l'univers | entier

               un remords | accablant

               un mets | agréable

Mais on fait cependant la liaison dans les locutions toutes faites :

               accentaigu

               droitacquis (ah bon ?)

               un tempsaffreux (la pratique n'est plus celle-là aujourd'hui…)

Même si l'on prononce fait, joug sans faire sentir la consonne finale, on fait la liaison dans :

               faitaccompli

               faitacquis

               faitauthentique

               faitindiscutable

               un faitexprès

               jouginsupportable (la pratique n'est plus celle-là aujourd'hui…)

•               jougodieux (la pratique n'est plus celle-là aujourd'hui…)

•               le caséchéant

Crédit agricole.png

Tout dépend donc de la manière dont on considère l'expression « Crédit agricole ». Si on lui applique la règle générale, on ne fait pas la liaison : Crédit | agricole. Mais si on la considère comme une locution toute faite (et ce peut être en particulier le cas des employés du Crédit agricole envers leur propre société), alors on fait la liaison : Créditagricole.

19/09/2015

Bien sûr qu'il faut un quota de chansons françaises dans les programmes radiophoniques

Or donc, que raconte l'article de Libération du 16 septembre 2015 que je mentionnais dans le billet d'hier ?

Malgré son sous-titre qui semble indiquer que la cause est entendue, il est factuel et équilibré (bien sûr, on aurait pu espérer qu'il s'engageât clairement en faveur des quotas…). Il y a une sorte de guerre de tranchées entre les producteurs de disques et les diffuseurs, en l'occurrence les radios.

On sait que ces médias, beaucoup écoutés par les jeunes il y a dix ou vingt ans, ont l'obligation de passer à l'antenne 40 % de chansons francophones. Aujourd'hui, ils prétendent que cette règle serait inapplicable faute de "candidats", c'est-à-dire faute de chansons en français (moins 66 % en dix ans) !

Les producteurs, de leur côté, contestent, chiffres à l'appui, cette baisse et reprochent aux radios de se concentrer sur quelques artistes et quelques titres qu'ils passent à longueur de journée, et de ne pas aller voir (écouter !) ailleurs. En 2013, NRJ a limité sa diffusion francophone à dix titres seulement ! Par ailleurs cette pratique sert aussi les producteurs puisque c'est elle qui permet de fabriquer des "tubes"...

Le paradoxe est que, d'une part, sur 20 albums vendus, 17 sont en français et que, d'autre part, la francophonie est de moins en moins audible à la radio (moins 47 % entre 2009 et 2015 !). Mais tous ces chiffres sont contestés...

électrophone 33 tours.jpg

Dans les années 90 et 2000, les quotas ont pourtant permis à toute une génération d'artistes français d'émerger. Des chanteurs comme Jean-Jacques Goldmann les défendent avec des arguments convaincants.

J'ai brocardé hier l'émission de Charline Vanhoneker sur le sujet mais je dois dire qu'il y a eu au moins un passage digne d'intérêt ; c'est quand quelqu'un a dit que pour faire connaître et aimer un artiste, il fallait que des auditeurs aient l'occasion de l'entendre ; donc, si l'on ne passe que des titres anglo-saxons, les auditeurs (surtout les jeunes) ne connaîtront et n'aimeront qu'eux !

On parle maintenant de limiter par la loi les "rotations" d'un même titre afin de favoriser la diversité francophone.

 

 

 

Malheureusement deux faits nouveaux risquent de mettre tout le monde d'accord :

  • les artistes français ont de plus en plus tendance à chanter en anglais ;
  • les jeunes se détournent des radios pour écouter la musique en ligne (Deezer, Spotify, YouTube et les sites des artistes ne sont soumis à aucun quota).

Dans ce débat, on retrouve les mêmes ingrédients que pour le cinéma français (sauf que les films américains sont doublés en français, alors que, dans la chanson, les jeunes auditeurs ne comprennent rien aux paroles et s'en fichent) et pour la langue française en général :

  • comment des Francophones peuvent-ils préférer une production dans une autre langue que la leur ?
  • comment des artistes peuvent-il préférer créer dans une autre langue que la leur ?

Au-delà du snobisme, de la supposée supériorité des artistes américains, de la supposée adéquation de l'anglais à la chanson, il y a là un penchant pour la soumission, pour l'autodénigrement, pour le renoncement à sa culture, qui est très inquiétant.

Yves Duteil 2.jpg

 

 

Qui connaîtra encore Ferré, Brel, Brassens, Barbara, Nougaro et Trenet dans vingt ans ?

Et en même temps, qui pourra prétendre que ces gens-là n'arrivaient pas à faire rimer français et rythme ?