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15/06/2015

Émerveillements IV

J'ai eu le plaisir de jouer quelques notes à l'alto dans une soirée de remise des prix. Et là, merveille, j'ai découvert des ateliers d'écriture dans lequel des jeunes de moins de 18 ans avaient écrit des nouvelles (en français) pleines d'inventions et d'idées poétiques. Deux exemples ?

D'abord c'est un ado qui parie avec son père qu'il tiendra une semaine sans connexion et sans écran ; d'où la redécouverte obligée de situations et de gestes que nous et nos aînés avons connues : dans une bibliothèque, rechercher un livre "à la main"...

Ensuite une histoire sur le temps qui passe : dans le monde imaginé par l'auteur, 30 minutes sont devenues 30 ans ; ainsi, les bus passent tous les trente ans ! Et il s'en passe des choses en trente ans ; les bus eux-mêmes ne sont plus les mêmes...

Alors on se dit, foin des plaintes et des jérémiades à propos de l'anglais omniprésent, du franglais imbécile, de l'acculturation galopante, de l'effort évité à toute force ! Il y a des jeunes dans notre pays qui consacrent du temps à écrire. Oui, public ! À écrire ! Et pas n'importe quoi : de belles histoires originales et parfaitement tournées.

Yves Duteil.jpgC'était décidément une fin de semaine faste car hier dimanche j'étais invité au "récital" de plusieurs ateliers de chant. En introduction, qu'a déclaré l'animatrice des ateliers ? Qu'ils étaient tous, jeunes et moins jeunes, amoureux de la chanson française. Et en effet, ils nous ont présenté un florilège de chansons populaires bien connues, de Mireille à Michel Berger. Le croirez-vous ? Tout le monde a parfaitement compris tous les textes et repris en cœur les refrains ! C'est l'avantage quand la langue locale est sa langue maternelle...

Alors, encore une fois, foin des pamphlets vengeurs contre ces maisons de jeunes et ces conservatoires municipaux qui ne jureraient que par les opus anglo-saxons et qui, par dérision peut-être, condescendraient à chanter occasionnellement la langue des ploucs et des contempteurs du progrès ! Oui, public, il y a des groupes bénévoles qui entretiennent année après année le trésor que nous ont laissé les Brel, Barbara, Goldmann et d'autres !

Et donc, pour aujourd'hui, foin de l'ironie ! Chapeau bas et bravo à tous ces résistants qui s'ignorent et s'en fichent.

"C'est une langue belle…"

14/06/2015

Ironie, ricanement et persifflage

J'ai été titillé par le "Commentaire" d'Alezandro, qui semble être un lecteur fidèle et actif, à propos de mon billet sur Fleur, actuel ministre de la culture.

Il a écrit "L'ironie mène le monde".

Je n'ai pas su deviner s'il parlait de mon ironie à moi ou de l'ironie du chroniqueur de Marianne que je citais...

Pas su interpréter non plus le "ton" de ce commentaire : était-ce un simple constat (fataliste ? réaliste ?) ou bien un regret, le reflet d'un certain abattement de la part de quelqu'un qui aimerait un monde apaisé, sans agression aucune… ?

En même temps, ce commentaire formulé comme un aphorisme se veut définitif : "n'oubliez pas, les gars, l'ironie mène le monde". D'habitude, on entend plutôt : "la finance mondialisée mène le monde", "la recherche éperdue du profit mène le monde". dans les années 30, c'était "Les 200 familles mènent le monde (hexagonal)". Mais là, ce serait l'ironie.

Ironique, Barak Obama ? Ironique, Vladimir Poutine ? Ironiques, les marchés ? Ironiques, les fanatiques, les terroristes, les criminels ? Ironiques, les bénévoles et les anonymes qui, partout dans le monde, essaient de sauver ce qu'ils peuvent ?

Ou alors c'est peut-être que, justement, il ne faudrait pas être ironique parce que cela nuirait au dialogue, à l'objectivité, à l'analyse raisonnée. Pas d'ironie, respect ?

L'ironie est aussi la défense des faibles, en tous cas de ceux qui se sentent impuissants ; elle est ministre (jusqu'à sa révocation, et alors elle récupérera au minimum un poste honorifique avec un fromage quelconque), elle a fait les études "qui vont bien", elle dit ce qu'elle veut, et le bon peuple ne peut qu'enregistrer tout cela les bras ballants, puisque ça lui passe au-dessus de la tête ; il se présente donc un intermédiaire qui propose une sorte de catharsis ou de contrepartie sous forme de traits d'esprit, de remarques perfides et de mises en perspective amusantes : l'ironie.

L'ironie selon Voltaire.jpgJe me doute qu'un Bergson, un Michel Onfray, plus sûrement un Milan Kundera, ont bien dû écrire de fort belles choses sur l'ironie, en extrayant tout le suc du sujet. Et rien ni personne ne vaut Voltaire.

Mais je n'ai pas leur profondeur ni leur cursus philosophique. Je ne peux guère en dire plus.

Et, au demeurant, le billet était-il ironique ? Un petit peu quand Guy Konopnicki a brodé sur "la culture inculte", "l'illettrisme littéraire" et les jeunes intoxiqués par Bach… Mais sinon ? Ce n'était que citations d'un discours du ministre de la culture, qui, à mon sens, sont choquantes et méritaient d'être dénoncées.

 

11:54 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)

13/06/2015

Jolie femme et bête noire

Comment une jolie femme peut-elle devenir la bête noire de certains ? En racontant n'importe quoi !

Il y avait déjà Najat, qui défend jusqu'au bout le n-ième épisode de démolition de l'école, préparé par les pédagogistes et babas cool de son ministère...

Il y a aussi Fleur qui a eu droit à une chronique consternée de Guy Konopnicki dans le Marianne du 17 avril 2015 sous le titre "Sans couronnes et surtout sans Fleur"...

Fleur Pellerin.jpgSelon le journaliste, Fleur Pellerin, qui avait déjà déclaré qu'elle lisait plus de rapports que de livres de Patrick Modiano (ce qui ne semble pas difficile vu qu'elle n'en a lu aucun…), a aggravé son cas en donnant récemment sa conception de la culture : se plaçant dans le camp de ceux qui n'ont pas "reçu la culture en héritage", elle fait écho au "rapport anxiogène à l'école", au "devoir culturel des jeunes", à "une certaine forme d'enfermement dans la culture classique"… Cécile Ladjali a dû mal digérer son café au lait ce matin-là.

Et Guy Konopnicki d'ironiser "Il existerait donc encore, de nos jours, dans les quartiers populaires, des écoles et des institutions menaçant d'enfermer les jeunes dans la culture classique ! Et ces jeunes, saturés de Corneille, écrasés par Flaubert, menacés de surdité par l'écoute excessive de Bach et aveuglés par les lumières des impressionnistes, se sentiraient exclus, et niés dans leurs aspirations".

Si un ministre, formé dans les meilleures écoles (voir son CV de deux pages dans Wikipedia), le dit, ça doit être vrai.

Fleur Pellerin pourfend "le mépris de classe" qui ne reconnaît que "la culture cultivée". C'est Bourdieu au ministère ! Son souhait est-il de reconnaître enfin "la culture inculte, le savoir ignorant, l'illettrisme littéraire" ? Comme exemple de la "culture inclusive" qu'elle appelle de ses vœux, elle ne trouve que le street art… Pas mal pour un ministre de la culture français et normalement francophone.

Rendez-nous Jacques Lang !

Il faudrait en effet "prendre en compte les codes des jeunes" (encore un anglicisme : to take into account), afin qu'ils s'expriment "à partir de leurs pratiques".

C'était donc le sens d'une récente intervention sur LCP de Mme Pellerin, ministre de la culture (je ne mets plus de majuscule à culture dans ces conditions), bien dans la ligne générale actuelle de laisser-aller et laisser-faire, de peur des vagues, d'hypocrisie, de caresse dans le sens de tous les poils...

Au fait, que vient faire dans tout cela le fait que ces jeunes ministres inexpérimentés qui veulent bien faire, seraient de jolies femmes ? Rien du tout ! Ça n'a rien à voir. C'était simplement pour donner l'occasion d'un titre un peu mystérieux...

et comme prétexte pour inclure la photo de Fleur, tout spécialement pour mon lecteur fidèle FPY !