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18/09/2020

Irritations linguistiques LXVI

Voici ce que j’ai reçu hier, via Les Échos :

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« À plusieurs, on est toujours plus fort ! Aussi la Région Île-de-France se mobilise pour les entrepreneurs et se transforme, le temps d'une journée, en véritable « Maison des Entrepreneurs ».

Au programme :

  • Des séances de coaching avec des entrepreneurs aguerris
  • Un espace regroupant toutes les aides régionales destinées à soutenir les entreprises
  • Des master classes sur des thèmes pratiques
  • Des keynote pour assister aux témoignages d'entrepreneurs inspirants
  • Un espace de networking pour développer votre réseau

 Rendez-vous le samedi 3 octobre au siège de la Région Île-de-France, en présence de sa présidente, Valérie Pécresse ».

Comme vous le voyez, l’envahissement par le charabia franglais ne faiblit pas !

Autre chose : « d’initiative maladroite en retour de service bien pensant » (le titre est de moi). Lu dans le Figaro du 18 septembre 2020, sous la plume de Pierre Lepelletier :

«  Si nombreux dans l'opposition estiment qu'Éric Dupond-Moretti ne parvient pas à s'imposer en politique, l'ancien avocat a prouvé mercredi qu'il n'avait rien perdu de sa rhétorique. Lors de l'examen en hémicycle à l'Assemblée nationale du projet de loi sur la réforme des conditions de saisine du Conseil économique, social et environnemental (CESE), le ministre de la Justice a sèchement recadré la députée LR, Nathalie Porte.

Cette dernière, élue du Calvados, a soumis un amendement qui vise à inscrire dans la loi la nécessité d'un français correct pour pouvoir saisir le conseil. L'amendement a déjà été jugé défavorable dans un premier temps par Erwan Balanant, le rapporteur LREM du projet de loi. « Je trouve cela assez cocasse, mais aussi discriminatoire. On a des gens qui ont parfois des problèmes d’orthographe, ça peut arriver », a-t-il souligné, évoquant, pour illustrer son propos, le cas des députés. « Je ne suis, par exemple, pas le plus brillant en orthographe », a indiqué le rapporteur.

Le Garde des Sceaux a ensuite pris le micro, et déroulé : « Pardonnez-moi, Madame la députée, je suis très choqué par cet amendement. Je voudrais vous dire, mais je ne vais pas m'étendre là-dessus, que quelqu'un qui m'est très proche, et qui a la même nationalité que la nôtre, est allé un an à l'école et qu'elle n'écrit pas le français comme vous », a-t-il raconté. « Je pense en particulier à ma mère qui a quitté son pays d'origine pour fuir la misère et elle est arrivée dans ce grand pays », a évoqué Éric Dupond-Moretti.

Avant d'enfoncer le clou : « Je voudrais également vous dire que vous avez présenté votre amendement, et que vous avez dit : “Il devra-t-être.” Il y avait un “t” de trop, et pourtant, votre amendement, nous l'examinons». Imparable ».

Convenez que tout cela est pathétique !

Qu’un député de nos jours ressente le besoin de proposer un amendement pour exiger un « français correct » semble saugrenu mais il n’est que de lire ce qui s’écrit autour de nous pour constater qu’en effet la langue française est malmenée et parfois massacrée sans vergogne par nombre de nos concitoyens.

Que le rapporteur de la commission brandisse aussi sec le mot (à la mode) qui tue, « discrimination », est consternant. Jusqu’où ira-t-on (avec un t !) dans la bienpensance, la complaisance et le misérabilisme ? Ce n’est pas tout : il se croit obligé de proclamer son faible niveau en orthographe ! Lui, un élu de la République, lui qui fait les Lois !

Que le Garde des Sceaux se dise « très choqué » par l’initiative est étonnant. Réagissant à un événement grave (violences, attentat…), il n’aura plus beaucoup d’adjectifs à sa disposition pour exprimer ses sentiments…

Qu’il nous resserve la tarte à la crème moderne des origines modestes est la cerise sur le gâteau ! À croire qu’ils ont tous une mère « femme de ménage » ou immigrée ; M. Darmanin et même M. Onfray ne sont pas avares de ce genre de confidences « spontanées »…

Conclusion : oui, il y a urgence à ré-enseigner l’orthographe (qui, par étymologie, est obligatoirement « correcte ») ; oui, vouloir l’imposer dans les conditions de saisine du CESE est mal à propos mais n’a absolument rien de choquant ni de « discriminatoire » ; oui, rapporteur et Garde des Sceaux auraient mieux fait de se taire.

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