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27/10/2015

Ma vie d'hôtesse (dans une compagnie à bas prix)

Sous le titre "Ma vie d'hôtesse low cost", Marianne a consacré, le 9 octobre 2015, un long article à Sofia Lichani, hôtesse de l'air chez Ryanair pendant cinq ans et qui a démissionné en janvier 2011. Elle a publié ses souvenirs dans "Bienvenue à bord !" en collaboration avec Thomas Rabino (Les Arènes, octobre 2015).

Pas besoin de reproduire le fond de son témoignage ni le contenu de l'article : tout le monde a compris comment ces compagnies aériennes réussissent à proposer des prix bas. "J'ai bossé 1300 heures à l'œil", "Le compteur (des heures de travail) tourne quand l'avion quitte le sol mais pas pendant l'accueil des passagers, le nettoyage de la cabine", etc.

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Intéressons-nous plutôt à la langue de ce métier et conséquemment, à la langue de l'article du journaliste Arnaud Bouillin.

Quand Sofia ne travaille pas, on parle de stand-by home ou de stand-by airport.

Ses congés sans solde (si Ryanair manque de clients...) s'appellent unpaid leave.

Les briefings ne sont pas du temps de travail.

Elle doit payer elle-même son Airport ID.

Pendant ses quatre premiers vols, elle était en surnombre, supernumerary.

Sur son planning, on voit la différence entre le flight time et le flight duty period.

Elle trimbale ses affaires personnelles dans son crew bag. Normal, elle fait partie du cabin crew.

Si elle ne répond pas aux convocations sur téléphone mobile, c'est un no-show. Elle sera convoquée à un entretien disciplinaire, gentiment appelé meeting.

Si son average spend n'augmente pas, elle écopera d'un warning. Ou sera demoted.

En ce moment, certains voudraient que l'on ratifie la Charte européenne des langues régionales (voir mon billet à ce sujet) et que donc on puisse exiger des documents administratifs dans une autre langue que le français... Passons sur le fait que les finances du pays sont à plat. Mais c'est inutile. Nous sommes déjà bilingues (français-globish) !

Chez Uber, il y a au moins la créativité qui a consisté à utiliser les nouvelles technologies, maintenant à disposition et permettant la mise en relation, le nomadisme, la mobilité, l'asynchronisme. Chez les compagnies aériennes à bas prix, rien de tout cela : c'est le retour en arrière, à la précarité salariale, au droit de se taire, aux mesquineries patronales (les salaires payés le 10 du mois...), à l'arbitraire (les salaires sont obligatoirement versés sur un compte dans une banque irlandaise, le contrat de travail peut être modifié en cours de route..).

C'est beau la mondialisation et l'avion pour tous... Ce n'est pas une révolte, Sire, c'est une révolution.

 

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