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22/03/2015

Parlez-vous latin ?

Dans ce même numéro du 17 mars 2015, le Figaro avait invité Anne-Sophie Letac, professeur en classes préparatoires au lycée Lavoisier, agrégée d'histoire et normalienne. Celle-ci présente la réforme de Mme Belkacem de la façon suivante : "Dans un but de démocratisation, les contenus plus réalistes interdiront les classes européennes et bilingues trop élitistes, et les langues anciennes seront intégrées aux cours de français, autant dire supprimées au profit d'une seconde langue vivante en cinquième".

Mme Letac est outrée, amère, découragée et persiffleuse, ironique, perfide. Mais elle cite quelques bons auteurs à l'appui de son plaidoyer.

"Outre leur langue maternelle, les collégiens apprenaient jadis une seule langue, le latin. Moins une langue morte que le stimulus artistique incomparable d'une langue entièrement filtrée par une littérature" (Julien Gracq, en 2000).

"On n'apprenait pas le latin et le grec pour les parler ou pour devenir domestique ou correspondant commercial. On les apprenait pour connaître directement la civilisation des deux peuples, qui constitue le présupposé nécessaire de la civilisation moderne, on les apprenait autrement dit pour être soi-même et se connaître soi-même consciemment" (Antonio Gramsci, en 1932).

Mme Letac ne manque pas d'humour non plus, puisqu'elle écrit : "Est-il bien raisonnable de tuer une langue déjà morte, et qui plus est, optionnelle ?"...

Elle appelle à se méfier de l'inutile en convoquant Alan Turing et les mathématiques pures. Pour elle, le latin est "une construction logique brillante, excellente pour le cerveau, dont on découvrira un jour qu'elle est à l maladie d'Alzheimer ce que le brocoli est au cancer du colon, qu'elle vaut tous les jeux de logique, toutes les gymnastiques de mémoire vendues sur Amazon".

"Sur Amazon ?" (NDLR : voir mes billets sur les prépositions).

Humour, dérision, optimisme invétéré ? Anne-Sophie fait le pari que l'on va nous recycler le latin et le grec, sous forme de produit bio, un de ces jours... J'aimerais y croire.

 

 

Commentaires

sujet très intéressant mais il s'agit d'un point de vue assez "élitiste" Il faut parfois rester pragmatique

Écrit par : voyance | 22/03/2015

Merci, Voyance, pour ce commentaire.
Je suppose que, quand vous écrivez "élitisme" et "pragmatisme", vous visez le chroniqueur dont je parle dans le billet, et non pas moi-même.
En fait, ce qui m'a intéressé dans les deux chroniques de ce numéro du Figaro, c'est qu'on essayait d'y démontrer que, loin de défavoriser, l'apprentissage du latin (et/ou du grec) facilitait, aidait, remettait à flot.
Et ça, c'est le contraire de l'élitisme, non ?
Vive le latin !

Écrit par : Animateur du blogue | 24/03/2015

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