05/07/2024
Toute ressemblance, etc. : réponses
(1) Quel écrivain a-t-il écrit ce texte ? Stefan Zweig
(2) De quel écrivain parle-t-il ? Romain Rolland (biographie publiée en 1921 à Francfort, sous le titre originel « Romain Rolland : der Mann und das Werk »)
(3) De quel livre parle-t-il ? « Danton », pièce écrite en 1900 par Romain Rolland, dans le cadre de son cycle dramatique « Le théâtre de la Révolution »
(4) De quelle période parle-t-il ? La Révolution française, et la lutte entre Danton et Robespierre (page 135 de l’édition du Livre de poche).
Toute ressemblance avec la période contemporaine (Élections législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet 2024) ne serait évidemment que pure coïncidence...
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01/07/2024
Toute ressemblance, etc.
« Quelques hommes, les chefs, exploitent maintenant égoïstement au profit de leurs idées ce que la masse créa en tant que force élémentaire. Tout mouvement spirituel, et en particulier toute réforme et toute révolution, connaît cet instant tragique de la victoire où la puissance déchoit aux mains des hommes, où l’unité morale est brisé par les ambitions politiques, où le peuple qui, en un sursaut, réalisa sa liberté, prête de nouveau l’oreille, sans s’en douter, aux intérêts particulier des démagogues, guides de cette liberté. C’est l’instant inévitable où tout mouvement spirituel triomphe en apparence, tandis que les hommes nobles, déçues, se retirent à l’écart ; les égoïstes et les impudents jouissent alors du succès, et les idéalistes s’isolent, silencieux (...).
Il fut alors en réalité avec les vaincus comme il est ici en imagination avec ceux pour lesquels l’idée fut tout et le sujet et le succès rien ; car il sait qu’une idée n’a de force qu’en ne se réalisant jamais (...).
À l’esprit de décision succèdent les dissensions ; dans l’ivresse du triomphe, dans les lourdes vapeurs de sang, un nouveau combat commence déjà entre les prétoriens qui se disputent le pays conquis : combat des idées, des personnalités, des tempéraments, des origines ; depuis que les alliés ne sont plus unis dans le danger, cette dure nécessité, ils se rendent compte de ce qui les sépare. C’est la crise qui éclate dans la minute même où la révolution triomphe. Les armées ennemies sont battues ; les royalistes, les Girondins écrasées, et maintenant les conventionnels se dressent les uns contre les autres ».
Questions pour les érudits :
- Quel écrivain a-t-il écrit ce texte ?
- De quel écrivain parle-t-il ?
- De quel livre parle-t-il ?
- De quelle période parle-t-il ?
08:48 Publié dans Actualité et langue française, Essais, Histoire et langue française, Littérature, Livre | Lien permanent | Commentaires (0)
22/01/2024
Les 10 livres que vous n'avez pas réussi à finir
Le 6 octobre 2017, Hélène Combis sondait les auditeurs de France Culture à propos des livres qu’ils n’avaient pas réussi à finir... Elle a tiré de cette enquête la liste des 10 livres qui avaient remporté la palme, c’est-à-dire qui avaient découragé le plus de personnes ayant répondu (3000 !) et l’a publiée sur le site de la radio (l’article est très intéressant, d’une part parce qu’elle cite les commentaires des répondants et d’autre part parce qu’elle a inséré des vidéos faites par les « défenseurs » et « exégètes » des œuvres incriminées).
Sans trop de surprise, le « gagnant » est « Ulysse » de James Joyce.
Le suivant est « Les Bienveillantes » de Jonathan Littell, prix Goncourt 2006, qui a donné la nausée à un certain nombre d'entre vous ! Notamment à cause d'une identification au narrateur (un ancien SS), vécue difficilement par les lecteurs.
Ensuite, inconcevable, « À la Recherche du temps perdu » de Marcel Proust, « mondialement connu pour ses phrases interminables ».
Ne lisant pas de science-fiction, je passe sur la trilogie de J. R. R. Tolkien, parue entre 1954 et 1955, « Le Seigneur des anneaux ».
Le cinquième est « Belle du Seigneur » d'Albert Cohen, roman-fleuve de l'écrivain suisse francophone, publié en 1968 ! Joseph Kessel l'avait pourtant qualifié de « chef-d'œuvre absolu » (opinion que je partage quant à moi).
Ensuite « L'Homme sans qualités » de l'écrivain autrichien Robert Musil, paru en 1932, le roman inachevé qui compte mille huit cents pages (une paille...). Je ne l’ai pas lu.
Puis, « Le Rouge et le Noir » de Stendhal. Pour l'écrivain britannique William Somerset Maugham, il fait pourtant partie des dix plus grands romans jamais écrits. Je l’ai lu au lycée et mon souvenir en est trop lointain pour commenter mais ce souvenir est loin d’être mauvais.
« Madame Bovary » de Gustave Flaubert arrive en huitième position. Flaubert a tendu le bâton pour se faire battre : en écrivant ce roman publié en 1862, son but assumé était bel et bien de « faire un livre sur rien ». Le plus beau est qu’un lecteur qui n’a pas pu le finir déclare qu’il a adoré Salammbô !
« Cent ans de solitude » de Gabriel Garcia Marquez. « Trop de personnages, et une traduction jugée "laborieuse" pour certains. La grande œuvre de Gabriel Garcia Marquez (Nobel de littérature en 1982), parue en 1967, a dérouté un bon nombre d'entre vous ! Après tout, peut-être que l'on peut se contenter de la première phrase du roman, connue comme l'un des incipits les plus célèbres de la littérature : Bien des années plus tard, face au peloton d'exécution, le colonel Aureliano Buendía devait se rappeler ce lointain après-midi au cours duquel son père l'emmena faire connaissance avec la glace ».
Et enfin, « Voyage au bout de la nuit » de Louis-Ferdinand Céline. En avril 1932, Céline promettait pourtant à Gaston Gallimard que son roman était « du pain pour un siècle entier de littérature » !
Faisons nos comptes.
Sur les dix livres abhorrés par ce gros échantillon de lecteurs, il y en a :
- trois que je n’ai pas lus (Ulysse, Le Seigneur des anneaux et L’homme sans qualité),
- cinq que je considère comme des chefs d’œuvre (La Recherche du temps perdu, Belle du Seigneur, Cent ans de solitude), ou de grands livres (Les Bienveillantes, Le Rouge et le Noir),
- et deux pour lesquels je partage l’avis des sondés (Mme Bovary, Voyage au bout de la nuit).
Notons que les auteurs (Flaubert et Céline) de ces deux derniers livres sont généralement considérés comme des maîtres-prosateurs et des innovateurs hors pair...
Il peut être amusant de se reporter au billet que j’avais écrit sur le même sujet il y a un an, avant de prendre connaissance de cette enquête déjà un peu ancienne. En voici un extrait :
« Chronologiquement j’ai d’abord buté sur « Mme Bovary » de Gustave Flaubert ; je ne suis pas sûr de l’avoir terminé. Ensuite, échec retentissant : « Femmes » de Philippe Sollers, abandonné au bout d’une cinquantaine de pages, faute de ponctuation. Puis « Voyage au bout de la nuit » de Louis-Ferdinand Céline, que j’ai eu un mal fou à terminer. Et aussi « La route des Flandres » de Claude Simon, par défaut systémique de ponctuation. Dans mes notes, je retrouve « Terre des oublis » de D. Thi Huong, qui m’attend depuis 2008 ; et encore le Flaubert de Salambô… J’avais arrêté la lecture de « Un mal sans remède » de Antonio Caballero. Pour d’autres raisons, ça bloque aussi dans « La Gana » de Fred Deux. Aujourd’hui, c’est « Le carnet noir » de Lawrence Durrell sur lequel je me décourage au bout de trente pages absconses ! ».
20:50 Publié dans Écrivains, Littérature, Livre | Lien permanent | Commentaires (1)