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19/09/2015

Bien sûr qu'il faut un quota de chansons françaises dans les programmes radiophoniques

Or donc, que raconte l'article de Libération du 16 septembre 2015 que je mentionnais dans le billet d'hier ?

Malgré son sous-titre qui semble indiquer que la cause est entendue, il est factuel et équilibré (bien sûr, on aurait pu espérer qu'il s'engageât clairement en faveur des quotas…). Il y a une sorte de guerre de tranchées entre les producteurs de disques et les diffuseurs, en l'occurrence les radios.

On sait que ces médias, beaucoup écoutés par les jeunes il y a dix ou vingt ans, ont l'obligation de passer à l'antenne 40 % de chansons francophones. Aujourd'hui, ils prétendent que cette règle serait inapplicable faute de "candidats", c'est-à-dire faute de chansons en français (moins 66 % en dix ans) !

Les producteurs, de leur côté, contestent, chiffres à l'appui, cette baisse et reprochent aux radios de se concentrer sur quelques artistes et quelques titres qu'ils passent à longueur de journée, et de ne pas aller voir (écouter !) ailleurs. En 2013, NRJ a limité sa diffusion francophone à dix titres seulement ! Par ailleurs cette pratique sert aussi les producteurs puisque c'est elle qui permet de fabriquer des "tubes"...

Le paradoxe est que, d'une part, sur 20 albums vendus, 17 sont en français et que, d'autre part, la francophonie est de moins en moins audible à la radio (moins 47 % entre 2009 et 2015 !). Mais tous ces chiffres sont contestés...

électrophone 33 tours.jpg

Dans les années 90 et 2000, les quotas ont pourtant permis à toute une génération d'artistes français d'émerger. Des chanteurs comme Jean-Jacques Goldmann les défendent avec des arguments convaincants.

J'ai brocardé hier l'émission de Charline Vanhoneker sur le sujet mais je dois dire qu'il y a eu au moins un passage digne d'intérêt ; c'est quand quelqu'un a dit que pour faire connaître et aimer un artiste, il fallait que des auditeurs aient l'occasion de l'entendre ; donc, si l'on ne passe que des titres anglo-saxons, les auditeurs (surtout les jeunes) ne connaîtront et n'aimeront qu'eux !

On parle maintenant de limiter par la loi les "rotations" d'un même titre afin de favoriser la diversité francophone.

 

 

 

Malheureusement deux faits nouveaux risquent de mettre tout le monde d'accord :

  • les artistes français ont de plus en plus tendance à chanter en anglais ;
  • les jeunes se détournent des radios pour écouter la musique en ligne (Deezer, Spotify, YouTube et les sites des artistes ne sont soumis à aucun quota).

Dans ce débat, on retrouve les mêmes ingrédients que pour le cinéma français (sauf que les films américains sont doublés en français, alors que, dans la chanson, les jeunes auditeurs ne comprennent rien aux paroles et s'en fichent) et pour la langue française en général :

  • comment des Francophones peuvent-ils préférer une production dans une autre langue que la leur ?
  • comment des artistes peuvent-il préférer créer dans une autre langue que la leur ?

Au-delà du snobisme, de la supposée supériorité des artistes américains, de la supposée adéquation de l'anglais à la chanson, il y a là un penchant pour la soumission, pour l'autodénigrement, pour le renoncement à sa culture, qui est très inquiétant.

Yves Duteil 2.jpg

 

 

Qui connaîtra encore Ferré, Brel, Brassens, Barbara, Nougaro et Trenet dans vingt ans ?

Et en même temps, qui pourra prétendre que ces gens-là n'arrivaient pas à faire rimer français et rythme ?

21/08/2015

L'anglais, c'est pas cool, et l'français y'en a marre... apprenons donc le basque !

Ça y est, me revoici ! La pause est finie.

À la radio ce matin, l'annonce des livres de la rentrée 2015 : 589 opus ! Moins que l'an dernier et quasiment pas de "pointures" (c'est-à-dire d'auteurs à succès)... mais est-ce pour autant raisonnable ? Dans ce domaine comme dans d'autres, c'est le libéralisme qui règne, avec - en apparence - la concurrence libre et non  faussée (selon l'expression orwellienne consacrée). Tout le monde (en théorie) peut s'exprimer - raconter sa vie, la vie de quelqu'un d'autre, ses phantasmes... ou imaginer une histoire - et que le meilleur gagne (c'est-à-dire bénéficie de bonnes critiques et/ou acquière un nombre respectable de lecteurs). Après tout pourquoi pas ?

Il paraît que cette année, c'est la famille qui a le vent en poupe, et certaines histoires de famille valent la peine d'écrire un bouquin, paraît-il...

Il y a aussi des sujets scabreux : dans la veine des Bienveillantes, une histoire de marivaudage dans un camp de concentration...

Bon, revenons à nos moutons. Basques.jpg

Le 28 juillet 2015, sous le titre "Natacha et moi (VIII) : langues régionales", j'abordais la question de la ratification - ou non - de la Charte européenne des langues régionales et je prenais mes distances - une fois n'est pas coutume - avec ma chère Natacha, qui soutenait la ratification.

Quelques jours plus tard, le 11 août, butinant sur le site de l'hébergeur "haut ET fort", je tombai (eh oui, le passé simple est encore utile) sur le blogue "Marche romane", sous-titré "Littérature, lectures et quelques propos sur le monde qui nous entoure", et plus précisément sur son billet du 28 juin 2015 intitulé "La France, le français et les langues régionales".

Plusieurs raisons de s'y intéresser : d'abord le point de vue exprimé sur les langues régionales (malencontreusement confondues avec les patois...) est similaire au mien. Je cite : "Que serait la France si un Breton ne se sentait pas d'abord Français et s'il ne pouvait s'entretenir avec un Marseillais qui, lui, ne voudrait parler qu'en occitan ? Car reconnaître les langues régionales peut aller loin (accès à l'administration, à la justice, etc.). Tout en reconnaissant que tous les patois méritaient certes le titre de langue à part entière, j'insistais sur le danger qu'il y avait à leur donner un statut officiel".

Ensuite, le billet initial de ce blogueur sur le sujet a, semble-t-il, été censuré par l'hébergeur, au motif qu'une illustration (une carte des langues régionales) avait été utilisée sans autorisation. Bizarre, bizarre.

La troisième raison est la plus importante : c'est l'idée que, derrière cette affaire de la reconnaissance "administrative" des langues régionales en Europe, il y aurait de sombres manœuvres. Je cite encore : "Il ne faut pas perdre de vue que l'Europe, qui cherche à affaiblir les langues officielles de ses États membres (français, espagnol, italien) au profit de leurs différentes langues régionales, ne s'exprimera bientôt plus qu'en anglais".

Bien plus, un article de Yvonne Bollmann qui parle de "défaite politique de la France", évoque le rôle équivoque de l'Allemagne dans cette affaire et de certains groupes qui entretiennent la confusion entre "communautés ethniques", "minorités nationales traditionnelles" et "langues régionales". On peut y voir une attaque sournoise contre des États centralisés comme la France (Villers-Cotterêt !) et un retour aux vieilles lunes des "unités linguistiques" transnationales, du genre "Allemands des Sudètes"... Danger !

C'est un aspect que je n'avais pas perçu, et je m'étonne que Natacha n'ait pas enfourché à cette occasion son cheval préféré de la défense de la République une et indivisible.

Cerise sur le gâteau, Jean-Luc Mélenchon a également écrit - et de quelle manière !- sur le sujet (sur son blogue, le 19 septembre 2013).

 

 

14/08/2015

Écrivain... cri vain ?

Quelques amis et lecteurs de ce blogue m'ont gentiment incité à prendre la plume vraiment, c'est-à-dire à écrire vraiment : une histoire, des nouvelles, des mémoires ? Que sais-je...

Je n'ai jamais, une seconde, imaginé d'obtempérer, terrassé d'avance par la difficulté d'écrire encore quelque chose d'intéressant ou sous une forme originale, de nos jours, bloqué par le peu d'intérêt potentiel de ce que j'aurais éventuellement à coucher sur le papier, paralysé par le nombre de livres sans lecteur qui paraissent chaque année à chaque rentrée (en septembre et en janvier) et qui terminent au pilon - tout ça pour ça -, obnubilé que je suis par le temps qu'il me faudrait déjà pour lire tout ce que je voudrais lire avant de m'y coller... bref pas du tout convaincu.

Le genre de la chronique, du billet d'humeur, de l'article écrit d'un seul élan, me convient mieux, je pense. C'est sans doute une solution de facilité ; avant d'accoucher d'un roman, il faudrait le concevoir, puis assurer sa gestation... trop prenant, trop exigeant, trop long. Il y a encore tellement d'auteurs confirmés à découvrir.

Il me reste le geste intime et patriarcal des "souvenirs d'enfance".. beaucoup l'ont fait et le font encore, avec à la clé, la possibilité nouvelle de le mettre en ligne sur un site X ou Y (quand je parle de "site X", je ne pense pas aux films à la même initiale...). Mon père l'a fait. Nous avons de ce fait des anecdotes sur ses grands-parents à lui, ce qui nous plonge dans la période d'avant-guerre (la seconde) ; c'est bon pour la transmission et pour le concept de lignée.

Arrivé à ce stade de mes réflexions, je suis tombé sur un article de Thomas Rabino dans le Marianne du 18 juillet 2014, intitulé "Le blues des écrivains".

Connaissez-vous Marie Sellier, Arnaud Friedmann, Marianne-Maury Kaufmann, Bernard Pascuito, Morgan Sportès, Virginie Ollagnier, Yves Le Pestipon, Pierre Joude ?

Non ? Ce sont pourtant des écrivains qui ont eu l'honneur d'être interrogés par l'hebdomadaire et qui ont donc déjà pignon sur rue, ayant chacun écrit au moins une demi-douzaines d'ouvrages, voire une vingtaine pour certains !

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Et ils sont loin des Guillaume Musso et des Marc Lévy qui accompagnent chaque été le bronzage de ces dames et dont les livres reviennent couverts de sable, quand ils reviennent des plages...

Qui eux-mêmes sont peu de chose devant des J.-M.-G. Le Clézio et autres P. Modiano, Nobel s'il vous plaît !

Et ces derniers, c'est du menu fretin à côté de Hugo, Dumas, Chateaubriand, Zola...

Bon, alors que disent de leur métier ces auteurs contemporains inconnus qui rament dans les salons du livre de province et d'ailleurs, pour placer leurs bouquins (j'ai vu à l'œuvre dans cet exercice André L'Héritier et Jean Anglade dans un minuscule village d'Auvergne...) et qui néanmoins noircissent des pages et sont publiés ?

Que d'abord, ce n'est pas un métier ! Car tous ont un gagne-pain à côté, plus ou moins lié à l'écriture.

Qu'ensuite leur violon d'Ingrès est très mal connu ; que loin d'être des nababs, ils doivent faire une partie du boulot des éditeurs ("... sans une mise en place efficace et un suivi médiatique, c'est un peu comme si on les mettait directement à la poubelle"),  tout en touchant un très faible pourcentage sur leurs ventes.

Qu'il est difficile de se faire une place quand il y a 600 nouveautés en septembre chaque année et autant en janvier (300 dans les années 80), alors que le nombre d'attachés de presse et le volume de la presse littéraire ont baissé... Que la durée de vie (de visibilité) des ouvrages n'a jamais été aussi courte...

Que la "condition sociale" des auteurs est précaire : "On est dans un monde ultralibéral. es travailleurs isolés, pas de droit au chômage, pas de congés payés, une protection sociale très faible, et pas le moyen d'action qu'est la grève". "... Il importe de soutenir les écrivains pour contrebalancer les lois du marché, qui ne doivent pas régner seules dans la culture".

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Que personne, malheureusement, ne lit plus de littérature... Y. Le Pestipon en a fait l'expérience, comme nous tous, lors d'un voyage en TGV. Les voyageurs sortent des magazines, leur ordinateur, leur lecteur mp3, leur mobile... mais pas de roman.

La littérature est concurrencée d'une part par la musique (Deezer et autres) et d'autre part par les images (télévision, cinéma, vidéo, voire bandes dessinées).

L'article cite trois essais sur ce sujet (de Y. Le Pestipon, Tzvetan Todorov et Pierre Ménard), dont je vous parlerai... quand je les aurai lus !