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07/02/2019

Les mots français à la mode VI

Dans la vaste catégorie des pléonasmes, des mots tarabiscotés et des paraphrases lourdaudes utilisés sans modération par notre personnel politique (les ministres en premier lieu mais aussi les députés En Marche bien en peine de répondre aux interrogations et doléances des fameux Gilets jaunes de l’automne 2018), je note « être en capacité ». Le 19 décembre 2018, sur France Inter, Madame Frédérique Vidal, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, en a usé et abusé.

Venant d’elle et d’ailleurs de tous ses condisciples « surdiplômés » comme on dit, on ne peut incriminer le manque de vocabulaire ni de culture classique. Quoi donc alors ?

Il y a sans doute un effet « tic verbal » dû au trac, qui existe toujours même pour ces technocrates rodés à la prise de parole. Mais pourquoi le cerveau, ponctuellement paralysé par le stress, va-t-il chercher une formule compliquée, au lieu de proposer simplement « être capable » ou bien « savoir », « pouvoir » ? Parler compliqué donne peut-être l’impression que l’on va être perçu comme un « sachant », un « expert » ?

Ces cerveaux-là pourraient proposer à la rigueur « avoir la capacité de », l’expression aurait le mérite d’être correcte, à défaut d’être simple. Mais c’est sans doute l’horrible et omniprésent « être en charge » qui joue ici son rôle d’attracteur et, caché derrière lui, la fascination plus ou moins consciente pour l’américain, gage de modernisme.

Une formule passe-partout et néanmoins un peu longue comme « être en capacité de » a sans doute le mérite de donner à l’orateur quelques fractions de seconde supplémentaires pour trouver des réponses à la question qu’on lui pose. Et il y a encore plus grave qu’une expression compliquée et incorrecte : la répétition à l’envi d’une expression compliquée et incorrecte ; et, encore plus grave, des successions de phrases insipides, non signifiantes, tournant autour du pot, pour ne rien dire de concret.

Or que nous enseigne la communication ? Qu’il y a un émetteur, un canal et un récepteur ; que l’émetteur pour être compris a intérêt à parler le langage des récepteurs visés ; que le discours doit rester le plus simple possible, sans sacrifier naturellement le fond.

On pourrait donc en conclure que Mme Vidal ne parlait pas pour que nous comprenions ce matin-là ou, pire, qu’elle n’avait rien à dire…

Manque de fond ou consignes de noyer le poisson ?

04/02/2019

"Crime et châtiment" (Fédor Dostoïevski) : critique II

Il ne fait pas bon penser à contre-courant et mépriser un texte que la majorité considère comme un chef d’œuvre, un texte à lire et à relire, un livre que tout le monde doit avoir lu, le plus accessible de ce pilier de la littérature russe qu’est Dostoïevski (Diable ! aurai-je le courage d’attaquer « Le joueur », « Les possédés » et « Les frères Karamazov » ?). Je me suis donc penché sur les commentaires des passionnés du site Babelio à propos de ce roman… Ils sont dithyrambiques ! Et surtout très fouillés. Ce sont des analyses que, faute de compétences universitaires en la matière et faute d’attirance pour le coupage de cheveux en quatre, je ne sais pas – et ne veux pas – faire.

Untel voit dans « Crime et châtiment » non pas un mais quatre criminels. Un autre identifie deux scènes d’anthologie. En particulier, le jeu du chat et de la souris entre le policier et le criminel – qui reste bien énigmatique, soit dit en passant – est considéré comme un monument de mise en scène. Un autre encore y voit un roman social…

Clara Dupont-Monod, sur France Inter le 22 novembre 2018, a fait un parallèle convaincant entre « Crime et châtiment » et « Thérèse Raquin » de Zola, deux romans qui décrivent la punition infligée à un criminel après son crime : il y pense sans cesse et ne peut plus vivre comme avant.

Bref, je suis passé à côté de la plaque des spécialistes !

Sibérie 1.jpg

Reste la Sibérie de l’épilogue qui m’inciterait à commencer « L’archipel du Goulag » qui attend sur ma table de nuit, histoire de bien terminer l’année 2018.