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21/01/2021

"Nuits de guerre" (Maurice Genevoix) : critique II

Aujourd’hui, c’est la Sainte Agnès…

J’ai repris mon gros bouquin, « Ceux de 14 », et je relis les pages que j’avais marquées en avril quand j’étais dans « Nuits de guerre » et dont je n’avais pas parlé dans mon premier billet à l’époque. Étonnamment, la magie du verbe est toujours là, on peut ouvrir le livre à n’importe quelle page et prendre plaisir à s’y replonger.

Par exemple, page 302 : « Les Boches se taisent : ils doivent dormir. Un silence d’anéantissement écrase ma tranchée : les miens dorment. Les bois eux-mêmes, autour de nous, reposent. Mais dans le temps où je m’endors aussi, un frémissement qui court dans les hautes feuilles me fait blottir ma tête sous un coin de ma couverture, dans un geste d’instinctive défense contre l’ennemi dont nul obstacle n’arrête le glissement perfide, et dont ce frais bruissement frissonnant sur les cimes annonce la venue redoutée : la pluie ».

Et plus loin, page 323, cet échange entre le sous-lieutenant Genevoix et le soldat Pannechon, à bout, sans plus aucun espoir, échange que l’on a envie de mettre sous les yeux de nos compatriotes, à bout, minés par cette pandémie à coronavirus qui n’en finit pas : « J’suis gelé, j’ai mal partout : j’ai envie d’me laisser crever (…) C’est trop d’maux pour les mêmes, aussi ! Quante c’est pus les balles, c’est la boue, c’est la flotte, c’est l’manque de dormir ou d’manger, toujours du mal : ça fatigue à force, vous savez/ moi j’suis au bout, j’ai pus d’courage (…) Eh bien ! moi j’vous dis qu’j’en ai marre, qu’j’aime mieux n’pus vivre du tout que d’revoir une nuit comme celle-là. On en reste marqué ; on n’en guérira p’t-êt’e jamais… Pus d’plaisir, pus d’gaîté, pus d’bon temps. C’est comme si on était d’venu vieux tout d’un coup… ».

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