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30/09/2019

Le français fait de la résistance (I)

Le Figaro Magazine du 29 juin 2019 contenait un dossier intéressant intitulé « La langue française fait de la résistance ». C’est une préoccupation constante de l’hebdomadaire et aussi du quotidien, à travers, en particulier, sa rubrique « langue française ». Tant mieux car notre langue, patrimoine vieux de plusieurs siècles, est attaquée en permanence. Au hasard, citons deux exemples récents : Bruce Toussaint, journaliste débonnaire de BFM TV vient de rebaptiser sa tranche horaire : « Tonight Bruce Infos » ; un centre commercial de l’Ouest parisien vient aussi de se rebaptiser : Westfields (peut-être pour imiter « Pariwest » en banlieue plus lointaine ?) Consternant ! Coïncidence fortuite, le premier article du dossier où Charles Jaigu souligne (ou décrète ?) « La grande mobilisation », avec deux intertitres, « L’américanisation du monde est finie » et « La menace inclusive », commence par la dénonciation d’énormités de la même eau : « Only Lyon », « Alpes IsHere », « Navigo Easy », « My Rodez, tu m’inspires », « Inspire Metz », « Montpellier Unlimited », « Sarthe Me Up », « L’Aisne, it’s open », « Lorraine Airport » (oui, même ma région natale !), « Health Data Hub » et « Sèvres Outdoors »… Honte aux communicants et aux publicitaires qui proposent ces slogans et honte aux collectivités locales qui se laissent attraper comme des gogos (et qui n’hésitent jamais par ailleurs à venir vanter la richesse de leur patrimoine et la spécificité de leur région avec des trémolos dans la voix). Voir sur le même thème l’enquête que j’avais publiée dans l’un des premiers billets de ce blogue en 2014, suite à un petit tour dans le centre commercial de La Défense.

Malheureusement la fameuse loi Toubon de 1994 n’interdit pas l’affichage en anglais, contrairement à la Charte de la langue française votée au Québec en 1977 ! C’est le Conseil constitutionnel qui l’avait refusé au nom de la liberté d’expression (NDLR : liberté des renards dans le poulailler !).

Pour moi, une loi devrait d’urgence interdire affichage, enseignes et étiquettes en toute langue autre que le français, ce qui devrait exclure par la même occasion les panneaux routiers en occitan, en corse et en breton. J’avais proposé cette mesure de salut culturel public dans ma contribution indépendante au Grand Débat agité par le Président de la République pour éteindre le feu allumé par les Gilets jaunes.

Avez-vous remarqué que les ingrédients des produits d’hygiène et de beauté (par exemple les shampoings) sont tous écrits en anglais ? Allez chercher le parabène et autres perturbateurs là-dedans…

Pour en revenir à la loi Toubon, elle interdit seulement aux services publics – et non pas aux collectivités locales ni aux organismes parapublics – d’employer une autre langue que le français dans leurs publicités… Pourquoi donc ?

Charles Jaigu voit dans l’anglicisation machinale de la signalétique une triple capitulation : politique (qui nourrit le ressentiment envers la mondialisation), commerciale (car le touriste qui vient en France cherche la couleur locale et le dépaysement) et stylistique (car quoi de plus beau que la langue française pour faire découvrir les charmes de nos régions et de notre mode de vie ?). Et il y ajoute le pied de nez à l’exception culturelle française, si farouchement défendue sur d’autres estrades.

La difficulté de l’affaire, c’est que nos adversaires sont nos compatriotes eux-mêmes (comme pour la bienpensance exacerbée qui nie tous les problèmes)… L’Oncle Sam n’y est pour rien !

À suivre…

26/09/2019

"La France périphérique" (Christophe Guilluy) : critique I

Stupéfiant !

Dans ce petit livre publié en 2014 chez Flammarion, le géographe Christophe Guilluy explique que le problème de la France actuelle, ce n’est ni les grandes métropoles (adaptées et insérées dans le monde globalisé) ni les banlieues (aidées via la politique de la ville par les plans-banlieues, et qui profitent de la proximité des centres) mais les petites villes et les zones rurales abandonnées à leur triste sort : les plans de licenciement incessants, la disparition des services publics et l’éloignement de tout. Le phénomène mis au jour – après des décennies de coups de projecteur sur les banlieues – a fait l’effet d’une bombe car il allait à rebours des idées reçues et l’expression qui donne son nom à l’ouvrage : « La France périphérique » a été immédiatement adoptée par les intellectuels et les médias, et elle est entrée quasiment dans le langage courant.

Mais il semble que l’on ait oublié le sous-titre du livre : « Comment on a sacrifié les classes populaires », même s’il est aujourd’hui admis que le libéralisme et la mondialisation ont enrichi les riches, maintenu tout juste au-dessus de l’eau les pauvres et « enfoncé » les classes moyennes (Thomas Piketty était passé par là).

Christophe Guilluy envisage les conséquences de ce bouleversement social et c’est là que son travail est stupéfiant : en 2014, il prévoyait les Gilets jaunes, qui interpellent les Pouvoirs publics et la société française depuis novembre 2018 !

Ce livre au style concis, neutre, percutant et argumenté m’a enthousiasmé. Je vais vous en proposer, amis lecteurs, les idées marquantes dans une série de billets agrémentés d’extraits que je n’aurai aucun mal à isoler car j’ai « marqué » 20 pages sur les 179 de l’ouvrage (ratio de 11,2 % !).

23/09/2019

"Le troisième homme" (Graham Greene) : critique

« Le troisième homme » est avant tout connu pour le film homonyme, Grand Prix du festival de Cannes 1949, dont le scénario avait été demandé à un écrivain britannique célèbre, Graham Greene. Ancien espion, spécialiste en particulier de roman d’espionnage, ce dernier s’était rendu à Vienne, ville partagée, à la fin de la Deuxième guerre mondiale, en quatre zones occupées par les puissances alliées victorieuses, ce qui était une exigence du réalisateur Carol Reed. Dans ce film, on voit très peu le personnage principal, Harry Lime, joué par Orson Welles.

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Le film est aussi très connu pour la musique composée et jouée par Anton Karas à la cithare, en particulier le fameux Harry Lime’s theme, que le héros sifflote.

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En 1949, l’écrivain tira un livre de son scénario (Robert Laffont, 1950), à la facture classique d’un roman d’espionnage. J’ai trouvé une vieille édition sur un appui de fenêtre… Le livre est alerte, avec de nombreuses ruptures dans le récit, en particulier des changements de narrateur (tantôt le style direct, tantôt les dialogues entre l’enquêteur anglais Calloway et l’ami de Lime, l’Américain Martins). Au total il tient en haleine, jusqu’au dénouement dans les égouts de Vienne.

Autre chose à dire ?

Non…