Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

08/04/2019

"Amok" (Stefan Zweig) : critique

Certains vendent les livres dont ils ne veulent plus ou qui les encombrent (internet permet aujourd’hui de le faire facilement) ; d’autres les donnent à des associations ou des brocantes ; d’autres encore – et c’est plus original – les mettent à disposition des passants sur un appui de fenêtre, dans la rue.

C’est ainsi que j’ai épargné la pluie à un livre de poche n°1015, publié en 1963 et intitulé « Amok » ; c’est l’auteur qui a attiré mon œil : Stefan Zweig.

L’Autrichien Stefan Zweig est doublement célèbre pour ses biographies et ses nouvelles. Mais j’avais été émerveillé il y a quelques mois par son autobiographie « Le monde d'hier, souvenir d'un Européen » (Folio-Essais n° 616), envoyé à son éditeur en 1942, la veille de son suicide. J’en rendrai compte quelque jour dans ce blogue.

Le livre trouvé sur un appui de fenêtre est un recueil de nouvelles de 1922, dont la première « Amok ou le fou de Malaisie » lui donne son titre. Comme dans les deux autres nouvelles, « Lettre d’une inconnue » et « La ruelle au clair de lune », il s’agit de raconter les drames causés par la passion amoureuse, drames qui vont jusqu’à la mort.

Dans sa préface très intéressante de novembre 1926, Romain Rolland déplore que l’édition française ne reprenne que trois des cinq nouvelles qui composaient en allemand le recueil, arguant que Zweig compose ses recueils comme des symphonies et qu’il est donc regrettable d’en détruire l’unité.

Je dois dire que je suis resté assez insensible à l’exotisme exacerbé de « Amok », autant qu’à l’ambiance glauque de « La ruelle au clair de lune » : trop de délire passionnel, trop de comportements excessifs et de décisions folles.

Seule la « Lettre d’une inconnue » m’a ému. C’est l’histoire d’une adolescente qui tombe amoureuse d’un romancier célèbre qui vient habiter à côté de chez elle avec son domestique ; à force d’épier cet homme, elle finit par le rencontrer et passe une nuit avec lui. Un enfant en sera le fruit, qu’elle chérira et éduquera comme dans la haute société grâce à l’argent de ses amants successifs. Mais toujours elle n’aura qu’une obsession : retrouver son romancier et s’en faire reconnaître comme la jeune fille qui déjà l’adorait. Jamais cela ne surviendra, même après une autre nuit merveilleuse en sa compagnie ; elle ne sera jamais pour lui qu’une passade, parmi de nombreuses autres. Quand son fils tombera gravement malade, elle se décidera à tout dire dans une longue lettre à son amour de jeunesse, amour resté invisible, et à mettre fin à ses jours.

Les commentaires sont fermés.