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18/10/2018

"Les cendres brûlantes" (Michelle Maurois) : critique II

Anatole France est dreyfusard, comme son amie Léontine. Voici ce que lui écrit Proust le 2 janvier 1899 : « Vous vous êtes mêlé à la vie publique d’une manière inconnue à ce siècle ni comme Chateaubriand ni comme Barrès, non pas pour vous faire un nom mais, quand vous en aviez un, pour qu’il fût un poids dans la Balance de la Justice » (page 131). Début octobre 1902, il prononce un superbe discours sur la tombe de Zola au cimetière Montmartre. Et le 13 juillet 1906, Dreyfus est réhabilité ; le 21, il est décoré de la Légion d’honneur. La justice est passée !

Le salon de Madame Arman voit défiler – et rester – tout ce qui compte dans la politique de l’époque : Aristide Briand, Clemenceau, Raymond Poincaré, Painlevé, Léon Blum et surtout Jean Jaurès, qui fascinait France. Jaurès invite Anatole France à la réunion de création de l’Humanité et se fait l’intermédiaire du ministre de l’Instruction publique pour le prier d’accepter d’être candidat à la chaire de littérature française du Collège de France !

Viennent aussi de « nouveaux » écrivains : Henri de Régnier, Marcel Prévost, Pierre Loti, de même que Barrès et parfois Proust. On y voit aussi Lucien Guitry, Réjane, Reynaldo Hahn, des médecins illustres, la ravissante Anna de Noailles, ainsi que quelques célèbres étrangers (pages 135-136).

La deuxième partie du livre (1900-1910) nous fait changer de siècle. Anatole France a divorcé et sa fille Suzanne fait les frais de la mésentente de ses parents ; son père ne se préoccupe pas d’elle, sauf pour la marier à un officier riche, Henri Mollin (mais il n’assista pas à la cérémonie, de peur d’y rencontrer son épouse). Comme quoi les plus grands peuvent aussi être très petits (dans leur vie personnelle). Le mariage forcé ne dura que quatre années et Suzanne profita du scandale des fiches consignant des renseignements sur les officiers de l’armée française et dans lequel son mari était compromis, pour demander le divorce.

« À vingt-sept ans, deux ans après son divorce, Suzanne épousa hâtivement Michel Psichari, dont elle était devenue la maîtresse. Il était de huit ans son cadet et le petit-fils de Renan (il avait assisté en 1903 aux fêtes de Tréguier en l’honneur de son grand-père et au cours desquelles France avait fait un important discours). Elle mit au monde en 1907 un enfant, Lucien » (page 189). Le monde est petit ! Malheureusement ce second mariage ne dura guère non plus. France ne revit pas sa fille, même quand elle fut malade et désespérée.

« Michel Psichari fut tué à la guerre en 1917 et Suzanne mourut en 1918 de la grippe espagnole. France se rendit aux obsèques de sa fille si mal aimée et même manifesta de la douleur » (page 190). Nous aurons l’occasion de reparler des Psichari car le hasard m’a mis entre les mains un livre sur Ernest, son frère, écrit par leur sœur Henriette.

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