22/11/2017
Orthographe, j'écris ton nom
À force, cette histoire d’orthographe censée abolir dans notre langue la moindre inégalité de traitement entre les genres – que ses militants confondent avec les sexes – m’aura occupé pas mal de temps et suscité plusieurs billets de ce blogue…
C’est sans doute ce qu’ont dû se dire les hommes (!) qui nous gouvernent et dans une nouvelle tentative de "siffler la fin de la récréation", le Premier Ministre, Édouard Philippe, a demandé dans une circulaire à tous ses ministres de bannir des textes administratifs cette façon d’écrire le français. Ouf, il ne restera plus que les journalistes à calmer…
Il est quand même inconcevable que l’on incite les Français (les francophones sont-ils concernés ?) à se mettre dans le crâne (et dans les doigts) de nouvelles graphies compliquées, alors que nombre d’entre eux n’arrivent pas à appliquer les règles – peut-être compliquées mais apprises à l’école – du français ancestral !
Comme nous sommes sous le règne du « en même temps », la circulaire accepte, a contrario, la féminisation des titres (« la ministre », « la procureure »…), féminisation refusée par l’Académie française, tout en rappelant que « le masculin est une forme neutre qu’il convient d’utiliser pour les termes susceptibles de s’appliquer aussi bien aux hommes qu’aux femmes ». Personnellement, je n’y suis pas favorable et j’ai souvenir d’une responsable de recherche au CNRS qui détestait qu’on l’appelle « la Directrice du Groupement de Recherche »… La féminisation forcenée des noms de « métier » donne naissance à des termes qui ne sont pas heureux, comme « écrivaine » (et que je n’emploie pas). Colette est un écrivain français… Mais il est vrai qu’un mot est un mot, et que nous mettons chacun des connotations variées derrière les mots (pour parler comme Alain Souchon) ; j’adore « calamiteux », « dérisoire » et « en substance » mais sans doute l’un ou l’autre de ces mots hérisse-t-il tel ou tel de mes lecteurs !
La circulaire demande aussi que l’on ait recours, dans les recrutements, à des formules comme « le candidat ou la candidate ». Soit (même si c’est en partie contradictoire avec la réaffirmation du rôle « neutre » du masculin…).
Drôle de pays, a-t-on déjà remarqué, où c’est un Premier Ministre (Michel Rocard) qui lance une réforme de l’orthographe, au nez et à la barbe de l’Académie, pourtant chargée par Richelieu de veiller sur la langue et où c’est un autre Premier Ministre qui doit se fendre d’une circulaire pour arrêter une polémique autour de l’orthographe !
À l’heure où le CETA, avant même d’être ratifié par le Parlement national, est déjà appliqué à 80 % et où des forces souterraines sont à l’œuvre pour nous imposer le TAFTA…
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