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12/10/2014

On peut pas être à la fois Jean Dutourd et Jean Moulin ?

En 2007, Renaud Séchan terminait sa chanson « Socialiste » par cette phrase : « On peut pas être à la fois Jean Dutourd et Jean Moulin ».

C’était « vache » pour Jean Dutourd (1920-2011), ancien résistant et académicien, auteur du célèbre « Au bon beurre, chronique des Français sous l’Occupation », ronchon patenté et habitué des « Grosses Têtes » de Philippe Bouvard !

Pour ce qui nous concerne, Jean Dutourd, membre de l’association « Défense de la langue française », était un aîné en francophonie !

Il a bougonné contre l’abâtardissement de la langue il y a déjà longtemps et a tenu la rubrique « Le bon français » dans le Figaro.

Il a publié en 1999 un livre décapant : « À la recherche du français perdu » (Plon). À noter que l’éditeur, bizarrement, avait écrit « Français » (avec une majuscule) et non pas « français » sur la couverture…

Dans son premier chapitre, intitulé « L’état de siège », il écrivait :

« Il y a plusieurs raisons à cela. La plus grande est le snobisme. Les Français s’évertuent à utiliser des mots américains (ou américanomorphes), non certes dans le but d’apprendre l’anglais, idiome, du reste, auquel leur gosier est étrangement réfractaire, ni dans celui de communiquer avec d’éventuels Anglo-Saxons, mais pour épater les autres Français. Savoir l’anglais (ou faire semblant) est une espèce de luxe, une espèce de supériorité sociale…

Il y a quelque chose de magique dans ce qu’Étiemble appelait le « sabir atlantique ». La magie de ce qu’on ne comprend pas.

Même remarque en ce qui concerne le galimatias pédant, où fleurissent les problématiques, les thématiques et mille autres belles choses inaccessibles aux esprits simples.

Même remarque encore à propos du charabia administratif et de la langue de bois des politiciens…

Jusqu’en 1940, il n’y avait rien de mieux au monde que la France, que le génie français, que la langue française. Ce chauvinisme était irritant, j’en conviens, mais il était sain, car il est sain pour un pays de s’admirer et il ne l’est pas de se dénigrer…

… Nous sommes devenus l’humilité même, nous nous mettons au dernier rang des nations, nous renions tout : nos grands hommes, notre passé, notre histoire, nos chefs d’œuvre, l’architecture de nos villes, que nous écrasons sous des gratte-ciel, notre littérature. Nous renions notre langage, qui est notre dernier trésor. Nous ne sommes pas encore remis d’avoir perdu la guerre de 1940, que les Américains, les Anglais et les Russes et le général de Gaulle ont gagnée à notre place."

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