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01/10/2014

L'unification linguistique de la France

La revue de l’INED « Population et sociétés » a publié dans son numéro 285 de décembre 1993 (je sais, ça fait vingt ans, mais cette revue n’existant plus, je serais bien en peine de trouver une mise à jour de l’étude…) un panorama très intéressant de la situation du français dans l’Hexagone, en ces temps d’immigration porteuse de langues diverses et  de tentatives de relance des langues régionales.

Selon l’enquête, les deux tiers des parents à qui on parlait une langue régionale ou étrangère quand ils étaient enfants, ne la parlent plus ordinairement à leurs propres enfants. Dans 95 % des familles françaises, c’est dans la langue nationale que les parents s’adressent habituellement à leurs enfants. Cela donne raison à Claude Hagège qui a écrit « Les langues minoritaires ne constituent pas un danger pour le français » (Le français et les siècles, 1987).

L’arabe est la première langue étrangère parlée en France (NDLR : à mon avis, c’est plutôt le franglais…) mais il concerne moins de 2 % des familles. Il est délaissé par la moitié des parents arabophones en une seule génération.

Le portuguais est en voie de réduction rapide (1 % des familles).

L’alsacien et le mosellan ensuite (0,6 %). Ils ont une sorte de sursis quant à leur abandon à cause de la proximité géographique du monde rhénan. Le corse, éloigné de la péninsule italique, est beaucoup moins parlé dans les familles ; il pourrait être devancé à terme par l’arabe et l’italien. Quant au breton, une étude de l’INSEE confirme sa quasi-disparition chez les moins de trente ans.

Le turc (communauté récente, faible numériquement mais qui se transmet encore à un niveau élevé) : 0,4 %.

Et enfin l’espagnol : 0,2 %.

Les femmes, contrairement à ce que l’on pourrait penser, se convertissent au français plus vite que les hommes ; de ce fait, la langue maternelle d’origine devint plutôt une langue « paternelle » !

Dans un même groupe linguistique, ce sont les plus démunis qui transmettent le plus. L’INED écrit : « Le trésor linguistique dont ils sont dépositaires est bien une richesse mais c’est souvent la richesse du pauvre ».

Les lois qui autorisent l’enseignement des langues régionales (loi Deixonne en 1951, circulaire Savary en 1982…) ne semblent pas avoir eu beaucoup d’impact sur leur disparition progressive. « Une langue même langue d’école, cesse d’être familière si elle n’est plus familiale ».

Enfin, point qui intéressera les pourfendeurs de franglais que nous sommes, une langue peut s’altérer même si elle est retransmise par une partie des familles. L’alsacien d’aujourd’hui est truffé de périphrases calquées du français et d’emprunts directs ; les jeunes locuteurs ne cessent de zapper entre les deux langues, comme ils le font entre télévision française et télévision allemande. On constate la même hybridation dans le corse et l’arabe dialectal.

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