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02/11/2017

"Souvenirs d'une ambassade à Berlin" (André François-Poncet) : critique I

Le meilleur livre que j’aie lu cet été est « Souvenirs d’une ambassade à Berlin » publié par André François-Poncet en 1946.

Le livre est un précieux témoignage sur la vie à Berlin dans les années qui ont précédé la déflagration déclenchée par les nazis, soit de septembre 1931 à octobre 1938, date à laquelle l’ambassadeur a été rappelé par son gouvernement à la demande des Allemands.

C’est d’abord la qualité du style qui m’a emballé ; c’est le français d’un diplomate, probablement formé à l’école des sciences politiques (qui a depuis envahi les plateaux télé et les comités de direction sous le nom de Sciences Po), un écrivain de la trempe de Paul Claudel et de Saint John Perse. Le lire est un régal !

Mais il y a aussi la clairvoyance des analyses – quelques mois seulement après la fin du conflit mondial – qui sont remarquables.

« L’atmosphère de la ville est fiévreuse, orageuse, malsaine. On marche sur un sol mouvant. Les esprits sont excités. Les renversements de fortune, les faillites se multiplient. Le chômage augmente. Par une contradiction surprenante, sous un Chancelier vertueux, la corruption, la dépravation des années précédentes ne sont guère atténuées. La licence des rues s’étale, sans plus de frein qu’auparavant. On continue à voir débarquer de nombreux étrangers qu’attirent les fâcheuses spécialités locales, les spectacles équivoques, l’ « Institut für Sexualforschung » de Magnus Hirschfeld, les bars où les danseuses sont des hommes… Les feuilles de chantage se livrent sans gêne à leur industrie » (page 29).

François-Poncet excelle également dans le portrait des hommes importants qu’il a eu à côtoyer. Ainsi de Pierre Laval :

« Pierre Laval se sentait, alors, en pleine ascension. L’aisance, la rapidité avec lesquelles s’était, en moins de dix ans, édifié sa fortune, politique et matérielle, lui avaient inspiré une foi robuste en lui-même et en son génie. Il se croyait appelé à jouer le rôle d’un grand homme d’État français et européen. Éloigner la perspective de la guerre, affermir la paix, tel était le programme, un peu simpliste, qui devait, selon lui, le mener à la gloire. À la place de Briand, trop vieux, et qu’il reléguait peu à peu dans l’ombre, il rêvait d’apparaître comme le pacificateur d’un univers troublé et déchiré, le héros sorti du peuple et tout proche du cœur des peuples, qui dénouerait les nœuds gordiens, réputés inextricables avant lui » (page 20)

07/09/2017

Qui a dit ça ? qui c'est celui-là ? (IV)

Quel est l’homme politique décrit dans le texte ci-dessous ?

« X se sentait, alors, en pleine ascension. L’aisance, la rapidité avec lesquelles s’était, en moins de dix ans, édifié sa fortune, politique et matérielle, lui avaient inspiré une foi robuste en lui-même et en son génie. Il se croyait appelé à jouer le rôle d’un grand homme d’État français et européen. Éloigner la perspective de la guerre, affermir la paix, tel était le programme, un peu simpliste, qui devait, selon lui, le mener à la gloire. À la place de Y, trop vieux, et qu’il reléguait peu à peu dans l’ombre, il rêvait d’apparaître comme le pacificateur d’un univers troublé et déchiré, le héros sorti du peuple et tout proche du cœur des peuples, qui dénouerait les nœuds gordiens, réputés inextricables avant lui ».

03/09/2017

Qui a dit ça ? qui c'est celui-là ? (III)

À quoi et à qui vous fait penser cette analyse ?

« En fait les décisions arrêtées furent promptement exécutées ; au cours des mois suivants le secrétariat général fut institué, les membres de la Commission, choisis parmi l’élite de leurs Administrations et de leurs professions respectives, furent désignés et se réunirent ; les sous-commissions (...) commencèrent leurs travaux (...) ; on put croire un instant que l’on atteindrait le but que l’on s’était proposé. C’était oublier que l’économie ne peut rien si la politique ne vient l’éclairer et la féconder. Et la politique, au contraire, devait renverser bientôt la fragile construction échafaudée (...) ! ».