Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

20/04/2017

Petites nouvelles du Front (II)

Clarika.jpgEntre temps – et cela n’a aucun rapport –, je suis allé écouter successivement trois chanteuses françaises dignes d’intérêt : d’abord Clarika, au tour de chant bien rodé, avec des musiciens multi-instrumentistes remarquables. J’ai été épaté par la créativité et la présence scénique de ces artistes. Cette jeune femme mince d’une cinquantaine d’années chante (très bien) en français des textes qu’elle a écrits ; elle m’a fait penser à ma favorite, Berry, l’une et l’autre semblent obsédées par la fin des choses : la rupture amoureuse dans un cas, la disparition dans l’autre. Une chose est sûre : elles chantent (bien) en français, elles ne passent pas sur les ondes, elles ne sont pas connues ; des musiciens français doués leur composent des musiques dignes d’intérêt ; ils sont et resteront complètement inconnus. Heureusement, on a le rap.

J’ai vu – et c’est un plaisir – la jeune chanteuse d’une trentaine d’années, Mélody Linhart, qui compose toute seule paroles et musiques ; je lui pardonne ses textes en anglais (encore que…) parce qu’elle est d’origine anglaise en partie (j’ai mis exprès un « é » à son prénom). Elle est charmante, à l’aise, pleine d’humour et donc pour l’instant inconnue. Son premier disque (« Now or never ») vient de sortir. Mélody Linhart.jpg

En première partie, il y avait Nellyla, une grande et belle jeune femme, auteur-compositeur également de chansons très personnelles pleines de poésie, qu’elle accompagne de quelques arpèges sobres sur une sorte d’ukulele ou sur un petit synthétiseur ; une telle efficacité avec une telle économie de moyens, c’est impressionnant.

Nellyla.jpg

Quand on compare le niveau déjà atteint par ces artistes à celui des amateurs que nous sommes tous, alors qu’ils « tournent » dans de très petites salles ou des MJC, parfois pour des concerts gratuits, et sont voués à l’anonymat, si loin des maîtres… on se dit que seule la foi sauve et que la hiérarchie de récompense des talents est bien mal fichue !

PS. En ce qui concerne Clarika, elle n'est pas si inconnue que cela... Elle est passée dans l'émission "On n'est pas couché" fin mai 2016, pour présenter son septième disque.

19/12/2016

Bons mots

On connaît, bien sûr, « Les mots » de Jean-Paul Sartre. Paru en 1964, ce livre raconte l’enfance de l’écrivain-philosophe et l’importance de la littérature.

On connaît aussi, sans doute, « Les mots pour le dire » de Marie Cardinal, récit impudique de son mal-être et de sa psychanalyse, paru en 1975 (quant à moi, j’avais lu d’elle « La clé sur la porte », en 1978, dans lequel elle racontait son expérience de « maison ouverte » et d’éducation très libre donnée à ses enfants).

On se souvient évidemment du film « Ridicule », reflet étincelant d’une époque (les XVIIème et XVIIIème siècle) où un bon mot vous rendait célèbre (dans un petit cercle il est vrai) et où manquer de répartie vous condamnait au ridicule.

Dans cette série dont vous lisez le premier billet, je voudrais rendre hommage aux mots et à ceux qui en maîtrisent la magie. 

Et je vais commencer par deux auteurs de chanson. 

D’abord, Alain Souchon, qui, comme d’habitude, réussit à trouver un angle d’attaque original : non pas les mots eux-mêmes mais ce qu’il y a derrière, ce qu’ils font comprendre ou imaginer. 

Entendez-vous dans les mélodies

Derrière les mots, derrière nos voix

Les sentiments, les pleurs, les eaux vives

Qu’on ne peut pas dire ? 

Non, non,

Non, entendez-vous l'amour caché là

Derrière les mots, derrière les voix

Et puis après quand l'amour s'en va

« Derrière les mots »

 

Et ensuite Renaud Séchan dans « Les mots »

Les poèmes d'un  Léautaud

Ceux d'un Brassens, d'un Nougaro

La plume d'un Victor Hugo

Éclairent ma vie comme un flambeau

  

Alors, gloire à ces héros

Qui par la magie d'un stylo

Et parce qu'ils font vivre les mots

Emmènent mon esprit vers le haut

Emmènent mon esprit vers le haut

12/11/2016

So long, L. C.

I remember you well

in the Chelsea hôtel

You were talking

so brave and so sweet

 Ce fut une révélation quand nous découvrîmes en 1966 le disque « The songs of Leonard Cohen » en plein dans la décennie magique du folk et de la pop anglo-saxonne, celle qui a connu, entre autres, « Sgt Peppers lonely hearts club band », « Blonde on blonde » et « Ummagumma ».

À dire vrai, je crois bien que j’ai d’abord entendu ses premières chansons en français, traduites et interprétées par le Néo-Zélandais Graeme Allwright. En l’occurrence, c’était « L’étranger » (The stranger). Un peu plus tard, en vacances en Bavière, j’ai acheté « Songs from a room ».

Le premier disque de Leonard Cohen s’ouvrait sur deux chefs d’œuvre : Suzanne (sur la face 1) et So long, Marianne (sur la face 2). Deux jeunes femmes aujourd’hui lui doivent leur prénom. 

Oh you’re really such a pretty one

I see you’ve gone and changed your name again 

Bruno Groléjac1975.jpg

Dans son troisième album, Songs of love and hate, en 1971, se trouve un autre chef d’œuvre : Famous blue raincoat.

It's four in the morning, the end of December

I'm writing you now just to see if you're better

New York is cold, but I like where I'm living

There's music on Clinton Street all through the evening

Mais le talent de Léonard Cohen ne s’arrête pas à ces trois chansons. Il y a sa voix si grave, si particulière, sa mélancolie, son flegme, son attirance vers la spiritualité, sa période bouddhiste, sa vie à rebondissements, sa jeunesse en Grèce sur l’île d’Hydra, sa passion pour les femmes et ses difficultés avec elles, et ses recueils de poèmes, ses poèmes !

Go by brooks, love

Where fish stare

Go by brooks

I will pass there

 

Go by rivers

Where eels throng

Rivers, love

I won’t be long

 

Go by oceans

Where whales sail

Oceans, love

I will not fail

 

Je n’oublierai pas non plus ses romans, dont The favourite game, que j’avais adoré. 

« Seigneur ! Je viens juste de me rappeler

ce qu’était le jeu favori de Lisa »

Tout cela a marqué profondément notre jeunesse.

Avec le décès de Marianne et la lettre émouvante que Léonard Cohen lui avait écrite et fait lire par un ami commun, c’est une période qui s’achève, une période que nous avons pleinement vécue nous aussi. Une boucle est bouclée…

Le poète canadien, écrivain, auteur et compositeur de chansons, Léonard Cohen, s’est éteint le 7 novembre 2016, à Los Angeles.

Je savais bien que ça arriverait un jour… 

Resquiescat in pace.