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20/04/2019

Victor Hugo, toujours...

L’incendie de Notre-Dame de Paris est une catastrophe patrimoniale, culturelle, historique et écologique. Nous avons tous été saisis d’effroi, lundi 15 avril 2019, vers 20 heures, quand nous avons vu à la télévision ces flammes gigantesques et l’impuissance (provisoire) des pompiers, en plein Paris… Mais de là à y voir un avertissement divin, les prémisses de la fin de notre civilisation ou tout autre divagation, il y a un pas qu’il ne faut pas franchir. Accessoirement on aimerait connaître les causes de cet incendie ; on a peu dit dans les commentaires que, dans la tête les habitants du village-monde qui, soi-disant, avaient les yeux braqués sur nous, il y a peut-être eu cette interrogation vaguement ironique que les Français, pour restaurer leur joyau, mettent un an à bâtir un échafaudage et une nuit pour faire brûler les deux tiers de l’édifice…

Mais trêve de persiflage, il n’y a eu que deux bénéficiaires, évidemment involontaires, de l’événement : les chaînes d’information en continu et le Président de la République, qui en a profité, une fois de plus, pour reporter l’annonce des mesures censées répondre à la crise de la société française mise en lumière par les Gilets jaunes.

Et une seule bonne nouvelle, c’est la référence à notre autre monument national qu’est Victor Hugo. Cette référence a semblé évidente tant aux journalistes qu’aux personnalités politiques qui n’ont pas manqué de « voler au secours de la défaite » ; et c’est bien Mme Anne Hidalgo, maire de Paris, qui a lu un passage de « Notre Dame de Paris », dont la partie centrale, consacrée à l’histoire et à l’architecture de la cathédrale, est effectivement remarquable, indépendamment du roman qui a inspiré film et comédie musicale. On s’est extasié sur l’intuition du poète des Contemplations qui avait vu des flammes gigantesques entre les deux tours-beffrois. Un esprit affûté a fait remarquer par ailleurs que Victor Hugo a aussi écrit « Les misérables »… Retour à l’actualité des GJ !

Comme d’habitude, certains Parisiens ont surtout été badauds, gênant éventuellement les secours, le consternant spectacle étant gratuit. Les ultra-riches ont généreusement proposé des dons importants qui ne leur coûteront qu’un tiers des montants affichés (comme tous les dons donnant lieu à défiscalisation, c’est de l’argent que l’on doit à l’État de toutes façons et dont on peut ainsi « flécher » la destination au lieu de le verser au pot commun, bénéficiant au passage de l’aubaine d’une publicité gratuite et d’une aura de philanthrope). Il est clair que pour soulager d’autres maux bien réels et bien humains, l’argent sort moins facilement de leurs poches.

Comme dit la petite de Da Balaïa, « Je comprends » et elle conclut son anaphore par une bien belle citation de Victor Hugo que je reproduis ici : « Rien n’est solitaire, tout est solidaire. L’homme est solidaire avec la planète, la planète est solidaire avec le soleil, le soleil est solidaire avec l’étoile, l’étoile est solidaire avec la nébuleuse, la nébuleuse, groupe stellaire, est solidaire avec l’infini. Ôtez un terme de cette formule, le polynôme se désorganise, l’équation chancelle, la création n’a plus de sens dans le cosmos et la démocratie n’a plus de sens sur la terre. Donc, solidarité de tout avec tout, et de chacun avec chaque chose. La solidarité des hommes est le corollaire invincible de la solidarité des univers. Le lien démocratique est de même nature que le rayon solaire ».

03/12/2018

Nouvelles du front (linguistique) IV

Dans le Journal des activités sociales de l’énergie de janvier-février 2017, je découvre, dans la rubrique Tendance (!), une page entière intitulée « COSPLAY CULTURE », avec la photo d’une jolie jeune femme en costume quasiment folklorique.

Bien sûr c’est la syntaxe anglo-saxonne du titre, et non pas la photo, qui attire mon œil et m’incite à parcourir le texte.

Je comprends, à ma courte honte, que le cosplay (contraction de costume playing) consiste à donner vie à des personnages fantastiques (Dark Vador, Pikachu, Lara Croft, Indiana Jones – on notera l’origine exclusivement étatsunienne de ces « héros » –), vêtu d’un costume entièrement fait à la main.

Cela ne me console pas de lire au début de l’article (qui n’y reviendra plus qu’à sa toute fin) que le Journal officiel aurait traduit l’anglicisme par « costumade ». Car la suite fourmille de cosplayeurs, comics, steampunk, la Japan Tours, un genre de convention, la culture geek, do it yourself.

Il paraît que jouer à cela permet de retomber en enfance (on n’en doute pas), de se sentir en sécurité, de pleinement s’épanouir (on en doute), de s’évader.

On apprend que le jeu serait né aux États-Unis en 1939 (les Ricains n’avaient apparemment rien d’autre à faire cette année-là), « lorsque Forrest J. Ackermann, dit Mr. Science Fiction, apparaît déguisé en homme du futur au WorldCon, première convention de science-fiction » et qu’il aurait été popularisé dans les années 70. Aujourd’hui, il a ses stars et ses concours internationaux (le journal cite Japan Tours à Paris, Mangame Show à Montpellier et Paris Manga Sci-Fi Show).

Le bouquet nous est fourni à la fin de l’article, thèse d’un sociologue à l’appui : ce loisir est participatif, subversif (car on porte des masques) et « plonge ses racines dans la culture populaire européenne (sic !) du costumage : ne danse-t-on pas les rondes de gicques au carnaval de Dunkerque ? ».

article du Monde (17 novembre 2007) cité par le site "libertesinternets"

Bon, moi j’appellerais ça « se déguiser ».

11/04/2018

William Morris

J’ai découvert William Morris dans « La carte et le territoire » de Michel Houellebecq. Comme pour d’autres personnages de ce roman bizarre, j’ai dû avoir recours à Wikipedia pour m’assurer que c’était bien quelqu’un qui avait existé.

Eh oui ! c’est un personnage historique ! Et non des moindres, puisque écrivain, entrepreneur, créateur et politicien, il a inspiré l’Art nouveau et, en France, la fameuse école de Nancy.

Contemporain presque exact d’Alexandre Dumas, il a contribué à la fondation du parti socialiste anglais, tout en créant une entreprise de textile et de papier peint !

Morris_Grafton_wallpaper_c_1883.jpg

Papier peint « Grafton » de Morris and co

Par William Morris — Planet Art CD of royalty-free PD images

William Morris : Selected Works, Domaine public,

https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=2440958

Michel Houellebecq écrit après son épilogue qu’il se documente très peu et ne remercie que deux policiers du Quai des Orfèvres pour les renseignements fournis sur le fonctionnement de la police judiciaire… mais pour William Morris, il a bien dû se documenter, non ?

07:30 Publié dans Arts | Lien permanent | Commentaires (0)