Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

22/04/2019

Enfin une norme française pour des claviers enfin francisés

Marie-Estelle Pech signale dans les actualités France du Figaro du 3 avril 2019 qu’une norme française sur les claviers va enfin faciliter l’accentuation des majuscules (que rien n’interdit, bien au contraire pour une meilleure lisibilité, sauf les instituteurs des années 60, pour une fois très mal inspirés – en attendant que la méthode globale leur tombe sur la tête, mais c’est une autre histoire), ainsi que l’utilisation des signes diacritiques (œ, Ç, etc.) et les guillemets français («... »).

Apparemment (mais il faut dire que nos députés préfèrent s’intéresser à la fessée dans les chaumières…) la France était l’un des rares pays européens à ne pas disposer d’une norme nationale en la matière (je ne sais pas ce qu’il en est au Québec). Comme quoi, on n’est jamais les derniers à suivre l’Europe quant il s’agit de privatiser à marche forcée ou à battre notre coulpe quant on nous fait des remontrances sur l’interdiction du voile intégral mais, en revanche, quand il s’agit de se protéger comme les autres et de défendre notre langue – déjà massacrée par internet – on prend tout son temps…

Ne boudons pas notre plaisir, c’est un événement important et une très bonne nouvelle. Avec quelques bémols cependant :

  • Une norme n’étant pas obligatoire (contrairement à ce que pensent les gens et contrairement à l’usage que font du mot les hommes politiques, dans le sens de « réglementation », pour le coup obligatoire…) ;
  • Il faudra donc attendre que tel ou tel fabricant (taïwanais ?) nous propose un clavier respectant cette norme ; et même dans ce cas, les entreprises et les administrations l’adopteront-elles ?
  • Cette « révolution » n’est en fait qu’une première évolution car il s’agit pour l’instant uniquement « d’ajuster la disposition de certaines touches », l’optimisation ayant été faite par ordinateur et suite à une enquête publique ;
  • On sera encore loin du clavier bépo parfaitement adapté à la langue française et ergonomique (peut-être une deuxième norme ?)

Les normalisateurs ont évalué la durée d’adaptation à ces deux types de clavier : de quelques heures à trois semaines.

La norme va plus loin que nos caractères diacritiques puisqu’elle intègre le fameux point médian « ž » (non pas celui de la tristement célèbre écriture inclusive mais celui des graphies en catalan et en gascon…) et le n tilde « ñ » (utile en basque et en breton). Soit dit en passant, cette « extension » est curieuse alors que les langues régionales n’ont pas droit de cité. Plus généralement la norme permettra de saisir tous les caractères des langues à alphabet latin du continent européen, dont évidemment l’allemand, l’espagnol et le portugais.

21/04/2019

"Macron, un mauvais tournant" : critique IV

Le report réitéré des mesures envisagées par M. Macron pour répondre à la crise me donne du temps supplémentaire pour vous donner encore quelques extraits du livre « Macron, un mauvais tournant » des Économistes atterrés (paru en 2018, avant le 17 novembre…).
Dans la partie 3, « Réformes structurelles : liberté, concurrence, finance », on trouve, outre un rappel de faits bien connus comme l’explosion de la rémunération des hauts dirigeants et l’augmentation des inégalités (les fameux 0,01 %, à savoir 3000 ultra-riches en France) quelques considérations intéressantes sur l’actionnariat des entreprises :
• Ces hauts dirigeants, disposant d’informations exclusives sur la santé réelle de leur entreprise, arrivent à berner leurs propres actionnaires (voir les affaires Enron ou Vivendi) ;
• L’évolution depuis les Trente Glorieuses s’est faite à rebours de « L’euthanasie progressive des rentiers » ardemment souhaitée par Keynes ;
• « La firme actionnariale joue contre les salaires. Mais elle joue aussi contre l’investissement. Le gouvernement français, en taxant moins les placements financiers (…), prétend encourager celui-ci (NDLR : l’investissement). Mais c’est oublier que le capital des chefs d’entreprise (…), comme celui des cadres dirigeants investi dans leur entreprise, était déjà exempté d’ISF. C’est oublier aussi que l’essentiel des achats d’actions en Bourse s’effectue sur le marché secondaire (…), ce qui ne rapporte en conséquence aucune ressource aux entreprises » (page 62).

Les auteurs s’intéressent ensuite au secteur public, à sa légitimité, à son périmètre et à son efficacité, à l’heure où l’exécutif, si l’on en croit les éléments qui ont filtré dans les médias, songent à échanger des baisses d’impôts (pour qui ?) contre un nouveau rabotage des services publics (lesquels ? où ?).
« Alors que des dizaines de rapports d’inspiration libérale – dont l’outrancier rapport Attali de 2008 par lequel Emmanuel Macron a fait ses premières armes – se sont succédé pour plaider en faveur de ces privatisations, frontales ou rampantes, on en compte bien peu en faisant un bilan sérieux (NDLR : de ces privatisations) et précis en termes de qualité du service rendu, mais aussi de coûts.
Le Royaume-Uni, sous un gouvernement conservateur qui plus est, a décidé de ne plus recourir à de nouveaux partenariats public-privé (dénommés Private Finance Initiative outre-Manche), dont il était pourtant le champion, cela suite à des rapports accablants sur leurs résultats » (page 73).

À quand un moratoire sur ces montages en France ?

20/04/2019

Victor Hugo, toujours...

L’incendie de Notre-Dame de Paris est une catastrophe patrimoniale, culturelle, historique et écologique. Nous avons tous été saisis d’effroi, lundi 15 avril 2019, vers 20 heures, quand nous avons vu à la télévision ces flammes gigantesques et l’impuissance (provisoire) des pompiers, en plein Paris… Mais de là à y voir un avertissement divin, les prémisses de la fin de notre civilisation ou tout autre divagation, il y a un pas qu’il ne faut pas franchir. Accessoirement on aimerait connaître les causes de cet incendie ; on a peu dit dans les commentaires que, dans la tête les habitants du village-monde qui, soi-disant, avaient les yeux braqués sur nous, il y a peut-être eu cette interrogation vaguement ironique que les Français, pour restaurer leur joyau, mettent un an à bâtir un échafaudage et une nuit pour faire brûler les deux tiers de l’édifice…

Mais trêve de persiflage, il n’y a eu que deux bénéficiaires, évidemment involontaires, de l’événement : les chaînes d’information en continu et le Président de la République, qui en a profité, une fois de plus, pour reporter l’annonce des mesures censées répondre à la crise de la société française mise en lumière par les Gilets jaunes.

Et une seule bonne nouvelle, c’est la référence à notre autre monument national qu’est Victor Hugo. Cette référence a semblé évidente tant aux journalistes qu’aux personnalités politiques qui n’ont pas manqué de « voler au secours de la défaite » ; et c’est bien Mme Anne Hidalgo, maire de Paris, qui a lu un passage de « Notre Dame de Paris », dont la partie centrale, consacrée à l’histoire et à l’architecture de la cathédrale, est effectivement remarquable, indépendamment du roman qui a inspiré film et comédie musicale. On s’est extasié sur l’intuition du poète des Contemplations qui avait vu des flammes gigantesques entre les deux tours-beffrois. Un esprit affûté a fait remarquer par ailleurs que Victor Hugo a aussi écrit « Les misérables »… Retour à l’actualité des GJ !

Comme d’habitude, certains Parisiens ont surtout été badauds, gênant éventuellement les secours, le consternant spectacle étant gratuit. Les ultra-riches ont généreusement proposé des dons importants qui ne leur coûteront qu’un tiers des montants affichés (comme tous les dons donnant lieu à défiscalisation, c’est de l’argent que l’on doit à l’État de toutes façons et dont on peut ainsi « flécher » la destination au lieu de le verser au pot commun, bénéficiant au passage de l’aubaine d’une publicité gratuite et d’une aura de philanthrope). Il est clair que pour soulager d’autres maux bien réels et bien humains, l’argent sort moins facilement de leurs poches.

Comme dit la petite de Da Balaïa, « Je comprends » et elle conclut son anaphore par une bien belle citation de Victor Hugo que je reproduis ici : « Rien n’est solitaire, tout est solidaire. L’homme est solidaire avec la planète, la planète est solidaire avec le soleil, le soleil est solidaire avec l’étoile, l’étoile est solidaire avec la nébuleuse, la nébuleuse, groupe stellaire, est solidaire avec l’infini. Ôtez un terme de cette formule, le polynôme se désorganise, l’équation chancelle, la création n’a plus de sens dans le cosmos et la démocratie n’a plus de sens sur la terre. Donc, solidarité de tout avec tout, et de chacun avec chaque chose. La solidarité des hommes est le corollaire invincible de la solidarité des univers. Le lien démocratique est de même nature que le rayon solaire ».