Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

21/05/2020

Les mots français à la mode XII

Il y a l’insupportable « Celles et ceux... ». C’est peut-être bien M. Macron qui l’a inventé, en tous cas qui l’a ressassé. C’est devenu un incontournable de la langue politique et technocratique. Ça fait plaisir aux féministes de tout poil, d’autant plus que le féminin l’emporte ici sur le masculin !

Péché véniel sans doute…

Beaucoup plus grave est l’abandon galopant de l’accord quand le COD est placé avant l’auxiliaire avoir et, plus surprenant, l’accord du participe passé avec le sujet. Je répète car effectivement j’ai déjà déploré ici cette atteinte à la grammaire. La tendance est dans un seul sens : simplifier (par paresse ou ignorance) et se rapprocher de l’anglais, où presque tout est invariable (mais pas him et her tout de même). Et on entend à longueur de journée et sur toutes les longueurs d’onde : « les mesures qui ont été mis en place », « les mesures que nous avons pris », etc. Encore une fois, et bizarrement, le féminin qui est d’habitude revendiqué à hauts cris et qui pourrait ici s’exprimer, est ignoré… Pourquoi donc ? Et on exige la féminisation des titres et métiers… Et on exige l’écriture dite inclusive… Et on exige d’accorder les épithètes sur le genre du mot le plus proche… Mais, dans le même temps, on est incapable d’accorder le genre sur « le COD placé avant » ! Quelle mascarade !

(Vous pourriez me dire : « Ne vous trompez pas de cible : ceux qui n’accordent pas ne sont sans doute pas féministes et ceux qui accordent le sont peut-être ! ». Certes…).

Un peu dans le même genre (si je peux me permettre !), j’ai remarqué chez les étudiants une capacité d’éponge à adopter et absorber tout ce qui a consonance anglaise : mail bien sûr mais aussi pitch, workshop, brainstorming, mix and match et j’en passe. À l’occasion, ils conjuguent : « pitcher un poste » !. Et voici maintenant ce qui m’intrigue depuis très longtemps : pourquoi donc n’intègrent-ils pas, à l’heure où leurs connexions neuronales sont si nombreuses et si efficaces, les équivalents français : courriel, séminaire (atelier), remue-méninges (créativité), décrire un poste, etc. Parce que cela fait plouc ?

J’ai une explication, parmi d’autres, en ce qui concerne le milieu de l’enseignement supérieur et de la recherche : il est à la remorque des Américains et, la plupart du temps, calque ses entichements et ses sujets de recherche sur les leurs ; il est donc baigné par leur façon de causer. D’une part il est difficile de traduire sans cesse (car ce ne serait à chaque fois que de la traduction individuelle) et d’autre part « causer english » fait tellement savant et informé… que ce serait idiot d’y renoncer.

19/05/2020

Le 1000ème

Vous qui avez lu mon billet d’hier « Les mots du corona X », saviez-vous que c’était le millième de ce blogue ?

Eh oui, depuis juillet 2014, presque six ans, à un rythme variable, j’ai publié dans « Le bien écrire » mille billets !

J’en connais – des plus connus que moi – qui sont loin d’avoir tenu aussi longtemps...

07:00 Publié dans Blog | Lien permanent | Commentaires (0)

18/05/2020

Les mots du corona X

J’ai oublié de vous parler de ma découverte lexicographique liée au corona. En fait, ça commence par un gag, qui a circulé sur internet : M. Véran, Ministre de la Santé, expliquait en début d’année (ou était-ce l’an dernier?) lors d’un entretien télévisé, pourquoi la grippe saisonnière disparaissait chaque printemps ; parce que les gens ouvraient les fenêtres, sortaient dans la rue et, en bref, n’étaient plus confinés. Apprendre que le déconfinement printanier nous sauvait chaque année d’un virus, alors même que l’on nous confinait pour échapper à un autre, eut quelque chose de réjouissant ; ce fut un énorme éclat de rire. D’aucuns y virent une justification à leur opposition entêtée au confinement décidé le 17 mars 2020…

La lumière nous vint quand, récemment, un des innombrables experts qui nous éclairent chaque soir sur les chaînes d’info en continu, nous conseilla, outre de respecter scrupuleusement les gestes-barrières, d’aérer nos lieux de vie. Bon sang mais c’est bien sûr ! L’air des locaux confinés est un poison qui nous irrigue de gouttelettes (ou d’aérosol?), donc de virus.

Il y a donc confinement et confinement : il faut confiner les gens mais déconfiner les pièces d’habitation. C’est bien cela, M. le Ministre ?

On aurait dû le comprendre tout de suite quand Air France, peut-être à juste titre, proclamait qu’on pouvait se confiner sans risque dans ses avions, au motif que l’air y était renouvelé sans cesse.