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07/10/2019

Le français fait de la résistance (II)

Dans son article du Figaro Magazine du 28 juin 2019, Charles Jaigu affirme que l’américanisation du monde (à savoir « trente ans de mondialisation intensive et frénésie d’uniformisation made in USA ») est finie et que « nous entrons dans la mondialisation qualitative qui donnera l’avantage à ceux qui expriment avec sérénité et fermeté l’authenticité de leurs terroirs »… Je voudrais le croire !

Comme d’habitude dans les débats et opinions sur la langue française, chacun en prend et en laisse dans les motifs de combat. Ainsi Charles Jaigu s’insurge-t-il contre le discours de réception du prix Nobel que Jean Tirole a trouvé malin de faire en anglais et se félicite-t-il de la loi Fioraso qui rend possible, en France, l’enseignement en anglais (« à condition que les étudiants non francophones s’engagent à suivre des cours de langue française » – je  ne connaissais pas cette condition –). Il trouve que c’est un bon compromis ; pas moi !

Récemment l’Université Paris-Est, via son Service des relations internationales et des enseignements (sic !), se flattait d’avoir obtenu « un financement du Ministère de l’Enseignement supérieur pour inciter les enseignants à enseigner leur(s) cours en anglais, avec pour objectif d’accueillir davantage d’étudiants internationaux (NDLR. Pour ne pas stigmatiser, on n’écrit pas étrangers…) dans le cadre de la stratégie nationale Bienvenue en France ». Oui, vous avez bien lu ! Le Ministère va dépenser notre argent – alors qu’il en manque tellement partout – pour faire réaliser des cours en langue états-unienne, comme si les étudiants d’ailleurs venaient chez nous pour entendre parler globish… Mais non ! Ils viennent pour Victor Hugo, pour Rimbaud, pour La Fontaine et Molière, pour l’art nouveau, pour la Tour Eiffel, pour l’art de vivre, pour la gastronomie, pour les paysages et pour apprendre la seule langue avec l’anglais qui est parlée sur les cinq continents ; pas pour une pâle imitation des Anglo-saxons !

Revenons à l’article de Charles Jaigu. Il rappelle que l’axe de défense de la francophonie est celui de la biodiversité appliquée aux cultures : préserver les écosystèmes culturels.

Il écrit ensuite « Le cas de l’écriture inclusive est une illustration de l’idéologie normative plaquée sur une langue vivante (…) Une chose est la féminisation des noms de certaines fonctions pour celles et ceux (sic !) qui le souhaitent et le peuvent, une autre est le projet de s’en prendre aux structures du langage, et de le rendre plus compliqué encore à enseigner ».

Quels sont les pistes de résistance ? La francisation (anticipée) des mots anglais, les subventions aux revues scientifiques en français, l’encouragement à la francophonie, les ateliers d’écriture, le nouveau dictionnaire collaboratif en ligne de la francophonie, fort de 400000 mots…

Et souvenons-nous que nous ne pourrons compter que sur nous-mêmes, la preuve, cette réaction du New Republic en 2014 : « Let’s stop pretending that French is an important language » !

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