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03/10/2019

De, des et d' (II)

Rappelez-vous, amis lecteurs. C’était le 16 avril 2019.

Ce jour-là, j’écrivais dans mon billet :

Il convient de dire et d’écrire : « Notre jardin présente à cette époque…

    • des fleurs magnifiques (pas de problème) ;
    • de magnifiques fleurs (problème : la plupart des gens remplacent « de » par « des ») ;
    • d’étonnantes fleurs jaunes sur les kerria japonica ».

Pour moi, cette règle d’emploi de « des » et de « de » était évidente et fondée, me semble-t-il, sur les positions respectives de l’adjectif et du substantif. Mais il est vrai que je n’avais guère d’argument pour convaincre les uns et les autres (très nombreux) de ne pas écrire ni dire « des magnifiques fleurs »…

Or je viens d’en trouver un dans l’article de Bertrand Rothé, « Municipalisme : la révolte des communes » publié dans Marianne le 6 septembre 2019. Il cite Jonathan Durand Folco: « Il existe dans le système capitaliste des espaces où on peut vivre des nouvelles façons d’organiser le travail, la consommation, les échanges… ». Cette phrase appelle plusieurs commentaires :

  • d’abord, pour l’euphonie, il aurait été préférable d’écrire « des espaces où l’on peut » ;
  • mais surtout la syntaxe (pour moi incorrecte) « vivre des nouvelles façons » est un magnifique exemple de l’ambigüité, voire du contresens, qu’induit l’emploi de « des » au lieu de « de ».

Telle qu’elle est écrite, la phrase laisse penser que l’auteur cité veut dire que l’on peut « vivre des nouvelles possibilités offertes par le capitalisme », comme l’on dirait qu’on peut « vivre de trois fois rien » ou de « son travail ». Mais, très probablement, ce n’est pas cela !

Il a voulu dire que le capitalisme permettait de nouvelles façons de vivre. Et alors il commet deux fautes : il aurait dû écrire « vivre de nouvelles façons d’organiser, etc. » et éviter d’employer le verbe « vivre » à la forme transitive, même si c’est maintenant une mode répandue. Le Larousse de 1923 mentionne « vivre avec », « vivre de », « vivre sous »… mais pas « vivre quelque chose ». « Il a mal vécu son divorce » est impropre en 1923 (car très rare) et autorisé par le Hachette de 1991 (et fréquent !).

Il y aurait un autre chapitre à ouvrir sur l’emploi erroné des prépositions : « J’arrive sur Paris » (comme si tout le monde utilisait les avions du GLAM…), etc. Sans se laisser entraîner toutefois à philosopher sur le passage en cours du « droit de l’enfant » au « droit à l’enfant ».

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