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17/08/2018

"L'encre dans le sang" (Michelle Maurois) : critique VI

Il n’y a pas, dans « L’encre dans le sang » et dans sa suite, que l’époque et la façon de vivre à la Belle époque qui nous touchent ; il y a les lieux. Nos personnages se rendent, au-delà de la Plaine Monceau, au Cœur volant (propriété de Mme Aubernon à Louveciennes) (page 120), à Marly, à Chatou ; ce sont des campagnes mais le premier chemin de fer, qui fera tant peur au public, a été inauguré entre Saint Lazare et Saint Germain en Laye dès 1837.

Revenons donc à la forme, pour commencer. Michelle Maurois a découpé son récit en une multitude de petits chapitres – parfois d’une seule page – aux titres tantôt étranges : « Anarchie et persil », « Les amours secondaires », « La chute des feuilles », tantôt banals : « La randonnée », « L’affaire », « La compétition ». La lecture en est facilitée mais au détriment de la continuité.

Le style est parfois obscur, voire bizarre, non seulement parce que Michèle Maurois cite des expressions du temps de Jeanne : « qui va au cours très copur-chic [1], selon d’expression de l’époque, de Mlle Pouzadoux » (page 32) ou du temps de Simone, mais aussi parce qu’elle a une façon d’écrire assez « relâchée », un peu journalistique. Cela est dû, en partie, à l’origine du récit : des journaux intimes et surtout des lettres. Ce qui fait que Michelle Maurois mélange les styles direct (elle cite des extraits de lettres) et indirect (« untel a dit ceci… »), et insère même, sans crier gare, des opinions ou des souvenirs personnels. À la longue, c’est assez lourd et parfois c’est abscons (qu’ont voulu dire les personnes concernées ? quel est le fin mot de l’histoire ? mystère…). On est loin – mais évidemment ce n’était pas le but de l’auteur – des analyses psychologiques à l’infini de Françoise Chandernagor, par exemple, dans « La première épouse ».

 

[1] Le TILF, qui l’écrit « copurchic » en un seul mot, dit ceci : d'une extrême élégance. « Ses pieds ont cinquante centimètres, une pointure copurchic » (LARCHEY Nouv. Suppl. 1889, p. 65). « Un jeune gandin (...) lui donnait des conseils copurchic sur la façon de porter le pet-en-l'air dans la haute » (QUENEAU, Exerc. style, 1947, p. 178). Le mot apparaît, semble-t-il, en 1886. Il n’a pas fait fortune…

 

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