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25/12/2017

Le blogue "Le bien écrire" est désormais fermé

Je n'ai pas eu le temps de parler de Lawrence Durrel, une de mes idoles littéraires.

Quand on parlait de Sommières, c'était pour déplorer des inondations catastrophiques car c'est un petit village du Gard les pieds dans l'eau.

Il n'aimait pas spécialement l'eau, Larry, mais il appréciait le vin de Provence, sans aucune modération. Est-ce pour cela et parce que Sommières peut évoquer "sommelier" qu'il avait choisi d'y finir sa vie, à côté du Pont du Gard et des vestiges romains ?

Je préfère penser que c'est plutôt la proximité avec "sommité" car il en était une !

Non, je n'aurai pas eu le temps de vous en parler...

Car je ferme aujourd'hui, jour de Noël 2017, ce blogue ouvert le 1er juillet 2014.

Trois ans et demis de lecture et d'écriture acharnées, près de 800 billets publiés (au début à un train d'enfer).

Est-ce par tarissement des sujets ? Oh que non...

Est-ce par fatigue ou lassitude ? Pas le moins du monde !

C'est tout simplement par manque de lecteurs...

En effet la fréquentation de ce blogue a périclité vers le 22 octobre 2017, pour une raison inconnue de moi, et ne s'est jamais relevée. Ces derniers jours, nous en étions à un, deux ou trois lecteurs uniques.

Tant pis pour ces fidèles d'entre les fidèles, ils paieront pour tous ceux qui ont lâché...

Je vais récupérer du temps pour lire et jouer de la musique, et je garderai mes commentaires pour moi.

Comme c'est triste, la fin des histoires d'amour...

Arbre de Noël.jpg

21/12/2017

"Souvenirs d'une ambassade à Berlin" (André François-Poncet) : critique VI

« Il ne doit plus y avoir, légalement, dans le IIIème Reich, qu’un seul parti, le parti national-socialiste, le Parti unique, le Parti omnipotent. Le nettoyage prévu ne s’est heurté à aucune difficulté sérieuse ; il a été exécuté en six mois » (page 118). 

André François-Poncet brosse alors quelques portraits des Nazis qui prennent les postes autour de Hitler (Goebbels, Goering et comparses), et qui sont loin d’être tous des brutes épaisses ; il y a parmi eux de vives intelligences et des compétences réelles mais, évidemment, mises au service d’un projet monstrueux. Cette galerie de portraits est traitée avec finesse, dans une langue et un style « classiques » où le talent de notre écrivain éclate. 

Et, page 156, André François-Poncet constate que la Blitzkrieg menée par Hitler (une sorte de « révolution par ordonnances » mais naturellement sans aucune base démocratique) a totalement réussi. Treize ans après, il en est encore éberlué : « Voilà, donc, Hitler parvenu à ses fins, sur le terrain de la politique extérieure comme sur tous les autres ! Il a opéré le redressement qu’il s’était proposé. Il s’est libéré de la Société des Nations et l’Allemagne n’en a subi aucun dommage apparent (NDLR : Germany first !). Son habileté, son audace ont porté leurs fruits.

Quand on considère, en cet automne de 1933, l’œuvre qu’il a accomplie depuis le 30 janvier, on est stupéfait. Il a jeté par terre la république de Weimar (NDLR : l’ancien monde…), édifié sur ses ruines sa dictature personnelle totale, et celle de son parti, balayé ses adversaires politiques et jugulé toutes les libertés, étouffé les États confédérés, brisé la tradition particulariste et centralisé le Reich, plus qu’il ne l’a jamais été, mis en place et en marche (NDLR : !), dans toutes ses institutions caractéristiques, un régime nouveau, bouleversé l’État, l’administration, la société, les familles, mes individus, secoué l’Europe, enfin, comme il a secoué son pays, et fait surgir, au milieu des conseils internationaux, l’image d’une Allemagne émancipée, réveillée et redoutable !

Dans les années qui suivront, il se bornera à développer son œuvre ; il n’y ajoutera rien d’essentiel. Dès la fin de 1933, l’Allemagne nationale-socialiste est sur pied, avec ses mœurs, ses procédures, son vocabulaire, ses manières de saluer, ses slogans, ses modes, son art, ses lois, ses fêtes. Rien n’y manque (…).

L’étonnant, dans cette révolution, c’est la vitesse avec laquelle elle a été exécutée ; c’est aussi la facilité avec laquelle elle s’est installée, le peu de résistance qu’elle a rencontré. Il y a d’ailleurs, dans cette rapidité même, quelque chose d’inhumain, de contre-nature ».

Le chapitre « Hitler au pouvoir » se conclut par la mention d’une opposition qui pour être larvée n’en existe pas moins : opposition des anciennes classes dirigeantes qui souhaitaient le retour de la monarchie et réprouvent la violence du nouveau régime et sa désinvolture dans le maniement des finances publiques ; opposition des ultras du Parti, chauffés à blanc et qui en veulent plus, qui veulent une seconde révolution !

18/12/2017

Retour à Mabanckou

Mon commentaire de l’article de MM. Mbembé et Sarr m’a donné l’occasion de revenir à Alain Mabanckou, qui s’est exprimé souvent sur cette question des relations entre l’Afrique et le monde occidental, et aussi sur la place de la littérature africaine francophone, qu’il fait connaître inlassablement, lui qui, né au Congo-Brazzaville, a étudié en France et a obtenu un poste de professeur en Californie, à Los Angeles. 

Je dispose pour cela de deux articles parus dans Marianne les 7 octobre 2016 et 3 mars 2017, et tous les deux signés de Frédérique Briard.

Le premier commente son livre « Le monde est mon langage » (Grasset, 2016), nouvel essai – dans lequel il excelle – après la parution en 2015 de son onzième roman « Petit piment ».

Cet essai est un hymne à la langue française et à son rayonnement dans le monde. Alain Mabanckou y parle de ces rencontres avec dix-neuf écrivains qu’il apprécie, dans dix-neuf villes autour de la planète : Dany Laferrière, Sony Labou Tansi, JMG Le Clézio, Aminata Sow Fall et bien d’autres.

Le second est carrément un éloge dithyrambique du professeur au Collège de France qui a donné des conférences au premier semestre de 2016 dans l’amphithéâtre Marguerite de Navarre plein comme un œuf (j’y étais et j’en ai parlé dans ce blogue), ainsi qu’un colloque « Penser et écrire l’Afrique aujourd’hui » le 2 mai 2016, qui a rassemblé dix-neuf écrivains, historiens, philosophes, afin de réhabiliter les études littéraires africaines (décidément, dix-neuf serait-il un nombre magique ?) et de ne plus cantonner les productions africaines « dans un département exotique de la littérature française ». Il paraît que c’est ce que savent faire les Américains, en particulier en nommant dans d’illustres facultés des écrivains-professeurs comme Maryse Condé, Édouard Glissant, Emmanuel Dongala et donc Alain Mabanckou.

Et c’est qu’au détour d’un paragraphe on retrouve Achille Mbembé, philosophe qui réclame pour l’Afrique « un nouvel âge de dispersion et de circulation » ! 

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Alain Mabanckou n’est pas un pleurnichard ni un revanchard ; il avance et il veut que l’Afrique fasse de même.