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02/10/2017

"L'enfant noir" (Camara Laye) : critique I

Cet été 2017, j’ai lu six ou sept livres, très variés. Parmi eux, « L’enfant noir » (Plon, 1953) de l’écrivain guinéen Camara Laye. Cette autobiographie était citée plusieurs fois dans le panorama de la littérature africaine brossé par Alain Mabanckou dans son cours au Collège de France. Il signale que ce livre, description d’un pays idyllique et tourné sur ses traditions, a été critiqué au motif qu’il fallait, à la fin de la période coloniale, critiquer l’Homme blanc et se concentrer sur le général et non sur l’histoire individuelle. Il le prend comme exemple par ailleurs à propos de la photo de couverture : un enfant ougandais sur une route (plus vendeur) pour la réédition préfacée par A. Mabanckou lui-même, alors que sur l’édition originelle, le titre était en blanc sur un fond noir – chez Pocket, c’est ni l’un ni l’autre : un jeune Noir photographié de près, avec sa veste ocre. 

Autant le titre me semble mal choisi (aujourd’hui on aurait sans doute dit : « Une enfance noire »…), autant le propos est poétique, émouvant, chaleureux (et même plein de bons sentiments et d’amitié). Ce petit livre (180 pages chez Pocket) commence par les jeux d’un enfant près de la case de sa mère et s’arrête au moment où Camara prend l’avion pour la France. Sa petite amie, Marie, pleurait… 

Cet épilogue fait dire à A. Mabanckou que « L’enfant noir », comme 99 % de la littérature africaine, écrits à l’extérieur du continent, est un roman de mobilité (vers l’Europe en l’occurrence). 

Voici donc quelques extraits de ce livre. Et d’abord une curieuse expression : « Après quoi on le laissa aller avec sa courte honte et son derrière en feu » (page 78). D’où vient donc cette expression « avec sa courte honte » que je n’avais rencontrée qu’une seule fois auparavant, dans l’avant-propos d’une thèse d’État en traitement du signal ? Voici ce qu’en dit le Dictionnaire Littré sur internet :

Courte honte : refus, affront, insuccès. Il en a eu la courte honte.

« Qu'il serait pris ainsi qu'au trébuchet Et s'enfuirait avec sa courte honte » [La FontaineConfid.]. L'explication de cette locution paraît être : une honte avec laquelle on demeure court, on est arrêté court.

Et le Wiktionnaire écrit : Insuccès

  • « Pour laisser le marquis avec sa courte honte »

 (Hauteroche, Bourg. de qual., III, 1)

  • « Tu me vois avec ma courte honte »

(Thomas Corneille, D. Bertr. de Cigarral, IV, 2)

  • « Le chat court, mais trop tard, et bien loin de son compte,
    N’eut ni lard ni souris, n’eut que sa courte honte »

(La Motte, Fabl., IV, 8)

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