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07/05/2017

"Bienvenue dans le pire des mondes ; le triomphe du soft totalitarisme" (Natacha Polony) : critique IV

Natacha Polony voit les célébrations de 1989 – et le fameux défilé du publicitaire Jean-Paul Goude – comme « une trahison complète de la Révolution qui avait justement tout fait pour limiter le pouvoir des communautés ». « La France est une nation multiethnique mais en aucun cas multiculturelle » (page 170). Ou en tous cas ne devrait pas l’être. Elle explique que, lors du tournant de la rigueur en 1983, « (François Mitterrand) a besoin d’une idéologie et d’un électorat de substitution pour faciliter cette conversion au néolibéralisme. Ce sera l’Europe et surtout l’antiracisme (…) » (page 171).

« Désormais, c’est la société française qui doit se transformer pour accommoder la diversité, perçue systématiquement comme un enrichissement » (page 173).

« La tyrannie des minorités imposée par l’utopie diversitaire des années 80 s’est accompagnée d’une tyrannie de la repentance. Tandis que la culture ou la religion des minorités étaient portées au pinacle, l’histoire et la culture française étaient diabolisées » (page 177).

« (…) Immigrer, ce n’est pas seulement changer de géographie mais aussi d’histoire. Cette idée, finalement assez banale, suivant laquelle immigrer, c’est faire, du moins dans l’espace public, le deuil de sa culture d’origine pour embrasser celle des indigènes, est contestée au nom du multiculturalisme » (page 179). 

Je voudrais revenir un instant aux objectifs fondateurs de ce blogue, à savoir traquer les incorrections de la langue orale et écrite et promouvoir le « bon français ». Le livre de Natacha Polony, pourtant bien écrit, n’est pas exempt de critiques à ce propos. Ainsi écrit-elle page 156 : « Cette approche clientéliste favorisant les minorités est pleinement justifiée par un souci d’efficacité en application de recettes du marketing recommandant de segmenter le marché pour mieux l’adresser ». C’est du franglais pur jus ! Elle aurait dû écrire « pour mieux s’adresser à lui » ou bien « pour mieux lui parler ». On peut penser que, quand la France sera devenue le « parc d’attraction de la planète » que l’on nous promet, tous les verbes français seront devenus transitifs. Pas grave parce que le français sera devenu un dialecte…

Elle avait mis « l’adresser » entre guillemets. Page 157, elle écrit « Nous ne croyons plus ni à la nécessité ni même à la possibilité d’une décence commune » et là, plus de guillemets. Pourtant on croit reconnaître l’expression anglaise « common decency », non ?

Page 159, elle explique comment et pourquoi le communautarisme s’est développé « naturellement » aux États-Unis : « Le sentiment d’appartenir à une minorité élue et à un peuple qui croit en sa destinée manifeste ne sont pas incompatibles ». Or comme il n’y a qu’un sujet dans la phrase, le verbe devrait être au singulier. 

Dans sa conclusion Natacha Polony évoque les projets de traités de libre-échange (CETA et TAFTA) et leurs promoteurs enthousiastes. « Leur première arme, ce sont les mots. Des mots vidés de leur sens, amputés de toute complexité, des mots réduisant la réalité au choix du Bien contre le Mal » (page 196). Avec une référence explicite à George Orwell, évidemment.

« Ce sont les responsables d’une croissance anémique, d’un chômage endémique, d’un endettement exponentiel, d’une épargne spoliée, d’un creusement des inégalités sans égal depuis un siècle, de la paupérisation des classes moyennes occidentales, qui voudraient nous faire croire qu’ils sont un modèle de vertu » (page 196).

Les derniers mots de l’introduction étaient : « Parce que la France ne peut se permettre de jouer une élection pour rien. Parce qu’elle est au bord de l’implosion, prise en tenailles entre le totalitarisme islamiste et ce soft totalitarisme dont la première caractéristique est qu’il ne se soucie nullement de cette barbarie qui n’entrave en rien sa progression » et aussi « Aucune reconquête du politique ne se fera sans une remise en cause du système qui a tué toute possibilité d’action politique »… Et les derniers mots du livre sont « Le choix nous appartient »…

Mais ils ont été écrits à l’automne 2016…

La France a peut-être laissé passer son tour.

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