04/11/2015
"Passage des émigrants" de Jacques Chauviré : critique (IV)
Ce récit, qui avance inexorablement vers sa fin prévisible, est mené de main de maître, avec humanité, et avec empathie pour ces pauvres hères auxquels nous ressemblerons un jour ou l’autre.
Parallèlement aux destins individuels, il y a l’avancée de la station balnéaire qui, peu à peu, entoure la maison de retraite et dans laquelle se perpétuent tous les excès et les activités superficielles de la société moderne : supermarchés, circulation incessante, agitation vaine, vacances oisives au bord de la mer, etc. Le contraste est saisissant, on le perçoit dès le milieu du livre. Étonnamment, Jacques Chauviré a éprouvé le besoin de le faire expliciter par l’un de ses personnages : « Une idée lui traversa l’esprit : n’existait-il pas un parallélisme symbolique entre l’invasion symbolique de la ville et l’évolution vers le grand âge ? La ville n’était-elle pas, malgré les apparences, l’image de la décomposition prochaine ? » (page 267).
Autre "personnage" important, non humain : l'océan, qui représente tout ce que Joseph Montagard déteste.
Bien sûr, on ne lâche pas ce livre avant la dernière page. On songe, quant à l’émotion qu’il dégage, à « Si c’est un homme » de Primo Lévi, au « Pavillon des cancéreux » d’Alexandre Soljenitsyne, à d’autres encore. Ici, ce n’est pas un système qui broie un homme mais la vie elle-même. Tout comme dans "La montagne magique" de Thomas Mann, roman-fleuve lancinant au pays de Davos.
Bien sûr, je le recommande, sauf aux plus jeunes néanmoins car ils ne se sentiront pas concernés.
Et, bien sûr, je vais le garder en bonne place dans ma bibliothèque, pour le relire, si possible, un jour.
17:19 Publié dans Chauviré Jacques, Écrivains, Littérature, Livre, Roman | Lien permanent | Commentaires (0)
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