27/05/2015
Cécile, ma sœur (VI)
"Il n'y a peut-être pas de jours de notre enfance que nous ayons si pleinement vécus que ceux que nous avons cru laisser sans les vivre, ceux que nous avons passés avec un livre préféré…".
En citant Proust ("Journées de lecture", 1905, in Pastiches et Mélanges), Cécile Ladjali commence un des passages les plus émouvants de son livre ("Mauvaise langue"), celui où elle décrit l'importance de la bibliothèque de son lycée, et donc l'importance de la lecture, pour ceux de ses élèves qui chez eux n'ont aucun livre ni aucun coin pour lire. Cela vous a un petit côté Dickens, Alain-Fournier, Pagnol, voire Comtesse de Ségur, qui personnellement m'a ravi.
Juge-z-en, public.
"Et il est des moments de grâce, lorsque le lycée se vide après les cours, souvent en fin d'année, quand il commence à faire trop chaud, mais que la fraîcheur du soir retombe sur les fronts. Alors le visage du monde change. L'univers, dans la conscience de beaucoup d'enfants, tient entre la salle de classe, la bibliothèque et la cour où, en juin, les grands arbres font chuchoter les feuilles à nouveau. Dans ces instants, le temps semble suspendu, le silence s'impose, on marche plus lentement et on chuchote.
On passe une dernière fois à la bibliothèque, parce que la femme de ménage a oublié d'en fermer la porte. Et là, on choisit un livre… On a le temps… Il n'y a personne… On va s'asseoir près des grandes vitres. On regarde les arbres. On lit...
Mais on ne lit ni pour l'examen ni pour une note ni pour faire plaisir à son professeur. On lit pour soi. On est dans son lycée. Dans le silence abandonné de son école, à la fin du jour, à la fin d'une année, au début d'une vie".
07:30 Publié dans Actualité et langue française, Littérature | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.