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04/05/2015

La littérature plus forte que la dictature

"Comme tous les totalitarismes, gourmands de salmigondis idéologique, celui-ci (le régime du Colonel Kadhafi) avait altéré non seulement le langage, en le farcissant de termes qui accompagnaient son emprise sur les esprits (et en interdisant les langues étrangères, vecteurs de liberté, au prétexte d'anti-impérialisme et de nationalisme arabe exacerbé), mais également en bouleversant le calendrier. Le comput kadhafiste commençait à la date du décès de Mahomet, en 632 (et non avec l'hégire du prophète de la Mecque à Médine, dix ans plus tôt) et il comportait des années solaires, alors que les mois hégiriens sont lunaires".

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"Il en va de même de la langue arabe : par-delà la dictature grammaticale du "Guide", son pourchas délirant des idiomes étrangers, de l'amazigh ou des dialectes, la civilisation arabe, dans l'épaisseur historique de sa littérature, a servi de refuge face aux slogans superficiels destinés à mobiliser les masses abêties. Dans ce pays où le système éducatif a été ravagé, des gens modestes s'expriment avec élégance, citent la poésie classique et témoignent d'une connaissance du patrimoine littéraire à faire pâlir les ressortissants d'autres États arabes bien mieux dotés en institutions culturelles".

(Extrait de "Passion arabe" de Gilles Kepel, Gallimard, 2013, chapitre Libye).

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