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25/03/2015

Des ZAD pour les GPII

J'ai déjà signalé mon étonnement (et mon ravissement) à la découverte que certains sigles (des acronymes en l'occurrence) sont inventés directement en français, alors que je croyais que le modernisme consistait à attendre, le nez dans le sable, que les Américains nous en proposent un (ce qui n'est d'ailleurs jamais le cas car lesdits Américains sont en avance sur nous dans pratiquement tous les domaines).

Mais pas dans la contestation apparemment, c'est déjà ça...

J'ai recueilli des éléments plus précis là-dessus (sur la contestation, et non sur les sigles ni sur le français !) en lisant un petit livre militant mais factuel et sobre : "Le petit livre noir des grands projets inutiles" (auteur : Camille - c'est un collectif -, éditeur : le passager clandestin, 2013).

Nous y voilà. Les GPII, ce sont les grands projets inutiles imposés. Et les ZAD, les zones à défendre. Les auteurs remarquent que c'est "un nom en forme de pied de nez, ZAD signifiant, en langage administratif : zone d'aménagement différé. Ce dispositif juridique permet aux collectivités de disposer d'un droit de préemption pour réaliser des opérations d'aménagement, à l'image du projet d'aéroport de Notre Dame des Landes". [qui, comme son nom ne l'indique pas, se trouve à côté de Nantes - NDLR].

Dans les GPII, on trouve essentiellement des tronçons d'autoroute, des aéroports, des lignes de train à grande vitesse, des tunnels et ponts (poétiquement appelé "ouvrages d'art"). Ils sont la coqueluche de nos élus, bien secondés par les bétonneurs en tout genre.

La France n'a pas le monopole de ces scandales de BTP à grand renfort d'argent public ; on a vu récemment à la télévision un aéroport espagnol qui n'a jamais servi et se visite comme une curiosité touristique. Il y a aussi, en Italie, une gare toute neuve, censée servir pour un événement sportif mondial, mais qui attend toujours ses voyageurs.

Ce n'est pas le lieu ici de développer l'analyse de Camille, accablante, sur cette fièvre bâtisseuse.

Mais je ne résiste pas au plaisir de citer quelques définitions qui figurent à la fin de l'opuscule.

Inaugurite : maladie généralement contractée à l'occasion du troisième mandat d'un député-maire-président de communauté de communes. Elle s'attrape par simple contact , proximité ou échange avec un représentant de la Direction des routes du Ministère des Transports... Les premiers symptômes apparaissent en même temps qu'une certaine forme de surdité démocratique et presbytie populaire... À ce jour, le seul antidote connu est la mobilisation citoyenne et l'éducation populaire.

Conservateur : ... personne censée être idéologiquement rétive au changement politique, optant pour une vision passéiste et un ordre patriarcal dépassé.

Étonnamment, le conservateur ne souhaite appliquer son conservatisme qu'à un système politique bouleversant les fondements mêmes de la vie sur terre.

Le conservatisme aurait pu être l'attitude d'une personne préconisant non pas un statu quo, mais la conservation de ce qui peut encore l'être, notamment du point de vue écologique.

Bien vu, non ?

 

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