20/01/2015
Dis pas ci, dis pas ça (XV)
Revenons au français recommandé par les Immortels.
À la lettre M, après le fameux « magistère » dont j’ai parlé dans un billet précédent, encore un truc bizarre : un article consacré au verbe « maturer » mais rien sur l’adjectif « mature ». Le livre de l’Académie prétend que « maturer » s’emploie, sous l’influence de l'anglais to mature, pour dire « mûrir », « croître », « se développer ». Ah bon ? moi, je ne l’ai jamais entendu. D’ailleurs, mon traitement de texte me le souligne en rouge… Peut-être que les Académiciens ont simplement répondu à une question posée sur le site internet… Et de rappeler que « maturer » ne doit s’employer que pour le tabac dans ses manufactures.
En revanche, j’entends souvent « ce sujet est maintenant mature », au lieu de, tout bêtement, « ce sujet est mûr ». Mais l’Académie n’en dit mot.
Addendum du 27 janvier 2015 : "mature" figure bien, dans le sens de "mûr", dans mon dictionnaire Hachette 1991 et dans mon Larousse de 1989, mais pas dans le Grand Larousse en deux volumes de 1921… C'est donc bien ce que me suggérait mon intuition : c'est un emprunt récent à l'anglais, inutile. Sans doute nos contemporains français, qui aimeraient qu'il y ait qu'un mot différent pour chaque chose et chaque concept, renâclent-ils à qualifier une personne de la même façon qu'une poire. D'autant, que pour les poires, la différence entre "mûr" et "blet" est ténue !
Attention à « météo » qui est employé de plus en plus à la place de « le temps qu’il fait ». En fait, de plus en plus de personnes, quand elles disent « regarde donc la météo » ne veulent pas qu’on regarde par la fenêtre le temps qu’il fait mais qu’on regarde un bulletin météorologique sur internet ! La confusion n’est donc peut-être pas là où l’on croit. Et « météo » remplace neuf fois sur dix « météorologique » parce que ce dernier est long, multisyllabique et surtout comporte plusieurs « o » à la suite, ce que G. Grente proscrit (cf. mon billet du 7 janvier 2015 sur l’harmonie du style). Dans le cas d’espèce, on n’y peut rien.
Et puis la météo, c'est tellement agréable à regarder...
Nous l’avons déjà dit : la négation est marquée par « ne » et non pas par les « pas », « guère », « point », « mie », « goutte », qui l’accompagnent. Il faut donc éviter absolument des phrases comme « J’y vais pas » ou « Je sais pas ». Mais n’est-il pas déjà trop tard, ne serait-ce qu’à cause des textos qui incitent à aller vite ? Les Espagnols, eux, ont no se.
Lié à cela, il y a l’expression incorrecte « S’est-il décidé ou pas ? ». Il faut dire « S’est-il décidé ou non ? ». Et j’ajouterai ceci, plus ou moins issu de la logique mathématique : « ne » et « ou » font « ni » (négation d’une conjonction).
Est-il utile de rappeler qu’utiliser news (« t’as des news ? ») n’a aucun intérêt car nous avons « des informations » ou « de l’info » ? En revanche, il n’est peut-être pas inutile de rappeler que news est du singulier en anglais…
Mais, au fait, j’ai déjà rendu compte de la lettre N le 25 décembre 2014, comme il se doit, le jour de Noël ; et vous ne me disiez rien !
C’est à croire que personne ne suit…
En tous cas, suiveurs ou pas, vous avez été 104 hier à visiter le blogue.
Merci à tous.
15:23 Publié dans Franglais et incorrections diverses | Lien permanent | Commentaires (0)
Les commentaires sont fermés.