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27/10/2014

Écrivains contemporains et langue française (III)

Robert Sabatier, né le 17 août 1923 à Paris et mort le 28 juin 2012 à Boulogne-Billancourt est un écrivain de parents auvergnats mais élevé à Paris. C’est ce qui explique que sa saga d’Olivier, en huit volumes, raconte l’histoire – autobiographique – d’un petit parisien de Montmartre qui passe ses vacances à Sorgues et à Saint-Chély d’Apcher : Les Allumettes suédoises (1969), Trois sucettes à la menthe (1972), Les Noisettes sauvages (1974), Les Fillettes chantantes (1980), David et Olivier (1986), Olivier et ses amis (1993), Olivier 1940 (2003), Les Trompettes guerrières (2007).

Il a aussi écrit une Histoire de la poésie française en neuf volumes ;

Robert Sabatier fait partie de L'Auvergne des douze dénombrés par Jean-Pierre Leclerc, en compagnie de Blaise Pascal, Chamfort, Jules Vallès, Pierre Teilhard de Chardin, Valéry Larbaud, Jules Romains, Henri Pourrat, Georges Bataille, Alexandre Vialatte, Jean Anglade et Georges Conchon (éditions  Trois Arches, Chatou, 1993).

 

Voici ce que disait de Robert Sabatier l’hebdomadaire Valeurs actuelles le 11 mai 2007 : « Son écriture, dépouillée à l’extrême, son style, percutant à force de simplicité, tiennent lieu de modèle en ces temps de verbiage intempestif ».

Un avis personnel ? Dans les « Allumettes suédoises », Robert Sabatier dresse un catalogue de tous les objets et lieux de son enfance. C’est un témoignage intéressant sur l’ancien temps, c’est documentaire mais interminable… Dans le même esprit, j’avais préféré les mémoires de Louis Bled.

« Les Noisettes sauvages » se passe en Haute-Loire, lors de ses séjours chez ses grands-parents. J’ai préféré. Ensuite je me suis lassé…

 

Un exemple de son style ? Voici un extrait de « Dessin sur un trottoir » (1964) :

« J'imagine que ma grand-mère vit encore. Je prends le train pour Langeac, puis l'autocar cahotant qui me conduit à Saugues. Les pins, les genêts, les sorbiers, les fougères, l'odeur des étables, la charrette de foin qui bouche la route, la puissance des vaches attelées, la manière qu'a le paysan de tenir l'aiguillon qui les guide, entre trois doigts, comme un porte-plume...

Je la rejoins près de la fontaine. Visage de cuir sombre qu'éclairent des yeux bleus. Coiffe simple : tout juste un bonnet serré par un ruban noir qu'une épingle à tête verte a fixé dans les cheveux blancs, aux anses tressées au-dessus des oreilles.

Elle attend son tour pour poser son bidon sur la double barre de fer en regardant les bœufs qui s'abreuvent dans le bassin. Elle prend la température de la journée ».

Ajout du 3 novembre 2014

Dans Marianne du 7 juillet 2012, Guy Konopnicki s’interroge sur l’examen de français du Brevet des collèges ; allant plus loin que le collectif « Sauver les lettres », qui considère qu’il est seulement à peine du niveau de la sixième, il le place au niveau de l’ancien certificat d’études primaires. Il en veut pour preuve les lettres de Poilus de la Grande Guerre qu’il a eu à relire ; « ces ouvriers et paysans, qui avaient quitté l’école à 12 ans, écrivaient un français simple et clair, avec fort peu de fautes de grammaire et d’orthographe. Or nous lisons aujourd’hui, sous la plume de diplômés de l’enseignement supérieur, une effroyable mélasse de vulgarité, d’anglicismes et de locutions préfabriquées ».

Et de saisir l’occasion de louer le français de Robert Sabatier, qui venait de disparaître (Robert, pas son français), lui qui n’avait même pas pu fréquenter le collège, ce qui l’a mené à l’Académie… et qui écrivait « une langue populaire et raffinée, totalement dépourvue de cette vulgarité dont usent les cuistres quand ils prétendent faire parler les gens du peuple ».

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