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23/01/2020

Curiosités linguistiques : "grand-rue"

Les plaques de rue sont parfois changées, pour faire disparaître un nom de baptême qui n’évoque plus rien ou pour faire de la place à un contemporain récemment disparu que l’on veut honorer. D’autres fois, c’est simplement parce qu’elles sont abîmées et on les refait « à l’identique ».  Dans de nombreux villages et villes de France, il y a une rue principale, souvent appelée sobrement la « Grand’rue ». J’en connais très bien deux exemples, l’un en Île de France, l’autre en Auvergne. Alors là, vous pouvez être sûr que la nouvelle plaque mentionnera « Grande rue » ; or cette rue, souvent, n’a rien de grand, c’est parfois même une ruelle !

On parle bien de la grand-croix de la Légion d’honneur, qui n’est pas spécialement grande, elle non plus, sauf le prestige qu’elle confère et son rang dans les grades de la Légion d’honneur, le premier.

Il y a donc deux points à établir : le « e » final n’a pas lieu d’être (ce n’est pas une question d’euphonie mais sans doute de nature ou de genre du mot grand) et par ailleurs l’orthographe : apostrophe ou tiret ?

Il me semble que c’est l’une des rares modifications proposées par la réforme de 1991 qui ait été adoptée : l’apostrophe disparaît et doit être remplacé par le tiret. Donc « grand-croix » et « grand-rue » !

J’ai eu la curiosité de regarder mon Larousse de 1922 à ce sujet. On y trouve en effet la « grand’croix » (principal grade dans les ordres de chevalerie), « grand’chose » (cf. le rien et le moins que rien de Raymond Devos), la « grand’voile », la « grand’messe » (messe chantée) et la « grand’chambre » (principale chambre d’un parlement).

Mais, comme souvent en français, pour d’obscures raisons, on trouve aussi « grand-chambrier » (membre d’une grand’chambre), « grand-croix » (dignitaire qui en est décoré), grand-duc et grand-duché, etc.

Le Larousse nous explique que « grand » était à l’origine des deux genres (NDLR : donc en avance sur son temps !), cette forme s’étant conservée dans « mère grand », « à grand’peine », « grand’merci », « grand’mère » et « grand’rue », expressions dans lesquelles « L’Académie a jusqu’ici conservé l’apostrophe » (apostrophe qui signale l’absence du « e » du féminin).

Tout s’explique.

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