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03/03/2016

Vive la République, vive les Lettres (II)

Le livre de Marc Fumaroli, en plus d’être remarquablement bien écrit, est, bien sûr, une synthèse sur l’histoire littéraire du Moyen-Âge à l’époque classique, dans laquelle on sent sa sympathie pour ces esprits savants, passionnés et solidaires. Il ne le dit pas mais leur réseau d’hommes cultivés est, dans sa pratique, aux antipodes de la mondialisation sans foi ni loi, de la concurrence exacerbée et des divertissements faciles.

République des Lettres (2).jpgIl y a de l’élitisme, sans doute, chez Marc Fumaroli et chez ceux qu’il admire : les Pétrarque, Erasme, Nicolas de Peiresc, Bembo, Budé, Lipse, Gassendi… mais aussi de la solidarité, un goût pour la recherche et pour la « conversation » en marge de ce qui se fait à l’Université de l’époque… Ils vont utiliser l’imprimerie, la correspondance, les voyages, et constituer des bibliothèques privées. Leur langue va rester longtemps le latin. La « conversation » entre lettrés est à ce point un mode prioritaire d’échange et d’entretien de l’amitié que M. Fumaroli lui consacre un chapitre entier. 

À l’origine, il y a le souhait de retrouver les textes des auteurs antiques, qui ont été protégés dans les monastères mais à l’occasion déformés et interprétés. Cet effort se fait dans le cadre de l’Europe chrétienne, sans opposition avec l’Église. 

« L’alliance entre RESPUBLICA LITTERARIA et Respublica christiana fut dès les origines étroite. Pétrarque et ses héritiers n’ont opposé leurs studia humanitatis à la science scolastique des universités du nord de l’Europe que pour réformer et revivifier l’Église par l’étude savante des Pères des premiers siècles , et par une véritable résurrection érudite de l’Antiquité chrétienne, inséparable de la civilisation gréco-latine de l’Empire romain ». 

Cependant…

« Cette grande aspiration des humanistes italiens à renouer avec le génie et la foi antiques, une fois transplantée dans le nord gothique et scolastique de l’Europe, a pris un tour infiniment plus dangereux pour l’unité de la Respublica christiana et pour l’orthodoxie romaine. Beaucoup moins tenu par la tradition italique, l’humanisme du Nord a penché très tôt vers le libre examen et une « modernité » théologique littéraire et scientifique difficile à admettre par l’Église romaine » (page 70).

 

(À suivre)

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