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11/11/2015

O comme Pivot, comme "mots", comme orthographe

Voici ce qu'écrit Bernard Pivot dans "Les mots de ma vie" (Albin Michel - Plon, 2011) à l'entrée "Orthographe" :

"… je suis ce ramoneur qui s'étonne que leurs rédacteurs fassent des fautes d'orthographe sur des enseignes, dans des publicités, sur la page d'accueil des sites internet, sur des cartes de restaurant, etc. Je m'indigne qu'elles y restent, soit parce que personne ne les a remarquées, soit parce qu'on n'a pas voulu rectifier, cela ayant été jugé sans importance".

Je pense à la jolie Loréna, qui disait "Il y a quand même des choses plus graves", à propos, non pas de l'orthographe, mais du franglais. Il y a toujours "plus grave" quand on ne s'intéresse pas à un sujet ou quand il ne nous touche pas.

Quand il étudiait au Centre de formation des journalistes, il y avait des exercices de détection et de correction de coquilles : "Un professeur distribuait à chaque élève la même page d'un journal. Le jeu consistant à déceler le plus vite possible la coquille, la faute d'orthographe ou de français contenue dans les surtitres, les titres, les sous-titres ou les intertitres". Je ne sais pas si cet exercice a perduré. Mais le fait qu'il ait existé prouve qu'à cette époque, il y avait déjà des coquilles dans les journaux, puisque les élèves en cherchaient et en trouvaient !

Pivot dit ensuite : "(La célèbre dictée) m'a valu la reconnaissance et même l'affection de beaucoup de professeurs de français des écoles et des collèges, et l'inimitié de certains pontes de l'Éducation nationale qui étaient hostiles à cet exercice jugé vieillot, incompatible avec un enseignement moderne dont ils s'efforçaient de l'expulser".

"Mais l'on est bien obligé de constater qu'elle (l'orthographe) ne jouit plus du prestige qui était le sien et qu'elle est tenue aujourd'hui par beaucoup de gens, surtout les jeunes, pour qualité négligeable, superflue. Autrefois, cinq fautes à la dictée vous privaient du certificat d'études, même si votre devoir de maths était parfait".

"Le malheur veut que, de l'orthographe valeur quasi sacrée, nous soyons passés en quelques décennies à l'orthographe considérée comme valeur facultative et ornementale. Nous avons versé d'un excès dans un autre".

Orthographe.jpg

C'est aussi mon avis. Les personnes auxquelles nous faisons remarquer une entorse à l'orthographe, si elles n'en conçoivent pas de la honte et de la rancune, nous reprochent de considérer comme primordiaux des détails sans importance. Elles se trompent car nous ne nous trompons pas dans la hiérarchie des valeurs : le fond est bien le plus important… mais la forme doit d'abord être correcte afin qu'on l'apprécie à sa juste valeur.

 

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