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27/06/2015

Patagonie, mon amour

Jean Raspail s'était fait connaître, dans les années 70, par un roman, "Le camp des Saints", au thème complètement stupide et irréaliste : des émigrants débarquaient en nombre sur la Côte d'Azur et envahissaient la France...

À l'époque, j'étais plutôt "Pouvoir des fleurs" au sens de "Jeunes filles en fleur", j'écoutais mes premiers 33 tours (Chicago, Pink Floyd et José Féliciano) et je découvrais l'École des Nobel… autant dire que les intuitions d'un écrivain classé franchement à droite me passaient largement au-dessus de la tête.

Beaucoup plus tard, j'ai découvert son roman "Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie" (1981), Grand Prix du roman de l'Académie française, dans lequel il raconte la vie, réelle, d'un avoué de Périgueux qui s'était proclamé "roi de Patagonie et d'Araucanie" en 1860.

Déjà, en 1976, dans "Le jeu du roi", l'écrivain avait imaginé qu'un prétendu descendant du roi de Patagonie reconstituait un royaume dans un fort de la côte normande… C'est dire que cette histoire lui tenait à cœur.

Bien avant, donc, qu'un chanteur populaire qui se prend pour un chanteur lyrique, ne s'y réfugie pour échapper au fisc français...

Patagonie.jpgCe roman est merveilleux mais ce qui l'est bien plus encore, c'est que Jean Raspail a créé dans sa maison de Provence, le Consulat général de Patagonie, et que des lettres y affluèrent, demandant la nationalité patagonne ! La réalité avait rattrapé la fiction, qui elle-même paraphrasait la réalité.

Il paraît qu'aujourd'hui 5000 Français revendiquent cette nationalité, à la suite de Verlaine, Charles Cros,  Camille Flammarion et Zola ! Notre connaissance, Dominique Bona, est sur la liste, de même que Michel Déon.

Les impétrants se reconnaissent dans les quatre mots suivants : tendresse, ironie, fierté et mélancolie, et dans le drapeau bleu, blanc, vert.

La farce sympathique, burlesque et épique continue : en 1998, un commando s'est emparé d'un rocher anglais du type Malouines et en 2012 un hangar à dirigeables a été assailli par la SPASM (Société patagonne d'assistance et de sauvetage en mer).

Tout cela est raconté par un article d'Éric de Montety dans le Figaro du 10 avril 2015.

Quant à Jean Raspail, disparu récemment, il a écrit d'autres romans de la même veine, consacrés à d'improbables dynasties teutonnes, à mi-chemin entre le Maurice Leblanc de 813 et la grande histoire.

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